Israël-Palestine
Changer pour s’ouvrir à l’autre

Publié le 17.06.2006| Mis à jour le 08.12.2021

Une tragédie sans fin, c’est ainsi que nous apparaît le conflit israélo-palestinien. Depuis un siècle, le projet d’un État pour les Juifs sur la terre de la Bible se heurte à l’incontournable réalité d’une autre présence, celle des Arabes palestiniens, dont l’aspiration à demeurer libres sur leur terre est aussi légitime que celle des Juifs à trouver une patrie refuge en un lieu chargé de sens à leurs yeux.

Depuis la création de l’État d’Israël, en 1948, plusieurs confrontations violentes se sont produites. En dépit des prophéties erronées sur un prétendu choc des civilisations, nous persistons à y voir le résultat d’une situation injuste. L’aspiration des Palestiniens à l’égalité, au droit comme tout peuple, à disposer de lui-même a été sacrifiée. Si la création d’Israël a permis aux Juifs persécutés de dépasser leur condition de parias, elle a été synonyme d’une violence terrible pour les Palestiniens, celle d’une dépossession.

Le principe de deux États apparaît pour l’instant comme le moyen le plus satisfaisant pour dépasser cette dimension tragique de l’Histoire. Alors qu’on connaît depuis longtemps les modalités du partage, il tarde à se concrétiser parce que l’inégalité du rapport de force permet au plus fort de persister dans le déni de l’Autre. Nourrissant en retour la tentation d’un rejet tout aussi radical.

Aucune situation injuste ne peut durer éternellement, parce que aucun homme ne peut s’y résigner éternellement. Mais, avant que la justice ne trouve son chemin dans le dédale des passions et des souffrances, des calculs à courte vue et des idéologies mortifères, les termes du conflit peuvent se dégrader au point de détruire irrémédiablement des chances de paix, des trésors d’humanité et bien trop de vies humaines. Il y a urgence à régler le problème, avant que la confrontation ne se réduise à un combat à mort, nourri d’absolu religieux et de racisme brut, avec des résonances terribles dans toute la région. Le Quartette (Nations unies, États-Unis, Russie, Union européenne) doit tout faire pour que les négociations reprennent sur une base juste.

Des dizaines d’associations israéliennes et palestiniennes œuvrent pour que chaque société s’ouvre à l’Autre dans une reconnaissance authentique, et qu’ainsi un autre avenir reste possible. Leur courage force l’admiration. Notre devoir est de nous tenir à leurs côtés.

Sur cette même terre un Homme a proclamé un jour dans la montagne :
« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, ils seront rassasiés.
Heureux ceux qui font œuvre de paix, ils seront appelés fils de Dieu ».

À sa suite, nous croyons que le cœur et la raison l’emporteront. Le plus vite sera le mieux.

Jean-Marie Fardeau

Secrétaire général du CCFD

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