La diversité naturelle, garantie d’un rendement élevé

Publié le 13.08.2013

L’agronome Jean-Marc von der Weid dirige l’AS-PTA, une ONG brésilienne centrée sur la promotion de pratiques agroécologiques et intervenant dans plusieurs régions du pays. Elle fait de l’expérimentation participative le cœur de sa méthodologie.


Comment l’AS-PTA en est-elle venue à s’intéresser à l’agroécologie ?

Jean-Marc von der Weid : Nous souhaitions promouvoir une agriculture alternative mais nous n’avions pas de modèle. Nous nous rendions compte des problèmes de rendement des petits producteurs familiaux mais la solution conventionnelle leur était inaccessible faute d’argent. Il fallait donc développer des techniques bon marché provenant de leur propre force de travail et utilisant les ressources naturelles à leur disposition. Nous les avons trouvées dans l’agroécologie.

Comment définissez-vous l’agriculture agroécologique ?

J.M.W. : C’est un système de production caractérisé par une haute diversité de produits végétaux et animaux. L’idée de base est de chercher un mimétisme avec les conditions naturelles. Le principe est que plus on a affaire à une situation de grande diversité naturelle, plus le rendement total est élevé.
Beaucoup de solutions agroécologiques viennent de l’agriculture biologique. Cependant, dès le départ, notre démarche s’est trouvée en contradiction avec le mouvement bio au Brésil. Celui-ci vise à produire des produits de qualité pour des gens en capacité de les payer : c’est un marché de niche. Au contraire, notre démarche vise à impliquer le plus de paysans possible, avec des prix accessibles aux consommateurs. Bien sûr, si on va jusqu’au bout de la démarche agroécologique, on arrive à un produit bio, mais la certification n’est pas prioritaire.

Groupes de paysans

Quelles sont les conditions pour construire un système agroécologique ?

J.M.W. : Cela dépend d’une série de critères, en particulier les conditions physiques du terrain (sol, relief, couverture végétale, vents, pluie, etc.), les conditions humaines (quantité de main-d’oeuvre, capacité d’initiative du paysan, etc.) et les conditions de marché (accès, conditions préférentielles, etc.).
L’agroécologie repose sur le principe que chaque propriété est différente des autres, ce qui complique le travail de vulgarisation agricole. Pour mener à bien celui-ci, nous avons établi une typologie de questions concrètes et formé des groupes de paysans chargés de chercher ensemble des réponses à ces questions. Ce faisant, nous avons créé un mouvement d’expérimentation participative qui donne des résultats impressionnants.
Nous travaillons sur trois pôles : la tradition paysanne issue de la culture locale, l’information scientifique que nous apportons en tant qu’agronomes, enfin l’innovation paysanne, c’est-à-dire la capacité pour les paysans d’inventer de nouvelles pratiques. Dans beaucoup de mouvements, on distingue une avant-garde capable d’innovation et la masse qui se contente de suivre. Pour notre part, nous partons du principe que chaque paysan est un expérimentateur.

5 000 familles


Comment vous y prenez-vous sur le terrain pour mettre en place cette méthodologie ?


J.M.W.
: Si je prends l’exemple de Borborema, dans l’État de Paraiba, zone semi-aride du Nord-Est du Brésil, nous avons impliqué les acteurs locaux (syndicats paysans, groupes d’Église, etc.) dans le lancement de l’expérimentation. Nous avons commencé à travailler avec deux municipalités et, dans chacune d’elles, trois communautés d’une trentaine de familles chacune. Le mouvement a fait tache d’huile au point où il est devenu trop complexe pour notre seule organisation de l’animer. Nous avons alors engagé les organisations paysannes locales à participer au processus d’animation. Aujourd’hui, 5 000 paysans et leurs familles sont impliqués dans la transition agroécologique. Notre partenaire, le pôle syndical de Borborema, est devenu un acteur du développement local.

Quelles sont les conditions d’un développement de l’agroécologie à grande échelle au Brésil ?

J.M.W. : Plusieurs points sont à considérer : le crédit, la vulgarisation, la formation initiale et permanente, l’accès au marché ou encore l’accès à la terre. Le leadership des mouvements paysans découvre l’intérêt de cette pratique depuis quelques années, après avoir constaté l’échec d’un système conventionnel qui entraîne l’endettement des paysans. Récemment, l’agroécologie est devenue aussi un axe de débat au sein du ministère de la Réforme agraire.

Propos recueillis par Jean-Paul Rivière et Thérèse Collinet

L’environnement : un nouveau champ de solidarité internationale
Dans son texte de référence sur la souveraineté alimentaire, édition 2012, le CCFD-Terre Solidaire souligne : « Les manifestations du changement climatique se multiplient de façon inquiétante, notamment dans les pays du Sud, et questionnent la capacité de la communauté internationale à agir collectivement pour combattre cette problématique. Ainsi, l’environnement s’impose progressivement comme un nouveau champ de la solidarité internationale. L’association constate que les pays du Sud sont doublement victimes de ce phénomène : fortement dépendants de leurs ressources naturelles et de leur agriculture, ils sont les premiers affectés par cette crise écologique déclenchée par les pays riches. Et ils sont par ailleurs contraints, pour améliorer leurs conditions de vie, de réinventer des modèles de développement alternatifs plus respectueux des hommes et de leur environnement ».

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