La mangue Francisque, le trésor des paysans haïtiens
La culture de Madame Francisque se développe au nord d’Haïti. Grâce à cette variété de mangues, Haïti pourrait bien retrouver (et dépasser) sa 10ème place au classement des pays producteurs. Relever ce défi majeur trois ans après le séisme qui a ravagé le pays, c’est le sens de l’engagement du CCFD-Terre Solidaire auprès des cultivateurs de Gros Morne.
Un terrain fertile
Grâce à un potentiel agro-écologique unique, la région de Gros Morne concentre près des trois quarts de la production nationale de mangues. L’existence d’une coopérative d’agriculteurs – la KOPKOMFG – créée en 2008 à l’instigation d’ITECA – ONG haïtienne qui œuvre depuis 1988 au développement des communautés rurale – constitue un autre mobile de l’intervention du CCFD-Terre Solidaire. Large d’un millier de membres et dotée d’instances représentatives, la KOPKOMFG a tout le potentiel d’un acteur de développement solide.
De grands desseins…
Dans ce contexte prometteur, le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires haïtiens nourrissent l’objectif ambitieux de faire de la filière mangue l’instrument de la relance de l’économie rurale. Les conditions de vie des agriculteurs, de leurs familles, et indirectement des habitants de la région, en seront améliorées. Mais, pour devenir compétitive, cette filière va devoir s’insérer sur les marchés locaux, régionaux puis mondiaux tout en s’émancipant de la tutelle de Port-au-Prince…
…De solides ressources
L’amélioration des conditions de production et de commercialisation est le premier volet du plan de développement. Les moyens humains et matériels déployés sur le terrain sont à la hauteur des enjeux. Un ingénieur agronome coordonne une équipe composée de sept permanents (techniciens en agroforesterie, animateurs, cadres administratifs) et de consultants.
Pas moins de 60 membres de la coopérative ont déjà été formés aux techniques du greffage, d’autres à celles de la cueillette et du traitement des arbres. Les conditions de stockage et de transport ont progressé grâce notamment à l’aménagement d’1,5 kilomètre de piste supplémentaire.
7 projets sur Haïti
Les inégalités sociales sont féroces : deux tiers des 9 millions d’habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté, 1 % détient 50 % de la richesse du pays. Le pays ne s’est pas encore relevé du séisme de 2010 qui a tué 250 000 personnes et détruit infrastructures et maisons. Le CCFD-Terre Solidaire y poursuit son soutien à la paysannerie, crucial pour créer des emplois et assurer l’alimentation de la population, rurale à près de 60%.
Vers l’économie de marché… Biologique
Très encourageants, les résultats quantitatifs et qualitatifs en termes de production vont être amplifiés par les cofinancements de l’Agence Française de Développement (AFD), obtenus par le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires haïtiens. La seconde phase du plan de développement est déjà envisagée.
La coopérative absorbera bientôt un millier de nouveaux membres, progressivement formés aux mécanismes de négociation, à la planification et à la commercialisation des fruits vers les marchés biologiques et équitables internationaux… où Madame Francisque de Gros Morne devra s’imposer.
Trois questions à… Xavier Ricard, Directeur du partenariat international
Pourquoi soutenir une coopérative de producteurs ?
-La mutualisation des coûts de production, l’accès à des formations techniques sont les premiers bénéfices de la coopérative. Cette structure permet aussi de jouer sur un autre levier : le regroupement des productions en un seul point de stockage. Dans le contexte haïtien, centraliser les récoltes c’est donner aux producteurs la capacité d’imposer aux intermédiaires un prix de vente unique. Les termes de l’échange vont ainsi s’inverser au profit des producteurs ! La coopérative est le premier maillon d’une logique économique vertueuse.
La stratégie de partenariat du CCFD-Terre Solidaire ne se limite pas aux résultats économiques…
Non. Fidèle à nos principes, nous encourageons les systèmes d’épargne associatifs, véritables laboratoires de la démocratie. Ces mutuelles de solidarité siègent dans des espaces de concertation municipaux, et délibèrent sur les problèmes de la communauté (conflits fonciers, gestion de l’eau…). Progressivement, la société civile locale se structure…
Qu’attendez-vous du soutien de l’Agence Française de développement (AFD) ?
Les fonds de l’AFD vont permettre des investissements clés pour la coopérative, notamment la construction d’un centre de conditionnement des mangues. Loin de se limiter à un apport financier, notre analyse commune de la situation haïtienne augure d’un programme plus global de revitalisation de la région des Mornes.
Leçons d’une reconstruction manquée
Trois ans après le séisme, la communauté internationale est largement discréditée pour son incapacité à reconstruire le pays. Des dizaines de milliers d’Haïtiens vivent toujours sous des tentes et beaucoup de maisons construites par des ONG étrangères ne résistent pas aux intempéries. Rares sont les structures comme ITECA qui ont choisi des solutions locales et durables. ITECA a créé une usine de fabrication de parpaings, permettant de reconstruire les maisons rurales selon des normes antisismiques tout en générant une centaine d’emplois.
Si peu a été fait par les bailleurs internationaux pour favoriser la décentralisation et valoriser les filières d’approvisionnement à partir des campagnes haïtiennes. L’aide a trop souvent cassé les circuits économiques locaux.
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