La nécessité d’une action politique

Publié le 09.07.2015| Mis à jour le 08.12.2021

Le caractère global des changements climatiques impose une réponse politique sur le plan international, sur le long terme.
Depuis l’adoption d’une Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 1992, des négociations rassemblent chaque année 195 États lors des Conférences des Parties (COP) afin de décider de solutions à un tel niveau.
La 21e rencontre se tiendra à Paris, en décembre 2015. Ce processus est souvent blâmé pour son inefficacité et sa lenteur.
Alors dans quelle arène intervenir ? A quelle échelle ? Quel est le rôle du citoyen dans l’avènement de politiques favorables au climat ? Que peut donc la gouvernance mondiale face à l’impératif de changement global de modèle dont témoigne la crise climatique ?

La responsabilité des Etats

Depuis 1995, les 195 États signataires de la CCNUCC se retrouvent tous les ans afin de définir leurs engagements en matière de lutte contre les changements climatiques. Ce système de gouvernance porte en lui une dimension de justice chère aux chrétiens dans la mesure où tous les pays, y compris les plus pauvres, sont représentés et où les parties doivent agir « sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives » (article 3, §1).
Dans cette perspective, le protocole de Kyoto, ratifié en 1997, a engagé collectivement les pays développés signataires de la CCNUCC à réduire leurs émissions d’environ 5% d’ici 2012, par rapport aux niveaux de 1990.
En 2012, cette période d’engagement s’est achevée et a été prolongée dans la douleur. Aucun accord global et contraignant n’a abouti par la suite.
Mais ce processus pourrait être bien plus fécond si les Etats, dont il convient de rappeler la responsabilité et le rôle décisif, étaient prêts à insuffler plus de volonté politique dans les négociations.
L’objectif affiché de la COP21, qui aura lieu en décembre 2015 à Paris, est d’aboutir à un accord universel, engageant tous les pays dans des actions de lutte contre les changements climatiques.
L’une des difficultés est de trouver un accord qui soit, d’une part, à la hauteur des enjeux (nous plaçant au plus sur la trajectoire collective des 2 degrés), d’autre part, équitable pour tous, reflétant les responsabilités, capacités et besoins de chacun. D’où l’importance d’un accord négocié à 195 voix, incluant les plus vulnérables.
D’où sa difficulté aussi, quand les lobbies privés s’invitent à la table des discussions pour faire valoir leurs intérêts et quand d’autres négociations sensibles ont lieu simultanément (accords de libre-échange, négociations sur le financement du développement…).
C’est pour ces raisons notamment, qu’au lieu d’aller vers un projet plus exigeant que Kyoto, l’Accord de Paris risque de déboucher sur un accord à minima, avec des engagements plus faibles encore.
Une telle situation souligne la nécessité d’une mobilisation citoyenne pour inciter les États à s’engager sur des objectifs ambitieux, cohérents avec les exigences de justice climatique, de transition écologique et sociale et de solidarité internationale.

Mobilisation citoyenne

Pour important que soit un accord inclusif, le changement de modèle décrit exige l’engagement de toute la société. Car une transformation structurelle suppose que l’ensemble des acteurs s’y engage, citoyens, ONG, mouvements sociaux, entreprises et collectivités territoriales, mouvements d’Eglise et spirituels… L’urgence nous contraint à développer un nouvel imaginaire, de nouvelles alternatives et de nouvelles formes d’engagements.
Au-delà de la nécessaire interpellation des responsables politiques, au niveau local comme national, les alternatives citoyennes sont un moyen de leur signifier que nos sociétés sont demandeuses d’un changement radical qu’elles mettent déjà en pratique.

D’où l’importance des engagements dans des projets locaux et communautaires, conjugués à des appels à la redevabilité des acteurs politiques et économiques…. Il s’agit de remettre les politiques au service de la communauté et les citoyens au centre des politiques et des mécanismes de prises de décision, avec pour horizon le bien commun.
Face aux défis environnementaux globalisés, les Eglises chrétiennes doivent renouveler la Parole qu’elles transmettent : rappeler la Fraternité comme socle incontournable de l’accueil inconditionnel, la Justice pour les plus humbles comme horizon de toutes solidarités, la paix pour tous comme condition de la « vie bonne », la simplicité et la gratuité comme ferments d’une espérance renouvelée.
Des Églises diaconales ancrées avec ferveur dans la Parole qu’elles transmettent sauront alors faire les gestes et poser les signes du monde nouveau auquel elles croient avec confiance.

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