La transition écologique reléguée au 2ème plan de la relance (communiqué)
Paris le 3 septembre 2020 – Ce matin les détails des 100 milliards d’euros du Plan de relance ont été dévoilés par le Premier ministre qui montre une fois de plus l’ambiguïté de l’engagement du Gouvernement sur la transition écologique.
Pour Meike Fink, Responsable transition climatique juste au Réseau Action Climat : « Ce plan de relance révèle encore une fois l’ambiguïté du Gouvernement en matière de transition écologique : quelques pas en avant, mais plusieurs pas en arrière. Malheureusement, cette politique du “en même temps” ne permettra pas à la France de respecter ses objectifs climatiques ». L’accélération annoncée de la transition, via les 30 à 40 milliards d’euros supplémentaires fléchés, est limitée par :
- Le bornage à deux ans des aides pour la transition, ce qui ne permettra pas à ces filières d’avenir de s’implanter de manière pérenne.
- La poursuite du financement de technologies ou projets incompatibles avec les principes de la transition écologique : nucléaire, nouvelles infrastructures routières, agriculture de précision, hydrogène non-renouvelable, 5G.
- Le sous-calibrage de certaines lignes budgétaires qui ne permettront pas d’atteindre les objectifs affichés (1 milliard €/an supplémentaire sur la rénovation des logements privés ne permet ni d’augmenter la performance des rénovations ni de diminuer le reste à charge pour les ménages les plus modestes).
- Les aides aux entreprises, sans aucune condition écologique et sociale qui continuent d’alimenter des secteurs incompatibles avec les limites planétaires (notamment la baisse des impôts de production).
La balle est dans le camp des Parlementaires pour augmenter l’ambition et la cohérence du Plan de relance et rendre le budget global de la France pour 2021 plus vert et juste.
Pour Jean-Baptiste Lebrun, directeur du CLER – Réseau pour la transition énergétique :
« Le plan de relance est une opportunité historique d’investir enfin massivement pour la transition écologique et sociale. Les annonces du gouvernement contiennent quelques pas dans la bonne direction mais cela reste encore insuffisant, sur les montants, la durée et dans les modalités précises de mises en œuvre. Pour le transformer en nouvel élan, il faudra en même temps s’ajuster en faisant des investissements réellement efficaces, et surtout se préparer à accélérer et amplifier les pas suivants. Les énergies renouvelables sont par exemple les grandes absentes de ce plan, alors même que nous sommes très en retard sur nos objectifs et que le gouvernement consacre plusieurs milliards sur d’autres filières pour lesquelles il n’y a ni stratégie, ni objectifs de développement démocratiquement débattus et décidés. »
Pour Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre France :
« En l’état, les potentielles avancées entraînées par les investissements ‘verts’ du plan de relance risquent d’être rapidement annulées par toutes les aides supplémentaires prévues dans les secteurs polluants, sans aucune contrepartie. Hier encore, on apprenait que Bpifrance, qui se voit dotée de 2,5 milliards d’euros dans le plan de relance pour devenir ‘la banque du climat’, s’apprêtait à soutenir Total pour un immense projet gazier dans l’Arctique russe. Un exemple qui traduit le manque de crédibilité flagrant d’un gouvernement toujours adepte du ‘en même temps’. »
Pour Quentin Parrinello, responsable de plaidoyer chez Oxfam France :
“Baisser aveuglement les impôts de production, c’est donner les mêmes marges de manœuvre à une entreprise solidaire et un gros pollueur, sans se poser la question de quelle réindustrialisation nous souhaitons. Pire, selon la DGFiP, les secteurs qui devraient le plus bénéficier de la baisse des impôts de production sont le secteur extractif et la finance, sans aucune garantie qu’ils s’engagent dans une transition écologique. Cette baisse dont le coût pour les finances publiques inquiète jusqu’à la Banque de France risque d’être payé par les plus vulnérables, premières victimes de la crise. Il faut conditionner la relance à des objectifs sociaux, environnementaux, climatiques et fiscaux. Une baisse aveugle des impôts de production renforcera un système économique anachronique. A moyen-terme, il faudra aussi se poser la question de la résilience de notre modèle économique afin de bâtir une entreprise qui partage mieux les richesses, dans le respect des limites planétaires.”
Pour Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement :
”Le plan de relance, bien que contenant des avancées attendues depuis trop longtemps, notamment en faveur du rail, est également porteur d’erreurs majeures : absence d’étude d’impact environnementale, entêtement nucléaire, fuite en avant techno-numérique sans prise en compte du principe sanitaire de précaution et des effets rebond énergétiques et matériels, pour n’en citer que quelques-unes. Par ailleurs, ce plan n’est pas non plus à la hauteur du côté du financement des moyens humains nécessaire à la transition énergétique et écologique de notre économie : nous avons besoin d’ingénierie dans les territoires, mais aussi d’éducateurs, d’inspecteurs, d’enquêteurs et d’une justice spécialisée. Peut-on se payer le luxe d’un autre coronavirus avant d’agir en ce sens ?”
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne politiques climatiques à Greenpeace France :
« Le gouvernement nous propose un plan de relance à l’envers plutôt qu’un plan de relance vert. Offrir des milliards aux industries polluantes – via des baisses d’impôts ou des aides à la relocalisation – sans la moindre conditionnalité environnementale revient en effet à renflouer un modèle productif incompatible avec les limites planétaires. De même, investir dans de fausses solutions au nom du “verdissement”, comme l’hydrogène non-renouvelable, le nucléaire, l’agriculture de précision, la 5G, l’avion vert, les voitures thermiques neuves ou les SUV électriques, relève de l’anachronisme. Le plan de relance offre pourtant une opportunité historique de redéfinir le contrat politique qui lie les activités économiques et la société. Mais le gouvernement campe délibérément sur une posture conservatrice inspirée par le MEDEF plutôt que par la science et l’urgence climatique, au risque de reporter à trop tard les changements concrets dont nous avons besoin. La majorité doit impérativement rectifier le tir à l’Assemblée nationale. »
Pour Manon Castagné, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat au CCFD-Terre Solidaire :
“Le gouvernement va à rebours de l’histoire en finançant tout et son contraire : l’agroécologie, l’agriculture bio, et « en même temps » des pratiques qui viennent accroître la pression sur les terres, nuisent à l’emploi agricole et à la souveraineté alimentaire (biocarburants, soutien à l’agriculture de précision, produits biosourcés). Par ce refus d’orienter clairement ses investissements, ce plan nuit à la nécessaire transition agroécologique.
M. Macron a également promis une « relance solidaire ». Pourtant, ce plan, à travers son soutien à Business France et à la très opaque BPIFrance, risque de servir les intérêts à l’export des filières agricoles françaises, au détriment de l’autonomie et de la souveraineté alimentaire des pays tiers. ”
Pour Olivier Schneider, président de la FUB :
”Les efforts du gouvernement sur le vélo quotidien sont notables, avec quadruplement du budget annuel par rapport au plan vélo de 2018. Vu l’engouement exceptionnel des Françaises et des Français, qui considèrent à juste titre le vélo comme un geste barrière, nous espérons que les collectivités locales saisiront la perche tendue, que ce soit en continuant dans leur lancée post-confinement (pérennisation des aménagements « de transition »), ou en s’y mettant grâce au plan de relance. Nous espérons que le gouvernement incitera celles qui ne l’ont pas encore fait à s’y mettre, notamment en zones moins dense, et confirmera sa promesse d’aider à massifier le stationnement sécurisé, notamment en gare. Enfin, le gouvernement ne doit pas oublier que les modes de déplacement s’opposent fatalement, et que le plan de relance automobile doit donc prendre en compte la nécessaire baisse du nombre de véhicules motorisés en circulation. La prime de conversion doit donc a minima permettre à un ménage de substituer une automobile contre un, voire plusieurs, vélos (pliant, cargo, électrique, …).”
Pour Charlotte Mijeon, chargée des relations extérieures au Réseau “Sortir du nucléaire” :
« En prévoyant des financements pour le développement de nouveaux réacteurs, le gouvernement a franchi une ligne rouge. L’argent des contribuables n’a pas vocation à pérenniser une filière dangereuse, polluante et productrice de déchets radioactifs ingérables. Consacrer des sommes aux « petits réacteurs modulaires » revient à jeter de l’argent par les fenêtres, tant cette technologie est hors sujet et hors délai au regard de l’urgence climatique, qui exige de nous focaliser sur les options permettant de réduire dès maintenant les émissions, et en priorité la rénovation des bâtiments et les énergies renouvelables. »
Pour Bruno Gazeau, Président de la FNAUT :
“ La Fnaut se félicite de l’effort réel pour les transports publics avec une enveloppe conséquente pour les vélos, rer métropolitains, extensions, tramway, bus, métro Et Intermodalité.” Les crédits de régénération du ferroviaire sont conformes aux programmes de sncf Réseau, confirmés pour les CPER lignes régionales. Des ouvertures réelles sont faites pour le fret et des engagements pris pour les trains de nuit, l’accessibilité en gare et les passages à niveaux. D’autres chantiers sont en cours et suivis avec attention, pour la recapitalisation des entreprises de transport, la réduction de leur endettement et les compensations COVID. Mais cet effort pour important qu’il soit doit encore s’inscrire dans la durée de la décennie pour mettre à niveau les infrastructures actuelles, réaliser celles d’un aménagement réclamé du territoire et trouver son financement dans l’adoption d’une fiscalité plus écologique.”
Pour Amandine Lebreton directrice du plaidoyer de la Fondation Nicolas Hulot :
“ Si les 30 milliards d’euros dédiées à la transition écologique et les soutiens à quelques secteurs d’avenir comme le rail et la rénovation énergétique des bâtiments sont un signal encourageant, la FNH regrette que le gouvernement ne donne pas toutes les garanties pour accélérer enfin la transition écologique et sociale. Plusieurs conditions auraient permis d’assurer une cohérence politique du plan : sanctuariser 20 milliards d’euros d’investissements publics par an jusqu’en 2030 pour la transition écologique, instaurer des contreparties aux soutiens publics et notamment aux impôts de production, pas un euros pour les projets néfastes pour la biodiversité et le climat, un suivi de la mise en oeuvre par le Haut Conseil pour le Climat… Il n’en est rien. Comble de l’incohérence, le gouvernement présente ce même jour son projet de loi autorisant les dérogations à l’usage des néonicotinoïdes…”
Pour Vaia Tuuhia, déléguée générale de l’association 4D :
“Le gouvernement a manqué l’occasion d’enclencher une vraie politique de développement durable pour la nation en ne structurant pas le plan de relance autour des Objectifs de Développement Durable. Malgré quelques mesures intéressantes concernant en partie la lutte contre l’artificialisation, l’agroécologie, la rénovation énergétique de bâtiments, la décarbonisation de l’industrie nous passons à côté d’une stratégie et d’une vision à long terme de durabilité pour la France, qui soit inclusive et transversale.”
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