L’agriculture, un sujet qui dérange dans les négociations climat

Publié le 26.05.2016| Mis à jour le 08.12.2021

Six mois après la COP21 et l’adoption de l’Accord de Paris, les 196 Parties à la Convention Climat se sont retrouvées à Bonn (16 – 26 mai 2016) pour une unique session de négociations en préparation de la COP22 qui se tiendra en novembre à Marrakech.
Une fois encore, les discussions sur l’agriculture ont été source de tensions entre les Etats et n’ont pas permis de poser la question clé soigneusement évitée : comment différencions-nous les modèles agricoles en fonction de leur impact sur les dérèglements climatiques et de leur capacité à assurer la souveraineté alimentaire des peuples ? A l’inverse, les initiatives volontaires et parallèles se multiplient.

Cette session, qui se veut un espace de discussions techniques a en réalité traduit de véritables blocages politiques. En premier lieu sur la question de l’adaptation des agricultures, notamment dans les pays du Sud, aujourd’hui largement impactées par les dérèglements climatiques. Mais également sur les moyens à mettre en œuvre pour agir en faveur d’une réduction réelle des émissions des agricultures chimiques industrielles fortement émettrices en gaz à effet de serre.

Une nouvelle fois, la question de l’agriculture n’est pas directement abordée dans les espaces de négociations. En revanche, elle est bel et bien traitée dans les espaces parallèles où l’on aborde, par exemple, l’initiative « 4 pour 1000 », soutenue par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, ou l’initiative « AAA » (Adaptation, Afrique, Agriculture) du ministre de l’Agriculture marocain Aziz Akhannouch. Ces initiatives sont présentes dans l’Agenda des solutions dont le CCFD-Terre Solidaire dénonce le flou depuis un an et qui laisse le champ libre aux fausses solutions et au greenwashing. Sans critères clairs et en l’absence d’une gouvernance transparente, cet Agenda comporte de sérieux risques pour les populations déjà les plus impactées par les dérèglements climatiques.

« L’Agenda des solutions est présenté comme une dynamique permettant à des acteurs divers d’influencer, à travers leurs actions, les politiques nationales des Etats en matière climatique. Il est inacceptable de voir des initiatives sans cadre de suivi et de redevabilité prendre une telle place dans les négociations climat. Comment va-t-on s’assurer qu’elles ont un véritable caractère transformationnel et qu’elles ne portent pas atteinte aux droits des populations ? Nous n’avons pas besoin d’une vitrine, mais d’actions concrètes et performantes avant 2020, pour les populations avant tout », déclare Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.

Laurence Tubiana et Hakima el Haite, les deux personnalités nommées « championnes pour le climat » conduiront des consultations auprès de la société civile sur l’avenir de cet Agenda des solutions. Le temps de la communication passé, il est maintenant impératif de construire un cadre transparent pour cet Agenda d’ici à la COP22 qui permette d’en mesurer le réel impact et d’en tirer des conclusions.

Contact presse :

– Karine Appy, 01 44 82 80 67 – 06 66 12 33 02

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