L’alimentation devra subir un changement radical
« Etant donné le rythme avec lequel la population mondiale s’accroît, l’alimentation devra subir un changement radical afin de mieux servir les pauvres et ceux qui souffrent de la faim, si le monde veut faire face à la croissance de sa population et au changement climatique tout en évitant la rupture sociale et l’effondrement environnemental. »
En 2008, la faim a fait un retour virulent dans les grands titres internationaux. Les prix agricoles mondiaux ont atteint des plafonds historiques lors du second trimestre 2008, avant que la tendance ne s’inverse radicalement. Alors que l’année 2009 se termine, près d’un être humain sur six dans le monde souffre de faim chronique (1 milliard 20 millions selon les estimations en juin 2009 de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des Nations Unies). Même si ces chiffres sont aberrants, ils ne sont jamais mentionnés lorsqu’il est fait état de la crise économique mondiale. Et pourtant la crise alimentaire est bel et bien une réalité. En janvier, les agences de l’ONU chargées de l’alimentation et de l’agriculture ont rapporté que « les prix sont retombés de leurs plafonds de 2008, mais la crise alimentaire n’a pas pour autant disparu. […] Les tendances sous-jacentes montrent que la production agricole mondiale ne parvient pas à faire face à la demande croissante ». Les agences ont lancé un appel à une « action forte » en 2009.
La convergence des crises alimentaire, économique et climatique est un phénomène qui ne doit pas être ignoré. Au cours des prochaines semaines, la communauté internationale aura l’occasion de réformer les systèmes de gouvernance afin qu’ils prennent en charge un véritable développement durable, le renforcement de la sécurité alimentaire mondiale et l’éradication de la pauvreté. Les multiples crises doivent impérativement être abordées d’un point de vue holistique et sur le long terme. Qui plus est, l’agenda politique doit absolument être placé sous le signe de la cohérence afin de garantir que les efforts menés pour résoudre une crise ne sapent pas les efforts entrepris pour s’attaquer à une autre et éviter qu’elle se manifeste à nouveau. Les gouvernements et les institutions disposent de nombreux moments-clés propices à l’action : la réforme du Conseil pour la sécurité alimentaire de la FAO mi-octobre, le Sommet mondial pour la sécurité alimentaire à Rome mi-novembre, et les pourparlers internationaux sur le climat qui devraient atteindre leur paroxysme en décembre à Copenhague. Grâce au présent document, la CIDSE et l’Institut pour la politique agricole et commerciale (IATP) lancent un appel pour que les mois qui viennent soient placés sous le signe d’actions audacieuses et immédiates. Ce document porte sur la responsabilité endossée particulièrement par les Etats-Unis et l’Union européenne dans le cadre de la crise alimentaire mondiale. Le rôle des gouvernements des pays en voie de développement ne doit pas être sous-estimé, ni la part de responsabilité qui leur incombe. Cependant, les politiques décrétées aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, puis imposées agressivement par les institutions internationales au cours de ces dernières décennies, ont manifestement contribué à placer le système alimentaire international en position de vulnérabilité face aux perturbations. Les Etats-Unis et l’Union européenne peuvent et doivent à présent jouer un rôle prépondérant dans la promotion d’une nouvelle vision du système alimentaire mondial, qui soit juste et durable.
Ce document ne prétend pas s’imposer comme un compte-rendu exhaustif des causes systémiques de la faim dans le monde, ni aborder les problèmes à long terme, tels que les modèles de consommation. Il souligne plutôt la portée de la crise alimentaire mondiale que nous subissons en ce moment, passe en revue les réponses apportées à la crise en 2008 et formule des recommandations concrètes pour le futur proche. Le moment est venu de passer à l’action.
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