Le CCFD analyse le discours du président français à la Conférence de juin 2008 de la FAO.

Publié le 04.06.2008| Mis à jour le 08.12.2021

Le Comité catholique contre la faim et pour le développement livre son analyse du discours du président français Nicolas Sarkozy, prononcé le 3 juin à l’ouverture de la conférence sur la sécurité alimentaire, organisée par la FAO à Rome.

Deux limites

Le discours plaide pour l’expansion des « agricultures vivrières locales ».
Or, cette priorité n’apparaît pas assez dans les positions européennes adoptées dans les négociations commerciales internationales ou régionales. Le président français ne fait aucune allusion aux règles du commerce agricole dont on mesure aujourd’hui l’impact néfaste sur l’alimentation mondiale.

Le discours ne mentionne pas les paysans. Il ne parle que du secteur agricole.


Trois points cruciaux

« La seule solution durable n’est plus d’exporter à bas prix mais de doter les PED d’une agriculture moderne locale et vivrière »

Le CCFD-Terre solidaire se réjouit de la déclaration du président français. Elle rejoint notre position défendue depuis de nombreuses années avec nos partenaires du Sud : privilégier les agricultures familiales et vivrières.
Pour le CCFD-Terre solidaire, cela doit clore le débat sur la « vocation exportatrice de l’Europe ».

Cependant, le CCFD-Terre solidaire regrette que la France ne consacre pas de ressources supplémentaires. Le milliard d’euros annoncé pour l’agriculture africaine sur 5 ans n’est que de la réaffectation de budget…dans une aide publique française au développement qui s’est effritée ces dernières années.

« Mettre la priorité sur les agro carburants 2ème génération », « faire appel aux fond souverains sur un secteur agricole désormais rentable et durable »

Le CCFD-Terre solidaire souligne l’incohérence de ces deux propositions avec l’ensemble du discours du président français.

  • Donner la priorité aux agrocarburants, même de deuxième génération, revient à favoriser les monocultures d’exportation.
    – Animés par des logiques de retour sur investissement, les fonds souverains privilégieront les filières de rente et d’exportation.
    Dans les faits, la production alimentaire locale et les agricultures familiales seront pénalisées.

Créer un « GIEC pour l’agriculture »
Le CCFD-Terre solidaire salue la volonté de créer un groupe d’experts qui mettront en cohérence l’action des institutions et des états à partir d’une expertise reconnue.
Sa priorité doit être d’exploiter les nombreux rapports d’experts déjà publiés… sans avoir jamais été suivis d’effets.

Le Pape Benoît XVI l’a rappelé ce matin : la « dignité humaine et les droits humains » doivent être mis au cœur des négociations internationales.

Contacts presse : Véronique de La Martinière : 01 44 82 80 64 – Nathalie Perramon : 01 44 82 80 67
Contact à Rome : Ambroise Mazal, chargé du plaidoyer souveraineté alimentaire.

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