Le défi climatique

Publié le 09.07.2015| Mis à jour le 08.12.2021

Et si nous comprenions les crises écologique et climatique comme des « défis » ? Bien sûr, le mot « crise » a sa valeur. En grec, il signifie « jugement », et il est vrai que ces problématiques pointent les conséquences néfastes de notre système et de notre mode de vie. Mais s’arrêter à la crise, c’est s’en tenir à la sentence… par où donc est la sortie ? Parler de défi, c’est inviter à penser plus loin et à agir – un défi, ça se relève ! C’est reconnaître le problème en cherchant une solution. Le défi interpelle, stimule, met en route. Comment penser le défi climatique comme un défi d’espérance pour notre foi chrétienne ?

Confesser Dieu, le monde et l’humain

Le défi que pose le changement climatique n’est pas simplement (géo)politique, économique et technique. Nous pouvons y reconnaître également un défi spirituel. Ne nous sommes-nous pas fourvoyés en nous voyant comme les maîtres et possesseurs d’une nature destinée à nous servir ? À la suite des saintes Écritures, nous confessons le monde comme création de Dieu, dans laquelle s’épanouit la vie et se laisse appréhender le divin (Gn 1,1-2,25). Nous croyons donc faire partie intégrante de cette très bonne création et reconnaissons que les destins de la nature et de l’Humanité sont intimement interdépendants. À ce propos, les textes bibliques nous enseignent que Dieu nous a remis l’intendance « fidèle et prudente » (Lc 12,42) de la création. Protéger l’humain, c’est protéger la création, et protéger la création, c’est protéger l’humain.


« Car la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu : livrée au pouvoir du néant (…) elle garde l’espérance, car elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8,18-21)

Ouvrir nos yeux par la contemplation

Les changements climatiques sont donc le signe d’un aveuglement spirituel. Mais les écailles peuvent tomber de nos yeux : nous nous voyons comme intimement liés à la création, et reconnaissons Dieu dans sa beauté. Dans nos sociétés de plus en plus urbanisées et pressées, nous sommes invités à prendre le temps, à sortir à la rencontre de la création et à fréquenter les Écritures – et pourquoi pas joindre les deux, en lisant la Bible dans la nature ! Là, par la contemplation et la méditation, avec l’aide de l’Esprit Saint, nous pouvons être menés à une renaissance spirituelle. Reconnaissance pour le donné, qui mène à la réalisation de la responsabilité de protéger et de transmettre. Humilité, car la création ne s’épuise pas par la connaissance scientifique, ni ne se maîtrise parfaitement par la technique. Ses forces et son mystère nous dépassent.

Un chemin de conversion

Pour relever le défi climatique, nous devons relever aussi un défi spirituel : celui de la conversion des représentations et des modes de vie. L’esprit de conversion, dans la spiritualité chrétienne, appelle une mutation en profondeur, un retournement de l’être qui touche et dépasse à la fois les questions environnementale et climatique. L’amour du prochain qui englobe les générations futures, prend le pas sur l’égoïsme. La collaboration transcende l’esprit de compétition. La sobriété répond aux appétits de la surconsommation. Le partage limite les inégalités. Cette conversion individuelle s’accomplit dans une « charité politique » qui nous mène à interpeler collectivement nos gouvernants. Par le jeûne, la prière et l’engagement, nous pouvons être menés à une vie nouvelle qui ouvre l’avenir à la possibilité d’une société durable, juste et pacifique. Un tel « chemin de Damas écologique » repose sur une solide espérance, une foi en l’impossible – ce sont l’espérance et la foi du matin de Pâque, dont nous sommes les témoins.

Questions pour un partage :
Comment être porteur d’espérance auprès de nos contemporains, malgré la gravité du dérèglement climatique ?
En quoi les défis auxquels nous faisons face peuvent-ils enrichir notre vie spirituelle ?

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