Le don et la gratuité

Publié le 10.02.2010

L’économie au service du bien commun


L’un des apports les plus spécifiques de cette encyclique sociale est sans doute d’avoir mis l’accent sur le don et la gratuité d’une manière nouvelle. En demandant que « dans les relations marchandes, le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité (…) trouvent leur place à l’intérieur de l’activité économique normale » (§36), Benoît XVI introduit une rupture. Rupture parce que le don et la gratuité n’apparaissent plus comme un à-côté de l’activité économique, une sorte de palliatif qui, dans un second temps, viendrait compenser de l’extérieur les effets négatifs d’une économie condamnée à laisser quelques victimes du système sur le bord de la route. Rupture encore car il ne s’agit pas de remettre en cause la légitimité des relations marchandes en appelant à une sorte de monde utopique du désintéressement d’où serait bannie toute logique économique.

Ce à quoi nous sommes appelés, ce n’est pas à abolir le système mais à le transformer, mieux, à le transfigurer. Soulignant qu’il n’y a pas de fatalité mais des choix et des responsabilités humaines derrière le fonctionnement actuel de l’économie (§36 et 42), Benoît XVI invite à sortir de la stricte logique de l’échange calculé, où chacun est prêt s’investir et à investir dans la mesure seulement où il est sûr de gagner en proportion de ce qu’il a donné. Il invite à faire brèche dans la logique purement comptable du donnant / donnant, dans la logique de l’équivalence régie par les intérêts personnels.

Introduire le sens de la gratuité et la logique du don au cœur même de l’activité économique, c’est une façon de revisiter les finalités de l’économie. L’économie ne peut se réduire à un échange de biens, à n’être qu’un moyen de satisfaction de besoins et d’enrichissement personnel. Elle porte beaucoup plus ; son sens dépasse le seul produit ou la seule valeur monétaire du bien. Il est utile de se rappeler que le sens premier de « économie » c’est la gestion de la maison commune, du bien commun. Donner place à la gratuité et au don en économie c’est reconnaître et promouvoir la contribution décisive des personnes dans ce processus ; c’est aussi avoir pour horizon le bien de la maison commune. L’économie sociale et solidaire, qu’il s’agisse du commerce équitable, du microcrédit ou bien d’autres pratiques, va en ce sens. L’économie a vocation à être facteur de médiation sociale et facteur de construction de société.

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Une place pour le don dans l’économie : est-ce un doux rêve ?

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