Jean-Marie : le sens du collectif

Publié le 03.09.2021| Mis à jour le 15.12.2021

Jean-Marie Tessier a rejoint le CCFD-Terre solidaire il y a une dizaine d’années. Pleinement engagé dans l’accueil des familles migrantes et dans la campagne des territoires accueillants, à près de 75 ans, ses journées sont bien remplies. Car ce militant de Charente-Maritime, à la fibre sociale chevillée au corps, est aussi depuis 9 ans président d’une structure d’Insertion par l’activité économique.


C’est « en 2015-2016, lorsque les maires ont été sollicités par la pré­fecture pour accueillir les per­sonnes migrantes venant de Calais, que nous avons commencé à nous mobiliser, se rappelle Jean-Marie. Tout d’abord, avec le centre social espace Mosaïque, nous avons mené une action de sensibilisation sur la situation des migrants en direction du public et des élus locaux ».

Mais, très vite, la question du logement des déboutés du droit d’asile, qui n’ont pas le droit de travailler, se pose dans cette région rurale, du nord du département. Afin de trouver un logement à trois familles arménienne, serbe et géorgienne, des bénévoles créent l’association 1 Toit 100 Frontières.

Soutien administratif et financier, mais surtout accompagnement humain, l’engagement est multiple. Directrice de l’espace Mosaïque, Sandra précise : « la mission d’un centre social est de s’occu­per des plus démunis, et les personnes migrantes sont parmi les plus démunies ». Jean-Marie n’hésite pas à accueillir l’une de ces familles dans les anciens locaux de son entreprise d’électricité, réaménagés avec quelques copains.

1 Toit 100 frontières s’est construit sur le principe d’Emmaüs 100 pour 1 : 100 personnes soutiennent une famille, « sauf qu’ici, explique-t-il, nous sommes 30 pour 3 familles et financièrement nous sommes exsangues. Mais sans nous, ces gens dormi­raient dans la rue ».

Quand, à l’été 2020, une nouvelle famille de Kosovars est déboutée, Jean-Marie convainc la responsable du Secours catholique d’aller voir la maire ; des parents d’élèves se mobilisent, un collectif se crée. Dans l’urgence, le militant la reçoit chez lui ; depuis des parents d’élèves ont rénové un logement pour le couple et ses quatre enfants.

Pour sensibiliser le public et les élus et fédérer autour de leur démarche, des bénévoles du CCFD-Terre solidaire, avec d’autres acteurs de la solidarité, organisent des soirées et des ciné-débats. Au niveau régional, le Collectif interassociatif migrants 17, auquel participent plusieurs militants du CCFD-Terre Solidaire, dénonce notamment la situation des mineurs non accompagnés (MNA).

Repérer des élus susceptibles de s’engager

Si la dynamique interassociative et régionale est une force face aux pouvoirs publics et permet de « tenir le coup » pour soutenir « à bout de bras » ces migrants, le rôle des élus est, lui, essentiel. « La solida­rité, pointe Jean-Marie, ne peut pas reposer uniquement sur les associations et des indi­vidus. »

Les militants adhèrent donc pleinement à la campagne des territoires accueillants et ont fait un travail de repérage pour savoir vers quels élus se tourner : « Nous nous appuyons sur la Charte de l’Anvita pour leur montrer que d’autres villes s’engagent. La plupart nous répondent que le logement est de la compé­tence de l’État et que leurs moyens sont limi­tés. »

Mais si le chemin est difficile, les choses avancent quand même souligne le militant. Des élus ont mis à disposition des logements pour accueillir des déboutés du droit d’asile ou franchi le pas en adhérant à l’Anvita, comme la maire des Forges d’Aunis et celui de Melle.

La formation est un appui indispensable pour ces bénévoles souvent confrontés à des situations difficiles. Depuis l’année dernière, la région Poitou-Charentes du CCFD-Terre Solidaire leur propose huit modules thématiques. « Avec le Covid, tout s’est arrêté, et nous n’avons pu faire qu’une seule session sur “les questions juridiques autour de l’accueil”, mais nous allons bientôt reprendre », précise le militant, qui se réjouit de la récente arrivée de forces vives au sein de l’équipe régionale.

 

« Nous ne baisserons pas les bras. Nous sommes là pour aller vers les autres », assure cet homme déterminé.

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