Les enjeux de la Cop 21
La COP 21 a pour ambition affichée la signature d’un accord mondial de lutte contre les changements climatiques pour l’après 2020, qui réunirait l’ensemble des pays, tout en reconnaissant leur responsabilité commune mais différenciée face à la crise climatique. Différents enjeux seront à l’agenda des négociations entre les Etats.
Limiter la hausse moyenne des températures à 2°
L’enjeu prioritaire de cet accord, que les états ont eux-mêmes identifié lors de précédentes conférences internationales, sera de limiter la hausse moyenne de la température mondiale à + 2 °C à l’horizon 2100 (par rapport à 1850 et aux températures pré-industrielles).
Ce seuil est reconnu comme critique par la communauté internationale, notamment pour les populations les plus vulnérables face aux effets des changements climatiques dont elles ne sont pas les principales responsables.
Il faut noter cependant que nombre de scientifiques et d’organisations de la société civile soulignent qu’une hausse moyenne de 2 °C serait déjà trop élevée, avec des impacts violents pour la vie marine, les zones côtières et les communautés les plus vulnérables ; ils appellent donc à limiter la hausse moyenne de la température mondiale à 1,5 °C.
Mais, même face à cet objectif de 2 °C, les états avancent « à reculons ».
On sait déjà que des états, parmi les plus responsables des changements climatiques, s’opposeront ainsi à tout cadre juridiquement contraignant.
De plus, ce n’est pas à partir de l’objectif global des « 2 °C » que les états déclineront leurs « engagements » (rebaptisés « contributions » ce qui leur enlève tout caractère contraignant).
Les « contributions » sont définies au niveau national, avec le risque que leur somme ne permette pas de nous placer sur la nécessaire trajectoire collective des 2 °C, au vu du manque d’ambition des états.
Difficile également de comprendre comment ces contributions seront réparties au sein de chaque pays ou quels seront les rôles de chaque acteur (administrations, entreprises, citoyens…).
Les enjeux de la différenciation entre « pays développés » et « pays en développement »
La question de la différenciation entre « pays développés » et pays en développement » face aux objectifs de réduction des émissions de GES sera, une nouvelle fois, au coeur des négociations sur l’accord de Paris.
De même que la question de la différenciation entre pays les plus pauvres et pays émergents: comment tenir compte des différences de capacités et de responsabilité entre le Brésil, le Tchad ou la Chine ?
Le CCFD-Terre Solidaire rappelle la responsabilité historique des pays dits « développés » dans les changements climatiques. Ceux-ci sont confrontés à un double impératif : celui de réduire immédiatement et efficacement leurs émissions de GES, principales responsables des changements climatiques dans le monde ; celui d’aider les pays du Sud à financer les coûts liés à l’adaptation aux changements climatiques et à la construction d’un développement soutenable faiblement émetteur de GES.
« Le tentation de s’en remettre au secteur privée pour le financement »
La question de la mobilisation de financements pour accompagner la lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement sera aussi un des sujets majeurs à l’agenda.
Sur ce point, les négociations vont être marquées par la tentation croissante des pays développés de s’en remettre au secteur privé pour financer les enjeux climat/développement, par l’absence de trajectoire claire pour la mobilisation par les pays développés de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, comme ils s’y sont engagés en 2009, et par l’absence de volonté politique à s’engager au-delà de 2020.
Le danger d’une logique de compensation et de marché
L’accord de Paris confirmera très probablement le choix de nombreux états d’une approche de la lutte contre les changements climatiques basée sur le marché et d’une logique de « compensation », malgré les limites et les risques déjà constatés ces dernières années.
En effet, au lieu d’aller vers un changement en profondeur de leur modèle de développement, les états et le secteur privé souhaitent pouvoir continuer à « compenser » leurs émissions de GES (au lieu de les réduire), par exemple en finançant un projet « vert » dans un pays en développement. Cette approche par le marché revient à considérer la nature comme un bien économique, ce qui pose de vraies questions en terme éthiques et spirituels.
Ultime combat de la société civile dans la construction de cet accord qui risque d’être non satisfaisant : faire émerger l’objectif de sécurité alimentaire et la question du respect des droits humains et obtenir un engagement des états à mettre en cohérence leur action climatique avec ces enjeux décisifs et à opérationnaliser cet engagement dans les décisions et mécanismes liés à l’accord.
Le CCFD-Terre Solidaire fait le choix d’être à la fois « dedans », c’est à dire dans les négociations, et « dehors », dans la dynamique de mobilisation citoyenne
« Dedans » parce que les négociations onusiennes présentent l’intérêt d’assurer une représentation et une participation de tous les pays et ne doivent pas être sacrifiées au profit d’accords exclusifs, asymétriques, ignorant ou excluant les plus vulnérables. « Dedans » parce qu’il est essentiel de ne pas laisser le champ libre aux intérêts et lobbys privés qui accaparent de plus en plus ces négociations onusiennes. « Dedans » parce que, si l’accord de Paris ne sera très probablement pas à la hauteur des enjeux, il reste des batailles essentielles à mener et à gagner sur l’agenda des négociations décrit ci-dessus.
« Dehors » parce que nous partageons le constat partagé au sein de la Coalition climat 21 [[Collectif national qui regroupe des acteurs divers de la société civile, d’Attac à Coordination Sud en passant par les ONG Environnement, les syndicats et le CCFD-Terre Solidaire : http://www.coalitionclimat21.org]], malgré la diversité et les différences d’approches et modes d’action de ses membres : rien ne sera possible sans mobilisations des opinions publiques et des réseaux militants. « Dehors » parce que le CCFD-Terre Solidaire est convaincu que la réponse à la crise climatique doit venir à la fois des négociations et de la mobilisation citoyenne pour contribuer à faire bouger les lignes.
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