Les enjeux de la visite du pape au Pérou et en Amazonie
Du 18 au 21 janvier 2018, le pape François se rendra au Pérou. Une visite importante dans ce pays très inégalitaire, qui a aussi donné naissance à la Théologie de la libération en faveur des pauvres et des exclus. Le pape a notamment prévu de rencontrer les communautés indigènes en Amazonie et de se rendre dans la ville de Trujillo, récemment frappée par des inondations exceptionnelles.
Un voyage en 3 étapes : Lima, Puerto Maldonado et TrujilloLa préoccupation du pape à l’égard de l’Amazonie
Le pape François se rendra pour la première fois en Amazonie, dans la ville de Puerto Maldonado à l’est du pays. Il y rencontrera plusieurs peuples indigènes. Selon ses propres mots dans l’encyclique Laudato Si, cette région amazonienne revêt une importance « pour toute la planète et l’avenir de l’humanité » car elle est l’un des « poumons de la planète plein de diversité ». En lien avec la doctrine sociale de l’Eglise, l’enjeu est de contribuer à la défense des peuples marginalisés de l’Amazonie, en particulier les indigènes, souvent oubliés ou sans perspective d’avenir. Aujourd’hui, c’est toute la région amazonienne et les habitants de sa forêt qui sont soumis à la pression constante d’énormes intérêts économiques internationaux. La région de Puerto Maldonado souffre en particulier de l’exploitation minière illégale qui a causé une très forte déforestation.Promouvoir l’unité et l’espérance dans un pays de contrastes et de divisions
Le Pérou est un pays de contrastes géographiques avec ses sommets andins, sa jungle amazonienne et sa côte désertique très peuplée. Ces contrastes se retrouvent au sein de la société et de l’Eglise péruvienne. Le message officiel retenu par le Vatican pour cette visite papale est :« Unidos por la esperanza » (Unis dans l’espérance)Un défi pour le Saint Père alors que le pays se divise autour de la grâce accordée par le président péruvien à son prédécesseur : Alberto Fujimori avait été condamné pour crimes contre l’humanité. L’affaire suscite un vif débat au sein de la société et de l’Eglise péruvienne. D’un côté les « partisans du pardon », de l’autre ceux qui dénoncent l’impunité et même l’insulte faite à la souffrance des victimes du conflit armé.
« Nous qui n’habitons pas ces terres, nous avons besoin de votre sagesse et de votre connaissance pour pouvoir pénétrer, sans le détruire, le trésor que renferme cette région. » « Réaffirmer avec vous une option sincère pour la défense de la vie, pour la défense de la terre et pour la défense des cultures. »« Probablement, les peuples autochtones amazoniens n’ont jamais été aussi menacés sur leurs territoires qu’ils le sont présentement. L’Amazonie est une terre disputée sur plusieurs fronts : d’une part, le néo-extractivisme et la forte pression des grands intérêts économiques qui convoitent le pétrole, le gaz, le bois, l’or, les monocultures agro-industrielles. D’autre part, la menace visant ses territoires vient de la perversion de certaines politiques qui promeuvent la ‘‘conservation’’ de la nature sans tenir compte de l’être humain et, concrètement, de vous, frères amazoniens qui y habitez. Nous connaissons des mouvements qui, au nom de la conservation de la forêt, accaparent de grandes superficies de terre et en font un moyen de négociation, créant des situations d’oppression des peuples autochtones pour lesquels, le territoire et les ressources naturelles qui s’y trouvent deviennent ainsi inaccessibles. »
« Nous devons rompre avec le paradigme historique qui considère l’Amazonie comme une réserve inépuisable des États sans prendre en compte ses populations. »
« La reconnaissance et le dialogue seront la meilleure voie pour transformer les relations historiques marquées par l’exclusion et la discrimination. »« En contrepartie, il est juste de reconnaître qu’il existe des initiatives porteuses d’espérance qui naissent dans vos propres rangs et dans vos organisations et permettent que les peuples autochtones eux-mêmes ainsi que les communautés soient les gardiens des forêts, et que les ressources produites par la sauvegarde de ces forêts reviennent comme bénéfice à leurs familles, pour l’amélioration de leurs conditions de vie, pour la santé et l’éducation de leurs communautés. Ce ‘‘bien-faire’’ se trouve en syntonie avec les pratiques du ‘‘bien-vivre’’ que nous découvrons dans la sagesse de nos peuples. Et permettez-moi de vous dire que vraiment, pour certains, vous êtes considérés comme un obstacle ou une ‘‘gêne’’ ; en vérité, par votre vie, vous constituez un cri pour qu’on prenne conscience du mode de vie qui ne parvient pas à limiter ses propres coûts. Vous êtes la mémoire vivante de la mission que Dieu nous a donnée à nous tous : sauvegarder la Maison commune. »
« La reconnaissance de ces peuples – qui ne peuvent jamais être considérés comme une minorité, mais comme d’authentiques interlocuteurs – et de tous les peuples autochtones nous rappelle que nous ne sommes pas les propriétaires absolus de la création. »
« La culture de nos peuples est signe de vie. L’Amazonie, outre qu’elle constitue une réserve de biodiversité, est également une réserve culturelle que nous devons sauvegarder face aux nouveaux colonialismes. »
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