Les nouveaux ODD seront-ils à la hauteur des enjeux ?
Les Objectifs de développement durable (ODD) seront adoptés lors du Sommet des Nations unies qui se tiendra à New York du 25 au 27 septembre. Ils prendront la suite des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) lancés en 2000 et fixeront le cap de l’agenda jusqu’à 2030.
Alors que les inégalités dans le monde continuent de se creuser et que 600 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de la faim sous l’effet des dérèglements climatiques d’ici à 2080, les enjeux sont de taille. Si le CCFD-Terre Solidaire se félicite de l’adoption d’objectifs universels, applicables à tous, il s’inquiète cependant qu’ils ne soient pas contraignants et s’interroge sur la cohérence des ODD avec les autres politiques pour permettre d’engager l’ensemble des pays dans une trajectoire de développement durable.
Les OMD ont certes permis de donner un cadre commun aux enjeux de développement ces 15 dernières années, et de faire reculer l’extrême pauvreté, mais les progrès sont très inégaux : l’Afrique, l’Asie du Sud et les pays les moins avancés en général restent des régions peu touchées par ces évolutions. De même, les inégalités entre pays et à l’intérieur des pays se sont fortement creusées ces dernières années. Dans ce contexte, le CCFD-Terre Solidaire se réjouit que contrairement aux OMD, les nouveaux ODD soient universels, c’est-à-dire applicables à l’ensemble des pays du monde, riches comme pauvres. « Chaque pays devra ainsi décliner nationalement les objectifs, ce qui amènera une mobilisation à tous les niveaux », souligne Caroline Dorémus-Mège, directrice du plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire. Le CCFD-Terre Solidaire salue également le fait que la question environnementale soit partie prenante des ODD : fruit d’un éveil des consciences depuis la conférence Rio + 20, la durabilité ne peut plus aujourd’hui être dissociée de la notion de développement.
L’universalité des ODD exige cependant une redevabilité des Etats. Le CCFD-Terre Solidaire regrette que ces nouveaux objectifs ne soient en rien contraignants. « Comment garantir alors que les plans d’action nationaux comprendront des engagements mesurables et des échéances ? », s’interroge Caroline Dorémus-Mège. A ce jour, la définition des indicateurs de suivi et d’évaluation n’est pas aboutie.
Par ailleurs, la réussite des ODD tiendra à la cohérence des politiques mises en œuvre au niveau mondial et national : les politiques de coopération, commerciale, fiscale, environnementale, énergétique ou agricole doivent converger dans cette optique. L’enjeu est déterminant.
Autre sujet de préoccupation : la question des moyens. La mobilisation de sources de financement pour le développement continue à se réduire. En effet, les pays riches n’honorent pas ou partiellement leurs promesses d’aide au développement, ne permettant pas d’avancées majeures en matière de financements innovants, et déléguant de façon toujours plus évidente les politiques de développement au secteur privé, sans garde-fous suffisants. « Après les résultats décevants de la conférence sur le Financement du développement d’Addis Abeba en juillet dernier, il semble évident que les moyens ne seront pas à la hauteur des enjeux », conclut Caroline Dorémus-Mège.
Pour en savoir plus, lire le dossier de Faim et Développement « 2015, une année charnière pour le développement »
Contact presse : Karine Appy, 01 44 82 80 67 – 06 66 12 33 02
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