Les observateurs de la CIDSE dénoncent les violations des droits humains au Guatemala

Publié le 21.10.2014| Mis à jour le 08.12.2021

Une délégation de la Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité (CIDSE) dont est membre le CCFD-Terre Solidaire, s’est rendue au Guatemala, en juin dernier. Les visites de terrain et rencontres avec les acteurs de l’Église et de la société civile locale ont permis de dresser un portrait plutôt inquiétant sur la situation actuelle des droits humains.

La menace des méga projets

Les observateurs de la CIDSE ont tout d’abord observé que les accords de paix n’étaient pas respectés et qu’il existait une grande méfiance à l’égard du gouvernement et de l’État. L’un des exemples les plus marquants est l’augmentation du budget du Ministère de la Défense et la militarisation croissante dans les communautés qui s’opposent aux grands projets d’extraction minière. La diversité culturelle, non plus, n’est pas reconnue. « La richesse culturelle n’a pas été acceptée et l’on note l’imposition d’une culture homogénéisée », souligne ainsi l’Evêque irlandais, Mgr Conolly. Les observateurs ont également noté qu’il existait « une division entre les communautés et les peuples indigènes, favorisée par des acteurs externes et parfois même internes qui exacerbent les différences historiques. »

La situation des défenseurs des droits humains est également très préoccupante.

Les observateurs de la CIDSE ont ainsi noté « une recrudescence de la criminalisation, des persécutions et des intimidations des défenseurs des droits humains de la part d’acteurs ne faisant pas partie de l’État, comme les entreprises, les corps privés de sécurité et, dans certains cas, de l’État lui-même. » La situation est encore plus délicate pour ceux et celles qui osent revendiquer le droit à la consultation préalable des communautés. Cette modalité est pourtant obligatoire avant l’installation d’entreprises privées nationales et internationales souhaitant développer des projets miniers, pétroliers, hydroélectriques ou des monocultures destinées à la production d’agrocarburants. Ces méga projets représentent pourtant « une grave menace pour la vie, le territoire et les droits des communautés indigènes, en particulier le peuple Maya », ont souligné les interlocuteurs guatémaltèques.

De nombreuses préconisations

En plus de nier ce droit à la consultation préalable, les communautés qui risquent d’être impactées par les méga projets n’ont souvent même pas accès à l’information sur ce qui va advenir de leurs terres. Pourtant, les conséquences sont souvent catastrophiques. Le rapport de la visite des membres de la CIDSE indique quelques uns des effets pervers de telles pratiques : « violation du droit à l’alimentation, à l’accès à la terre, à l’éducation et aux services publics de base… » Sans oublier les déplacements forcés de communautés. « Ce modèle d’extraction destiné essentiellement à l’exportation existe depuis le colonialisme, n’ont pas manqué de rappelé les interlocuteurs guatémaltèques. Mais il s’est consolidé à travers des accords commerciaux signés avec les États Unis et l’Union Européenne. »

Face à ces nombreux problèmes, auquel se rajoute un climat de violence qui touche toujours autant les femmes, les membres de la délégation de la CIDSE ont préconisé un certain nombre de recommandations. Certaines sont adressées à l’État guatémaltèque, comme, notamment, « garantir la construction d’un État de Droit », « mener à bien une politique de développement rural intégral en concertation avec la société civile » ou encore « respecter les engagements légaux nationaux et internationaux ratifiés par le Guatemala sur les droits humains ». La CIDSE encourage par ailleurs l’Église locale « à continuer son travail d’accompagnement et de solidarité en faveur des populations les plus défavorisées et exclues du pays. »

A l’attention de la société civile, la délégation préconise, entre autre, de « promouvoir l’union et la coordination (…) pour lutter en faveur de la protection de la nature et des droits humains. » L’Union Européenne est aussi interpellée, en particulier sur la nécessité de « conditionner les investissements, qu’ils proviennent d’entreprises ou d’états, au respect des droits humains, sociaux et environnementaux. » Enfin, aux membres du réseau CIDSE, la délégation insistent sur la nécessité de « promouvoir les espaces de négociation et de dialogue » et « continuer à appuyer le travail de terrain permettant la prise de conscience (…) de la situation des droits de l’homme ». Et de lui donner une plus grande visibilité.

Jean Claude Gérez

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