Les pays pauvres sont exclus du G20.
Le CCFD-Terre solidaire a réuni, place de la Bourse à Paris, ce jeudi 12 mars, en fin de matinée, 40 représentants d’Ongs du Sud. Ils dénoncent le manque de prise en compte au G20 des pays pauvres, qui seront les plus touchés par la crise.
« Penser que la crise financière se règlera au G20, et que les Nations unies avec les Ong assumeraient les conséquences et les dégâts sur les pays en développement, équivaut à penser que le G20 et les grands décideurs vivent sur une planète, et que le reste de l’humanité vit sur une autre. » Antoine Malafosse délégué général du CCFD-Terre solidaire.
Les populations des pays pauvres vivent la crise depuis plus de 30 ans et subissent les conséquences d’un système économique international aveuglé par l’appât du gain : mise en concurrence des législations sociales, environnementales et fiscales, spéculation sur les matières premières, privatisations dictées par le FMI de services essentiels, confiscation de la rente pétrolière, fraude fiscale massive. Et pourtant pour la plupart, ils sont exclus du G20.
G20 : les pays pauvres sont exclus de la prise de décision
Les pays riches ont imposé le G20 comme cadre de concertation internationale pour négocier les réponses politiques à la crise financière. Les chefs d’Etat du G20 se réunissent à Londres le 2 avril prochain Leurs ministres des Finances tiennent une rencontre préparatoire le 14 mars à Londres. Le G20 représente certes près des deux tiers du commerce et de la population mondiale, mais il laisse de côté 172 pays. Où est passée l’ONU ?
G20 : les pays pauvres ne sont pas à l’ordre du jour
On veut sauver le système financier international. Mais que fait-on pour les pauvres ?
Extrait d’une déclaration de 54 réseaux d’organisations de la société civile asiatiques : « Les réponses envisagées ont pour objectif principal de restaurer les profits des entreprises. Ils veulent prendre des mesures le plus rapidement possible pour sauver un petit nombre de géants financiers. Ils mobilisent et engagent des milliards de dollars pour renflouer les banques, restaurer la confiance dans le système financier et éviter le pire. Sans surprise, aucune commune mesure n’a été prise pour aider les pays en développement ainsi que les millions de personnes pauvres ».
Crise financière : les pays pauvres sont les premières victimes
« La crise actuelle va affecter tous les pays, mais ceux qui souffriront le plus seront probablement ceux qui en sont les moins responsables : les plus pauvres », Ban Ki Moon, Secrétaire Général des Nations Unies.
Impact de la crise sur les pays pauvres :
- Réduction des exportations et baisse des prix : le déficit de croissance pourrait coûter 414 milliards de dollars pour la période 2008-10. (Action Aid, 2008).
- Chute des investissements privés : la Banque mondiale chiffre entre 270 et 700 milliards de dollars le déficit de financement pour les pays en développement.
- Diminution des transferts financiers des migrants. Selon la CNUCED, « La misère va s’aggraver, surtout dans les pays où cet argent constitue un pourcentage important du PIB comme au Bangladesh (10%), à Haïti (20%) ou au Honduras (25%) ».
- Coupes dans les budgets d’aide publique au développement des pays riches. La France a baissé de 55% ses subventions à l’Afrique Subsaharienne entre 2008 et 2009.
- 20 millions de chômeurs de plus dans le monde d’ici à la fin 2009. Le nombre de travailleurs pauvres (moins de 2 dollars par jour) pourrait atteindre 100 millions. (BIT)
Pour le CCFD-Terre solidaire cette crise démontre la faillite du système économique et financier international, le renflouer sans changer son fonctionnement ne pourra apporter de réponses satisfaisantes aux attentes des populations qui souffrent de plus en plus des effets de la crise.
- C’est à l’ONU de décider de la réponse à apporter à la crise. Nous attendons que les chefs d’Etat s’engagent avec la même énergie dans la conférence prévue à ce sujet du 1er au 4 juin à New York. Il est temps que les pays pauvres aient voie au chapitre, eux qui subissent les conséquences d’une crise à laquelle ils ne sont pour rien.
- Un contrôle démocratique sur l’économie mondiale. Aucune régulation n’est possible si on n’en finit pas avec les paradis fiscaux, qui organisent le contournement des lois. L’activité bancaire de base doit être reconnue comme un service d’intérêt général et faire l’objet des contrôles appropriés.
- Répartir autrement les richesses : entre les pays, au sein des pays et au sein des entreprises. Il serait criminel de renoncer à augmenter l’aide au développement à cause de la crise. Il faut créer des taxes mondiales sur les transports et les transactions financières. Il faut reconsidérer la notion de richesse pour faire de l’homme et de l’environnement l’étalon de notre système.
Les 40 représentants des organismes partenaires du CCFD-Terre solidaire qui se trouvent en France actuellement sont la preuve vivante, comme les 600 autres partenaires qu’il soutient à travers le monde, que des millions de femmes et d’hommes font plus que rester debout : ils font avancer chacun leur communauté vers un monde plus juste, plus solidaire, pleinement humain.
Photos : Françoise Larsonneur du CCFD-terre solidaire
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