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Les sociétés civiles parlent d’une seule voix contre l’exploitation minière

Publié le 19.06.2019| Mis à jour le 07.12.2021

A la fin 2018, le premier Forum social mondial relatif à l’exploitation minière et à l’économie extractiviste s’est tenu à Johannesburg. Nicola Bullard, responsable du service Asie au CCFD-Terre Solidaire, était présente. Elle témoigne.


29816-salarie_e_du_ccfd-terre_solidaire_2015-013-sacha_lenormand_ccfd-terre_solidaire2.jpgComment lutter contre les conséquences humaines et environnementales dramatiques de l’exploitation minière ? Comment construire des alternatives à ce modèle économique ultra libéral ? Cet immense défi a rassemblé pour la première fois en Afrique du Sud des centaines de participants originaires d’Afrique, d’Amérique Latine et du Nord, d’Asie, d’Europe : des représentants de communautés locales ou paysannes, de peuples autochtones, de mouvements citoyens, d’ONG, de syndicats, d’associations de femmes, d’organisations religieuses engagées, d’universitaires, de pêcheurs…

Ce n’était pas ma première visite en Afrique du Sud, mais certainement l’une de mes expériences les plus riches dans ce pays. La vie à Johannesburg n’est pas réputée pour être un long fleuve tranquille. L’insécurité est souvent évoquée. Mais cette ville bouillonne aussi d’énergie ! Notamment à travers sa jeunesse, née après l’apartheid, particulièrement militante et engagée. La musique et la danse ont rythmé la très belle cérémonie d’ouverture qui a réuni plus de 500 personnes. Je me suis dit que nous avions toutes et tous beaucoup à apprendre des Sud-Africains pour insuffler vitalité et joie en matière de politique et de résistance !

Plus d’une vingtaine de participants sont venus d’Asie, dont plusieurs partenaires du CCFD-Terre Solidaire. La question de l’économie minière avait déjà fait l’objet d’une rencontre inédite en Indonésie au mois de septembre 2018, à l’initiative de plusieurs organisations, notamment du collectif philippin Lilak consacré à la défense des droits humains des femmes indigènes, que nous soutenons. Ce premier travail en commun leur a permis, une fois à Johannesburg, de réaliser qu’une dynamique mondiale contre l’extractivisme – ce mode d’accumulation de richesses reposant sur l’exploitation à grande échelle de la nature destinées principalement à l’export – était non seulement possible mais essentielle.

Car, si les réalités et les contextes des communautés qui y sont confrontées diffèrent, les conséquences, elles, sont très souvent similaires : un accaparement de la terre et de l’eau, une souveraineté alimentaire constamment menacée, des problèmes de santé notamment dû à la pollution et des conditions de travail dangereuses… Ces communautés font aussi face aux mêmes acteurs : industries, multinationales et banques de développement. Celles-ci n’hésitent pas à les manipuler, voire les menacer et les persécuter quand elles se défendent et s’opposent aux projets miniers. Rares sont les autorités locales qui les soutiennent, quand elles ne jouent pas le jeu adverse.

A lire : Pérou : La mine empoisonne la vie des paysans andins

Les nombreux échanges et analyses ont conduit toutes ces personnes actrices des sociétés civiles de par le monde à une volonté de construire ensemble, de partager une même vision politique quelles que soient leurs différences culturelles et religieuses, d’être solidaires.

Les femmes en première ligne

C’est ce que je retire des ateliers auxquels j’ai participé, notamment celui sur les femmes et les industries extractives. Les femmes qui, de manière générale, ne sont pas passées à côté de l’événement, bien au contraire ! Particulièrement visibles et déterminées, elles ont pris la parole. Et à raison : au sein des communautés, elles sont en première ligne, obligées de défendre leurs droits, de lutter pour survivre. Les hommes n’ont, eux, souvent pas d’autre choix que de partir travailler en ville.

Le rôle et la place des femmes dans cette lutte sont d’ailleurs particulièrement soulignés dans la déclaration finale du forum « Notre droit de dire non » (#Right2SayNo) : cette campagne commune affirme le droit des communautés à s’opposer à l’exploitation minière et à l’économie extractiviste. Elle exige la souveraineté des peuples, le démantèlement du pouvoir des multinationales et la fin de leur impunité, malgré les violations des droits humains dont elles sont fréquemment responsables.

Et si une deuxième édition, envisagée dès 2020, se déroulait en Asie ? Tous les participants asiatiques répondraient présents !

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