L’évangélisation et la charité, conditions d’une foi vivante

Publié le 27.01.2014

Un devoir : « Allez et faites des disciples » (cf. Mt 28, 19-20). L’appel est clair, Jésus confie à tous les baptisés cette mission de proclamation du Royaume qu’il est venu inaugurer. Comment ceux qui ont fait l’expérience qu’il est bon de croire pourraient-ils se dérober à cet appel ? Comment ne désireraient-ils pas, du plus profond d’eux-mêmes, que chacun fasse cette même expérience ? Évangéliser, c’est faire en sorte que le trésor de la foi soit partagé avec le plus grand nombre, que personne n’en soit exclu. C’est une affaire de foi et de charité.


L’évangélisation n’est pas l’affaire de quelques spécialistes. Elle doit mobiliser tous les chrétiens et découle de la consécration baptismale : la foi veut être communiquée. « Annoncer l’Évangile en effet n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est une nécessité qui m’incombe oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! », s’exclame saint Paul (1 Co 9, 16). « L’Église existe pour évangéliser »,
affirme Paul VI [[Paul VI, Evangelii Nuntiandi. Exhortation apostolique sur l’Évangélisation dans le monde moderne, n° 14 (1975).]]. Mais pour que son message soit crédible, elle doit, elle-même, être évangélisée. Elle doit approfondir le message dont elle est dépositaire et aider chacun de ses membres à y conformer davantage son existence.

Un droit

À ce devoir correspond un droit que revendique l’Église puisque l’Évangile est un bien pour tout homme, qu’il est source d’enrichissement et de liberté, rien ne peut justifier les entraves à sa diffusion. « Toute personne a le droit d’entendre la Bonne Nouvelle de Dieu, qui se fait connaître et qui se donne dans le Christ, afin de réaliser pleinement sa vocation », affirme Jean-Paul II dans sa lettre encyclique sur la mission [[Jean-Paul II, Redemptoris missio. Lettre encyclique sur la valeur
permanente du précepte missionnaire, n° 46 (1990).]]. Tous les hommes ont le droit de connaître Jésus-Christ et son Évangile. Évangéliser, c’est donc rendre un service pour le bien de chacun et de tous. Proposer à d’autres ce que l’on tient pour vrai pour soi-même afin qu’ils puissent eux aussi y adhérer, n’est pas une entrave à la liberté et n’exclut pas le respect d’autrui.

Conversion personnelle

Évangéliser, ce n’est pas seulement enseigner une doctrine, mais annoncer Jésus-Christ par la cohérence de sa vie. « On est missionnaire avant tout, par ce que l’on est, en tant que membre de l’Église qui vit profondément l’unité dans l’amour, avant de l’être par ce que l’on dit ou par ce que l’on fait » [[Ibid., n° 23.]]. À la base de la transmission, il y a une expérience du Christ qui pousse à l’annoncer, à partager ce qu’on a vécu, à être artisan d’un monde plus juste et plus fraternel, plus conforme à l’Évangile. Le synode des évêques qui s’est rassemblé à Rome en octobre 2012, sur le thème de la nouvelle évangélisation, a souligné l’urgence de la conversion qui, seule, donne au témoignage du chrétien son authenticité. L’évangélisation a pour but la conversion personnelle et collective des hommes, de leurs activités, de leur vie et de leur milieu.

L’Évangile et l’engagement dans la promotion de la justice et dans la construction de la paix sont indissociables. Mais toute institution qui se réclame de l’Église doit garder à l’esprit que tout ce qu’elle entreprend doit aider les hommes à rencontrer le Christ dans la foi.

Engagement social et évangile

Le seul « habit » qui convienne à l’évangélisation, insistait alors le pape Benoît XVI au cours de ce synode, c’est la charité, « la force la plus grande qui doit brûler dans le coeur d’un chrétien » [[Benoît XVI, Méditation lors du synode des évêques sur la nouvelle évangélisation, 8 octobre 2012, Rome]]. Cette charité doit marquer tout ce que l’Église entreprend : « Là où nous n’apportons aux hommes que des connaissances, le savoir-faire, des capacités techniques et des instruments, nous apportons trop peu » [[Benoît XVI, Homélie du 10 septembre 2006]], expliquait Benoît XVI en 2006. Le pape François ne dit pas autre chose quand il dit que « l’Église n’est pas une ONG ». Non pas qu’elle doive se désintéresser du social. L’Évangile et l’engagement dans la promotion de la justice et dans la construction de la paix sont indissociables. Mais toute institution qui se réclame de l’Église doit garder à l’esprit que tout ce qu’elle entreprend doit aider les hommes à rencontrer le Christ dans la foi. Cela peut se faire par une annonce explicite du Royaume de Dieu mais aussi par la manifestation, dans ses lieux propres, en toute gratuité et de manière désintéressée, de l’amour du Christ pour les gens.


Une évangélisation toujours nouvelle

Le thème de la « nouvelle évangélisation » a été central sous les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Il n’a pas toujours été bien compris, certains y voyant une remise en cause des options pastorales engagées par le passé. En réalité, la dynamique de la nouvelle évangélisation veut répondre au défi de l’annonce de la foi à des hommes et des femmes vivant des cultures de plus en plus étrangères à la foi chrétienne. De fait, l’Église est provoquée à inventer de nouvelles manières de faire, y compris dans le domaine de la charité, en fidélité à l’Évangile qui témoigne de part en part que Dieu ne cesse de susciter des choses nouvelles.

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