L’évangélisation et le développement, entre ciel et terre

Publié le 27.01.2014

Le concile Vatican II, dont nous fêtons le cinquantenaire, a fortement réhabilité
l’engagement concret des chrétiens dans la transformation du monde. Il rappelle que
« l’activité humaine, individuelle et collective, ce gigantesque effort par lequel les hommes, tout au long des siècles, s’acharnent à améliorer leurs conditions de vie, correspond au dessein de Dieu » (Gaudium et spes, § 34). S’il prend soin d’indiquer la différence entre la « croissance du Règne de Dieu » et le « progrès social », il met en valeur une certaine analogie entre les deux (id. § 39). C’est dire que l’un ne va pas sans l’autre. De ce fait, le salut chrétien ne peut plus être référé à un « ciel » sans rapport avec la « terre ».


Ceci contraste avec une tendance lourde du monde chrétien à concevoir le salut en termes d’« au-delà », de telle façon que ce qui est mis en œuvre par le travail est sans pertinence face au « jugement dernier ». Les critères d’accès au « ciel » seraient plutôt de l’ordre de l’accomplissement des commandements (de Dieu et de l’Église), sans que cela soit mesuré à l’aune d’une amélioration concrète de la vie des hommes et des femmes. Il est vrai que les mouvements d’Action catholique avaient déjà contribué à mettre en cause une telle spiritualisation de la vie chrétienne. Mais, aujourd’hui où une mentalité de crise pourrait inciter les chrétiens à se désintéresser à nouveau de la cité terrestre, il est bon de se rappeler l’invitation conciliaire.

Tout geste qui remet debout a une saveur évangélique

Dans le sillage du Concile, à l’occasion de leur 32e Congrégation générale (1975), les jésuites ont adopté un programme qui tient dans cette proposition : l’annonce de la foi ne va pas sans la promotion de la justice. Ce n’est pas que la première se réduise à la seconde ou lui soit simplement subordonnée. Mais on ne peut prétendre annoncer l’Évangile sans tenter, avec l’aide de Dieu, de promouvoir une meilleure justice entre les hommes.

Pour ne pas en rester à un slogan, un tel mot d’ordre doit recevoir des applications concrètes. Le premier exemple que je prendrai est celui des réfugiés. Le Père Pedro Arrupe, à l’époque supérieur général des jésuites, a décidé en 1980 de créer un « Service Jésuite des Réfugiés » (en anglais JRS) pour accueillir les personnes déplacées dans quelque région que ce soit, et « œuvrer dans les situations d’urgence et là où personne d’autre n’œuvre ». Cette ONG est certes modeste, mais sa valeur est reconnue.

Dans le même ordre d’idées, de nombreux jésuites sont engagés dans des processus de réconciliation. Je donnerai comme seul exemple celui du Père Francisco de Roux, actuel supérieur provincial de Colombie. Son action consiste à promouvoir, dans la région Magdalena Medio, plusieurs centaines de projets, éducatifs, agricoles, environnementaux, dans une région très pauvre, dont la population est soumise aux exactions de milices paramilitaires.

« L’activité humaine, individuelle et collective, ce gigantesque effort par lequel les hommes, tout au long des siècles, s’acharnent à améliorer leurs conditions de vie, correspond au dessein de Dieu. » – gaudium et spes, § 34

Ces engagements pour la justice prennent sens dans une visée de développement de l’humain, personnes et sociétés. Le développement est la croissance vers un accomplissement de l’humain, qui suppose l’établissement de relations de confiance réciproque, dont la justice est une condition nécessaire. Dans le champ théologique, on peut penser aux guérisons évangéliques, comme une référence pour l’agir chrétien. Jésus manifeste la présence du Règne de Dieu en remettant debout et en permettant aux personnes de marcher par elles-mêmes. La Bonne nouvelle est à l’œuvre dans ceux qui continuent aujourd’hui son œuvre. Ces entreprises sont certes provisoires, marquées d’ambiguïtés, elles n’en sont pas moins des expressions sans lesquelles l’évangélisation resterait une abstraction.

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