Maria de Oliveira, Brésil
La démocratie brésilienne ouvre des espaces de démocratie : participation locale, initiative populaire. À la société civile de les faire vivre.
Il faut monter que la participation populaire peut faire changer les choses
Paris, le 5 mars 2005
La Constitution brésilienne de 1988 a signé, pour notre époque, le retour à la démocratie. Elle recèle toujours — les mouvements sociaux en ont-ils suffisamment conscience ? —, un puissant potentiel de changement de la société brésilienne, et il faut retourner à la source de son inspiration.
Dénommée la « Constitution citoyenne », elle a créé de nombreux espaces pour la participation démocratique qui nous permettent de passer de la logique de la revendication et de la conscientisation — auxquelles se consacrent de nombreuses ONG au Brésil — à l’étape de la proposition. Elle instaure notamment l’obligation de créer, aux échelons fédéral, régional et municipal, des « conseils sectoriels » mixtes exécutif-société civile pour chaque secteur d’activité. C’est là que réside l’origine d’expériences très innovatrices comme les budgets participatifs — dont on recense plus de 150 aujourd’hui.
Une loi contre la corruption électorale
La participation de la population à ce type d’instance est un enjeu important, car les gens ne connaissent pas leurs droits, au Brésil. C’est pourtant à la suite d’initiatives populaires permises par la Constitution que le pays s’est doté d’une loi contre la corruption électorale, ou encore la loi sur le statut de la ville, une vraie conquête qui a mis 10 ans pour aboutir, et qui offre aux citoyens un espace pour débattre du développement urbain. Autre exemple, la loi de probité administrative. Importante mais très mal connue. Elle sanctionne l’usage incorrect de l’argent public, le détournement de services municipaux à des fins personnelles…
Nous l’avons utilisée à Lagoa Seca, dans l’État de la Paraíba pour dénoncer des malversations du maire, qui a été condamné, et qui a par la suite échoué dans sa tentative d’être réélu. Tous les ans, nous épluchons les comptes de la municipalité, et nous diffusons nos observations à la société civile. Il faut faire connaître la loi, pour montrer que l’on peut l’utiliser et obtenir des résultats.
L’échelon municipal est d’ailleurs celui sur lequel il faut concentrer le plus d’efforts, car c’est au niveau local que le degré de corruption est le plus important, et c’est aussi celui où la population peut vraiment jouer le rôle de contre-pouvoir. Il faut notamment investir les conseils sectoriels, pour ne pas les laisser aux mains des exécutifs locaux qui les manipulent.
Propos recueillis par Patrick Piro
Maria de Oliveira est coordinatrice du Centre d’action culturelle (Centrac), à
Campina Grande dans l’État de la Paraíba
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