Migrants, dépasser ses peurs pour accueillir

Publié le 17.05.2018| Mis à jour le 08.12.2021

Au départ hésitante, Sylvie, assistante familiale, accueille chez elle depuis 2016 des jeunes mineurs isolés, à la demande de l’Aide sociale à l’enfance.


Lorsque pour la première fois, fin 2016, l’Ase lui demande d’accueillir, dans sa maison en pleine montagne, un jeune migrant, Sylvie, assistante familiale depuis vingt ans, hésite. Pour cette professionnelle chevronnée, c’est un saut dans l’inconnu. « Mes deux plus jeunes ados sont encore à la maison, et j’ai eu peur de mettre ma famille en danger. » Des craintes alimentées, reconnaît-elle, par les informations entendues à la radio, car dans ce coin isolé de l’Ardèche, il n’y a pas beaucoup de migrants. « J’ai beaucoup prié. Je me suis dit : il faut prendre le risque. Dieu veille et te protège. »

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Le jeune Malien de 15 ans qu’elle reçoit en urgence, ne va pas bien. Son histoire est difficile et son premier séjour en famille d’accueil s’est mal passé. « Au début, il ne dormait pas, ne mangeait pas beaucoup. » Par chance, l’adolescent est dans le même collège que son fils et, comme beaucoup de ces jeunes migrants, il a acquis une forte capacité d’adaptation. Pris en charge très jeune par l’Ase, il devrait, souligne Sylvie, être régularisé à sa majorité [[Un mineur, confié à l’Ase au plus tard à 16 ans, peut obtenir une carte de séjour temporaire à sa majorité, s’il a suivi une formation régulièrement, en fonction de la nature de ses liens avec sa famille et de l’avis de la structure d’accueil sur son insertion. Pour ceux arrivés après 16 ans, la régularisation est accordée ou non par le préfet en fonction de ces trois critères.]].

Quelques mois plus tard, l’Ase lui confie un autre Malien. Mais, comme tous les jeunes arrivés après 16 ans, lui n’est pas sûr d’être régularisé à sa majorité. Une incertitude qui pèse très lourd. « Je lui explique que s’il doit retourner au Mali, c’est une chance d’avoir suivi cette formation d’agent de restauration à Annonay. Lui, qui a fui l’extrême pauvreté, il pourra trouver un vrai travail en rentrant au pays. »

« Je lui explique que s’il doit retourner au Mali, c’est une chance d’avoir suivi cette formation d’agent de restauration à Annonay. Lui, qui a fui l’extrême pauvreté, il pourra trouver un vrai travail en rentrant au pays. »

Tous deux pensionnaires – le plus jeune suit un CAP en bâtiment à Romans – ils rentrent tous les weekends. Pour faciliter leur intégration, Sylvie les emmène souvent au cinéma ou à des expos. « Ils s’intéressent à tout, se réjouit Sylvie. Ils sont très serviables, on sent qu’ils ont des références sociales solides et ne posent pas de problèmes relationnels. »

Des différences culturelles fortes

Religion, place des femmes, éducation, nourriture, les différences culturelles sont importantes et obligent les deux parties à s’adapter, souligne Sylvie. « Chez eux au Mali, ce sont les adultes qui décident de tout. L’enfant dit toujours oui. Ils ont du mal à prendre leur place. Le rôle de la femme est, lui aussi, différent. Mais ils ont du respect pour moi et mon mari, le respect dû aux anciens. »

Pour elle, les différences religieuses ne sont pas un obstacle, au contraire : « Ça nous rapproche. Nous, les chrétiens, nous avons des valeurs communes avec les musulmans. La base essentielle entre nous, c’est le respect mutuel. »

« Ils ne s’attendent pas au rejet de certaines personnes. Pour eux, c’est dur. »

Ces jeunes, arrivés avec « une vision très idéalisée de la France » ne sont pas préparés à la violence du racisme ordinaire : « Ils ne s’attendent pas au rejet de certaines personnes. Pour eux, c’est dur. » Des attitudes qui choquent Sylvie, tout comme les amalgames faciles : « Quand les musulmans, comme ces jeunes, connaissent les valeurs de leur religion, il y a peu de chance qu’ils tombent dans le terrorisme », dit-elle.

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