Paraguay : une démocratie à construire
Responsable de la Codehupy, Oscar Ayala lutte depuis son plus jeune âge pour un Paraguay démocratique et respectueux des droits humains.
Le destin d’Oscar Ayala était écrit avant-même qu’il n’intègre la faculté de droit d’Asunción, la capitale du Paraguay. « Mes parents faisaient partie de l’opposition à la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989) », explique le secrétaire exécutif de la coordination des droits humains du Paraguay (Codehupy), partenaire du CCFD-Terre Solidaire. « Adolescent, je lisais déjà des ouvrages politiques sur la démocratie. Je me souviens avoir passé mon premier jour de fac dans la rue à manifester pour la fin de la dictature ! »
C’est d’ailleurs à l’université, où il prend très vite la tête d’un syndicat étudiant, qu’Oscar Ayala célèbre, en février 1989, la fin d’un des régimes militaires les plus longs et féroces de l’histoire contemporaine (plus de 3 000 morts, 1,8 million de Paraguayens en exil, soit un tiers de la population).
« Ma vocation de défenseur des droits humains, sensible aux questions sociales, est née à cette époque-là », admet l’homme de 51 ans, au regard incisif. D’autant que le travail ne manque pas dans cette démocratie à construire, où les vieux réflexes autoritaires ont la peau dure. En particulier aux dépens des peuples indigènes, largement spoliés de leurs droits et de leurs terres. L’avocat, pour qui « l’écoute est la principale qualité d’une personne », n’hésite pas à sillonner le pays pour rencontrer ces communautés qui se battent pour le respect de leurs droits.
« J’ai été frappé de constater combien il est à l’aise et proche des peuples indigènes, souligne Floriane Louvet, chargée de mission Amérique du Sud, qui l’avait accompagné en 2014 dans une communauté d’Indiens Xákmok Kásek. Il parlait leur langue, les faisait rire (…), savait tisser des liens de confiance et de proximité. Il m’avait confié sa fierté d’être leur avocat, de les représenter. Les côtoyer donne du sens à son travail au quotidien. »
Les menaces de mort se multiplient contre les défenseurs des droits humains, notamment via les réseaux sociaux.
» Après la dictature, le Paraguay est longtemps demeuré sous le joug du Parti (unique) Colorado fondé par Alfredo Stroessner » rappelle l’avocat.
Son expérience d’accompagnement des mobilisations des peuples indigènes et des organisations paysannes l’a amené à intégrer la Codehupy puis à en devenir, quelques années plus tard, le secrétaire exécutif. Depuis sa création en 2000, ce collectif regroupe 36 organisations de défense des droits humains. Son objectif ? « Développer et renforcer la culture de paix, de tolérance et de respect des droits humains. » Ce qui conduit Oscar Ayala à défendre le sort de nombreuses communautés devant la Commission interaméricaine des droits humains, mais aussi à mener des actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics.
Car être défenseur des droits humains ou sociaux au Paraguay peut s’avérer dangereux. « Les plus exposés sont les leaders syndicaux ruraux. 124 d’entre eux ont perdu la vie depuis 1989. » Les menaces de mort se multiplient, notamment à travers les réseaux sociaux. Oscar, lui-même, en a reçu.
Dans un contexte politique et social souvent agité, « l’accompagnement d’organisations internationales comme le CCFD-Terre Solidaire est important. Il nous apporte sa vision extérieure, souligne l’avocat. Et il le sera d’autant plus au sortir de cette période de pandémie, car nous nous attendons à des mesures de précarisation des droits humains et de la protection sociale ».
Une nouvelle bataille en perspective pour Oscar Ayala.
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