Paroles – Damien Geldreich

Publié le 16.03.2008| Mis à jour le 08.12.2021

L’Algérie est l’un des gendarmes de l’Europe sur la route des migrants subsahariens. Un rôle qu’elle assume aux détriment des droits humains déplore Damien Geldreich, secrétaire général de l’association « Rencontre & Développement ».

Damien Geldreich

L’Algérie est l’un des gendarmes de l’Europe sur la route des migrants subsahariens. Un rôle qu’elle assume aux détriment des droits humains déplore Damien Geldreich, secrétaire général de l’association « Rencontre & Développement ».

Paris, le 29 février 2008

A la faveur de l’accroissement de la pauvreté et des conflits dans l’espace subsaharien, les mouvements migratoires vers le Maghreb connaissent un regain d’intensité depuis les années 1990. Et avec la fermeture de la frontière extérieure de l’Europe dont les pays maghrébins sont devenus les « gendarmes », la tendance s’est accentuée. Désormais une étape obligée dans l’exode de milliers de personnes, l’Algérie, comme le Maroc et de la Libye, est devenue un pays d’immigration par « défaut ». Mais en dehors d’une grille de lecture sécuritaire, les officiels ont du mal à reconnaître la réalité des quelques 300 000 subsahariens vivant sur son territoire dans une semi-clandestinité.

Les demandeurs d’asile ne sont plus protégés

Depuis le double attentat du 11 décembre à Alger qui a tué dix employés onusiens et détruit l’immeuble du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), la délégation ne fonctionne plus. Le HCR n’a pas réouvert de bureaux et les réfugiés se retrouvent sans personne vers qui se retourner pour leurs problèmes juridiques ou matériels. Cette vacance est terrible, surtout pour les demandeurs d’asile car c’est le HCR qui s’occupe de leur dossier vis à vis des autorités algériennes et qui garantit leur protection.

La suspension de leurs activités nous concerne également car le HCR finançait une partie de nos programmes humanitaires. Résultat : nous ne pouvons plus payer la location de la maison où vivent de nombreux africains venus principalement de la République démocratique du Congo. Comme nous travaillons directement sur le terrain, ils se retournent contre nous.

Reprise des expulsions

Par ailleurs, nous avons d’énormes difficultés à maintenir le lien car les forces de sécurité ont renforcé leur présence sur tout le territoire. Les déplacements sont donc devenus très hasardeux pour les migrants. Et nous constatons ces derniers temps une reprise des expulsions.

Dernièrement, nous observons un afflux d’expulsés du Maroc, de Tunisie et de Lybie qui se retrouvent en Algérie. Le cercle vicieux des refoulés passe par la ville frontière d’Oujda au Maroc qui les expulse dans le désert algérien d’où ils sont renvoyés à Tinzawaten, le carrefour malien situé à quelques kilomètres de l’Algérie.

Une société au bord de l’explosion

Mais leur sort n’intéresse personne et il nous est difficile d’interpeller les autorités car nous restons une organisation étrangère, sans agrément. Mais ce qui préoccupe en premier lieu l’opinion algérienne, c’est le phénomène des « harraga ». Ces milliers de jeunes qui fuient l’Algérie sur de frêles embarcations qui chavirent régulièrement sont le symptôme d’une société au bord de l’explosion.

Propos recueillis par Guylaine Saffrais

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