Paul Vandewna, Cameroun
La province de Maroua se trouve confrontée à de nouveaux problèmes écologiques. Située dans l’extrême nord du pays c’est une zone naturellement sèche, mais les changements du climat et la pression démographique font peser une nouvelle menace sur l’écosystème.
L’extrême Nord du Cameroun est menacé de désertification
Depuis quelques années, la province de Maroua se trouve confrontée à de nouveaux problèmes écologiques. Située dans l’extrême nord du pays, à la frontière avec le Tchad et le Nigeria, c’est une zone naturellement sèche, mais les changements du climat et la pression démographique font peser une nouvelle menace sur l’écosystème.
Les paysans commencent à manquer de terre
La région est l’une des plus pauvres du pays. La majorité de la population vit de l’agriculture. Nous cultivons du sorgho et de l’arachide, parfois du coton. Souvent, les producteurs possèdent aussi du petit bétail : poules, moutons, chèvres. Or, la population de la province double tous les 25 ans. Comme la zone est très montagneuse, les paysans commencent à manquer de terre. Il faut donc déboiser, ce qui provoque une grave érosion des sols.
Cette menace est accentuée par les changements climatiques. Chaque année, la saison des pluies devient de plus en plus courte. Elle dure à peine trois mois, de juin à septembre. A cette période, les pluies sont très violentes. Les sols dénudés ne peuvent plus absorber l’eau. Les alluvions dévalent les pentes et dévastent les terres les plus fertiles. En plus, les nappes souterraines ne se rechargent plus. Résultat, nous manquons d’eau pendant les huit mois qui suivent. Quelques forages ont bien été réalisés pour alimenter certaines communautés, mais c’est loin d’être suffisant. Les femmes et les enfants sont donc obligés de faire des dizaines de kilomètres pour aller chercher de l’eau. Le taux de scolarisation des 8-10 ans atteint à peine 40% dans la province, contre 70% pour l’ensemble du pays.
Le Lac Tchad contient 10 fois moins d’eau qu’en 1960
Cette situation de sécheresse est vraiment préoccupante. Le lac Tchad, tout proche, contient dix fois moins d’eau qu’en 1960 ! Ce manque est imputable aux retenues d’eau qui sont faites en amont, sur les fleuves Logone et Chari, mais aussi aux bouleversements climatiques. L’extrême nord du Cameroun est maintenant vraiment menacé de désertification. Certains paysans, en particulier ceux qui cultivent le coton, sont obligés de partir vers le sud à la recherche de meilleures terres.
Malheureusement, l’Etat ne prend pas en compte cette réalité, ni la situation des paysans de l’extrême Nord. En avril 2006, le Cameroun a franchi la seconde étape de l’initiative sur les pays pauvres très endettés (PPTE), celle du « point d’achèvement ». Une grande partie de la dette a donc été définitivement annulée… sans que cela ne change rien pour nous. Pas plus que les nouvelles rentrées pétrolières, liées à l’exploitation des ressources du Tchad. Tout cela est géré de façon très opaque, sans aucune retombée sur les conditions de vie des paysans, pourtant confrontés à des difficultés croissantes.
Propos recueillis par Séverin Husson
Paris, le 16 mars 2007
Paul Vandewna est agronome, coordinateur du volet de développement rural de du Comité diocésain de développement (CDD), diocèse de Maroua-Mokolo
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