Pèlerinage oecuménique pour la justice climatique

Publié le 03.12.2015

La marche œcuménique pour la justice climatique faisait étape à Metz, les 14 et 15 novembre derniers. Lancée par les Églises protestantes et catholique d’Allemagne, en réponse à une invitation du Conseil œcuménique des Églises (COE), elle a pour but de sensibiliser les chrétiens aux enjeux de la COP 21 et de les mobiliser pour relever les défi s du réchauffement climatique.


En ce début de samedi après-midi frisquet, un petit comité chaleureux accueille à Woippy l’un des groupes du pèlerinage œcuménique pour la justice climatique. Thé, café et brioche accompagnent ce bref temps d’arrêt, avant les cinq derniers kilomètres de marche jusqu’à la cathédrale Saint-Étienne de Metz vers laquelle convergent d’autres groupes de pèlerins. Il y a là des marcheurs allemands, dont certains sont partis de la frontière danoise en septembre dernier, des marcheurs français qui les ont rejoints à leur entrée dans l’Hexagone, et d’autres venus les accompagner en cours de route.

HABITER AUTREMENT LA PLANÈTE

En tout, une bonne cinquantaine de personnes de tous âges et de tous horizons : catholiques ou protestants, paroissiens, membres du Club vosgien de randonnée ou de divers mouvements d’Église. Le groupe des Scouts de France, qui a effectué la marche entre Bousse et Woippy, vient juste d’arriver. Il a relayé les marcheurs allemands et français qui ont dû se résoudre à prendre le bus pour tenir les délais. Selon Émeric, animateur de la vie spirituelle des Scouts de France de Montigny, « cette marche est un symbole. Allemands et Français, ennemis d’hier, aujourd’hui ensemble pour la préservation de la planète ». Pour lui, cette initiative a suscité un « véritable enthousiasme en mobilisant des acteurs très différents : club de marche, Scouts, CCFD-Terre Solidaire, paroisses. Durant la préparation, on a senti un élan croissant pour agir ensemble. “Habiter autrement la planète” est une des priorités de notre projet éducatif. C’est un combat commun qui dépasse nos différences associatives, religieuses et de génération ».

Une vision partagée par Michel Schweitzer, vice-président du Secours catholique : « Nous sommes concernés, car notre mission, c’est de soutenir les personnes en précarité. Et les pauvres sont les premières victimes du réchauffement climatique. » Animatrice du service Young Caritas, Claire accompagne un petit groupe de jeunes. « En Lorraine, nous sommes partenaires de Caritas Bangladesh, très investi dans l’aide aux populations victimes de la montée des flots », explique-t-elle. Paris et la COP 21 sont encore loin. Mais, depuis la veille, une actualité dramatique en a rapproché les pèlerins. Comme toutes les rencontres de ces deux jours, l’étape de Woippy est marquée par un temps de recueillement et de prière en hommage aux victimes des attentats perpétrés la veille à Paris. Il est introduit par les derniers mots de l’éditorial du quotidien Le Républicain Lorrain : « Aujourd’hui, pour nous tous, commence le jour d’après. Un jour où il sera impératif de démontrer que ni le terrorisme ni la haine n’ont droit de cité en France. C’est ce défi que chacun d’entre nous devra relever avec pour seule arme le courage, la dignité et la solidarité. »

Arrivés à la cathédrale de Metz, les marcheurs retrouvent les autres groupes de pèlerins venus d’Allemagne, de Suisse et d’Alsace : en tout, une centaine de personnes. Puis ils sont accueillis par Dominique Gros, maire de la ville, et Mgr Lagleize, évêque de Metz, dans le cloître des Récollets, ancien couvent franciscain qui abrite aussi – encore un symbole – le Centre européen d’écologie fondé par Jean-Marie Pelt*. Le dimanche matin, ils sont nombreux à participer à une conférence-débat sur le sens de cette marche. Et l’après-midi, à un office œcuménique (catholique, protestant et orthodoxe) qui réunit plus de 600 personnes, ce qui témoigne de l’écho suscité par ce pèlerinage pour la justice climatique. « Geht doch ! », « En marche ! », proclament les fanions portés par les marcheurs. Ce cri de ralliement symbolise des « Églises qui se bougent pour le climat ». Cette marche transfrontalière a mis en mouvement des centaines de personnes : des marcheurs, mais aussi des hommes et des femmes qui ont assuré, pour chacune des étapes, les itinéraires, l’hébergement et les rencontres pour sensibiliser aux défis du réchauffement climatique. Confiée au CCFD-Terre Solidaire en Moselle, par Mgr Lagleize, l’organisation a été portée par un comité de pilotage d’une vingtaine de personnes : dix membres du CCFD-Terre Solidaire et dix personnes de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL). Un travail de longue haleine, comme en témoigne sa coordinatrice, Mireille Spacher, bénévole du CCFD-Terre Solidaire : « Depuis le mois de juin, c’est, en moyenne, une demi-journée de travail au quotidien. » Mais si, au départ, la mobilisation a été un peu laborieuse, reconnaît cette jeune retraitée, « le retentissement de l’encyclique du pape François nous a bien aidés ! » Un sentiment que partage Jean-Louis Charles, responsable du CCFD-Terre Solidaire à Saint- Avold, qui en parle comme « un coup de fouet ». Il coordonnait l’étape entre Sarrebruck et Metz et reconnaît : « Au début, j’étais un peu inquiet. Mais, au final, tout s’est super bien passé. Les marcheurs allemands étaient même surpris de l’accueil par les municipalités et les paroisses. On a aussi été très visibles dans les médias. »

Même constat pour le pasteur Christian Albecker, président de l’UEPAL, qui a marché deux jours en Alsace. « Nous avons pu mesurer à quel point cette initiative est pertinente, estime-t-il. C’est un acte symbolique qui a eu beaucoup d’écho et a permis de sensibiliser l’opinion publique. » Mgr Lagleize retient aussi « le témoignage public de l’engagement des chrétiens pour le service commun de l’humanité pour prendre soin de la Création, mais aussi les uns des autres. Car, comme le souligne le pape François dans son encyclique, il y a un lien étroit entre la justice climatique et la lutte contre la pauvreté ». Dans ce domaine, comme dans celui de l’oecuménisme, souligne-t-il, « nous sommes toujours invités à en faire plus ».

À la lumière de ce pèlerinage, la dimension œcuménique a été la principale question soulevée lors de la conférence-débat : « Les Églises ne pourraient-elles pas faire mieux ensemble ? » Mais dans bien des étapes, elle a fait bouger des choses. Marianne Renaud, pasteure de l’Église réformée à Yutz, en témoigne. « Au départ, reconnaît-elle, je ne me sentais pas trop concernée. Mais cette marche a été une occasion de belles rencontres. Elle a permis de sensibiliser, tant du côté protestant que catholique, des personnes que nous ne rencontrons pas dans nos rassemblements oecuméniques habituels. Nous avons plusieurs célébrations dans l’année, mais, en dehors, nous faisons peu de choses ensemble. Cette fois, quelque chose s’est mis en route. On sent le besoin de poursuivre. C’est un peu comme si ce pèlerinage pour la justice climatique avait insufflé une dynamique nouvelle à l’oecuménisme. »

Serge Lafitte

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