Pérou, graves conflits autour d’une mine exploitée par une entreprise suisse
- Le gouvernement péruvien a géré le conflit social d’une manière désastreuse : on ne peut que déplorer la continuité en matière de résolution des conflits avec les pratiques des gouvernements antérieurs (142 morts sous le gouvernement d’Alan Garcia, victimes des conflits sociaux entre 2006 et 2011). Pendant sa campagne, le président Humala avait vivement dénoncé la politique du gouvernement précédent. Cependant, quinze personnes ont été tuées depuis son arrivée au pouvoir juillet 2011
- Les pratiques de criminalisation de la protestation sociale, propres aux gouvernements autoritaires, se poursuivent pourtant au Pérou : l’usage arbitraire de la force, l’obtention d’aveux sous la torture, la détention illégale, la fabrication apparente de preuves, notamment dans le cas de deux défenseurs arrêtés arbitrairement (restant à démontrer à l’heure actuelle).
- Le droit à la manifestation devrait être un droit légitime, dans la mesure où il est exercé de manière responsable, mais force est de constater que cela n’est pas le cas.
- Ce conflit est symptomatique des demandes sociales et des revendications des populations locales laissées sans réponses depuis des décennies. C’est aussi l’échec d’une stratégie de développement économique régionale mais aussi nationale, qui repose sur la levée de toutes les entraves aux investissements directs internationaux, notamment dans le secteur minier (près de 70% des exportations dans le PIB national). Le CCFD-Terre Solidaire et la CIDSE demandent :
- de garantir le respect et la protection de l’intégrité physique des personnes détenues, leur transfert vers un centre médical ou de détention légale et que l’on mette en examen les agents de sécurité qui ont commis des actes de violence
- de veiller au respect complet des droits de l’Homme des personnes qui participent aux manifestations et de rechercher une résolution pacifique du conflit actuel avec l’ouverture d’un véritable et respectueux dialogue, facilité par une médiation externe et indépendante
- de dialoguer en présence des représentants de haut niveau de l’entreprise Xstrata et qui n’aient pas été impliqués à ce jour dans les négociations
- d’inclure dans le dialogue des représentants des ministres des Mines et Energies, Santé et Environnement
- d’organiser le dialogue à Espinar, et non à Cusco, pour que la communauté d’Espinar puisse connaître et participer au processus
- de considérer les préoccupations de la population locale sur les questions d’environnement et de santé
- de considérer l’accès et la qualité de l’eau comme une des préoccupations majeures de la population
- de réaliser de nouvelles études scientifiques et environnementales participatives, légitimées par toutes les parties impliquées dans le conflit.
- d’abandonner les poursuites judiciaires à l’encontre des 59 dirigeants sociaux.
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