Perumal Sivapragasam, Sri Lanka

Publié le 02.04.2006| Mis à jour le 08.12.2021

Après le tsunami de décembre 2004, les erreurs de certaines ONG internationales dans le contexte délicat du Sri Lanka, aggravent les problèmes.

L’aide internationale : un second tsunami ?

Paris, avril 2006

Dans un pays en guerre, dont les particularités religieuses et ethniques sont complexes, comment s’est organisée l’aide d’urgence après le tsunami ?
Avant le tsunami, on recensait 25 ou 30 Ong qui travaillaient depuis presque 20 ans dans la zone de conflit, en ayant accumulé une expérience très riche. Après la catastrophe, elles étaient 150 à 200 à opérer sur le territoire…
Certaines connues et enregistrées dans leur pays d’origine, d’autre totalement inconnues. Mais dans la phase d’urgence, la phase purement humanitaire, toutes ces Ong étaient accueillies avec soulagement : c’était important de les avoir avec nous, tout simplement parce qu’il s’agissait de sauver des vies. C’est ensuite que les choses se sont compliquées, lorsque nous sommes passés de l’urgence à la reconstruction… Tout d’abord, les autorités locales n’avaient aucun contrôle sur la distribution de l’aide : de la nourriture, mais aussi des véhicules ou des pompes étaient distribués à droite à gauche, sans aucune cohérence. Et puis, surtout, ces Ong méconnaissaient totalement le contexte.

Comment se sont manifestés les dysfonctionnements de l’aide ?
Des choses très concrètes nous ont montré que ces organisations n’avaient aucune expérience, aucune notion de l’aide à long terme. Les sommes d’argent qui circulaient, injectées dans l’économie locale, ont créé une inflation insupportable pour les locaux. Certaines Ong offraient des salaires très élevés pour les opérations de nettoyage et, résultat, les membres des Ong locales partaient travailler pour elles et même les travailleurs locaux abandonnaient leur champ pour ces salaires. La situation devenait tendue.
C’est là que nous nous sommes demandés : est-ce que c’est cela la développement ? Cet apport massif d’argent, sans réelle stratégie de développement, était comme un second tsunami.

Comment ont réagi les Ong internationales à vos critiques ?
Certaines, comme Oxfam, le Ccfd ou Cordaid, avaient de toute façon un mandat très clair : soutenir les organisations locales. D’autres revendiquaient le droit d’apporter directement l’aide aux populations, sans passer par des intermédiaires qu’elles estimaient parfois peu fiables.
C’est légitime de vouloir toucher directement les gens mais, dans un contexte de tension religieuse, ou l’aide est parfois instrumentalisée politiquement, la question cruciale n’est pas de savoir comment on donne, mais à qui on donne…

Quels enseignements tirer de cette expérience ?
Après une catastrophe de ce genre, il y a deux phases : celle de l’urgence et celle de la reconstruction. Pour cette dernière, il est essentiel de travailler avec les associations locales. Non seulement pour leur connaissance du milieu -ne serait-ce que de la langue-, mais aussi parce que cela permet de consolider la société civile et donc, sur le long terme, de générer un développement durable.

Propos recueillis par Raphaële Bail

Hdo – Human Development Association
Dans ce pays déchiré par les tensions entre Cinghalais, Tamouls et Musulmans, HDO est une ong de développement oeuvrant pour la défense des droits humains, la paix et la justice sociale. L’association travaille à la promotion des droits des travailleurs des plantations de thé ainsi que des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Son action concerne la construction de la paix, l’économie solidaire, le développement participatif équitable…
Suite au tsunami, l’association s’est mobilisée auprès des communautés tamoules et musulmanes dans les zones délaissées par l’aide gouvernementale au Nord et à l’Est du pays et réclame la reconnaissance et la participation active des Ong locales au processus de reconstruction.

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