Pour ne pas rentrer chez vous comme avant…
Pas encore parti qu’il faut déjà penser au retour : pour que ce projet soit constructif, que ces découvertes, ces rencontres, ces échanges portent leurs fruits, il est utile de le travailler avant, pendant et après le séjour.
Avant de partir
Au cours du séjour, les jeunes vont vivre des rencontres, des moments forts, y compris au sein du groupe, certains enthousiasmants, d’autres plus difficiles. Préparer son retour avant de partir, c’est donc mettre toutes les chances de son côté pour réussir à transmettre un peu de cette expérience à ceux qui ne l’ont pas vécue et transformer celle-ci en un tremplin pour un engagement futur. Plus globalement, il s’agit d’aider les jeunes à consciemment inclure cette expérience dans l’ensemble de leur parcours personnel, et non pas comme une simple parenthèse. Entre les recherches du partenaire, de sources de financement, les questions logistiques… il est important de prêter attention d’ores et déjà au retour à travers les éléments suivants :- à qui le groupe prévoit-il de faire une restitution ? Familles, amis, bailleurs de fonds, association(s), commune(s)/ ville(s), classe(s) d’école/collège/lycée/étudiants… ? En fonction du public, du nombre (combien ?), du lieu (où ?), de la date (quand ?), la forme et le fond de la présentation changeront ;
- les messages, thèmes et sujets à aborder seront pointés au fur et à mesure des étapes lors des temps de reprises du groupe ;
- les attentes de chacun et du groupe, exprimées en début de préparation constitueront une bonne base pour suivre les objectifs du projet et effectuer des temps de relecture et de bilan tout au long de celui-ci, notamment au retour ;
- quels moyens (support(s)/matériel nécessaire/démarche/ outils pédagogiques/formes d’animation) utiliser pour les restitutions ? Il est indispensable de prévoir en amont, selon les compétences et goûts du groupe, quels supports réunir pendant le séjour (photos, diaporama, vidéo, sons, carnet de voyage, blog …) ;
- le groupe s’est-il fixé une date pour se retrouver dans le mois qui suit le retour ? Attention, aussitôt revenu dans son quotidien, le rythme des activités de chacun peut rapidement éloigner les membres du groupe…
Pendant le voyage
Tout au long du séjour, il est nécessaire de baliser des temps pour partager et faire régulièrement le point, en groupe et avec le partenaire (analyse de la journée, préparation de la journée d’après, après une tension …). Juste avant de rentrer, le groupe peut faire un premier bilan « à chaud », pour évoquer ensemble les événements marquants du séjour. Tenir un carnet de bord (personnel et/ou collectif) pour ne pas oublier trop rapidement ce qui s’est vécu, peut être une bonne méthode de suivi. Il sera un témoin de la vie du groupe, des réactions, émotions des uns et des autres. Il aidera le groupe lors des temps de reprise et à retrouver des anecdotes pour les restitutions. Prendre le temps d’éclaircir les sujets que l’on désire aborder, ne pas craindre de poser des questions sur des événements, actes, paroles, constats qui interrogent, enthousiasment, mettent mal à l’aise, surprennent…Après le voyage
Voilà arrivé le temps du bilan du voyage, de l’évaluation du projet dans son ensemble. L’évaluation doit se construire en plusieurs étapes, chacune ayant un sens bien spécifique. 1. Évaluer pour rendre compte C’est un travail descriptif, un travail de bilan pour rendre compte aux différents partenaires du déroulement du voyage, aux bailleurs de l’utilisation des fonds, sans oublier de remercier toutes les personnes qui ont participé d’une manière ou d’une autre au projet. 2. Évaluer pour mesurer Il va s’agir de mesurer le chemin parcouru entre « l’état initial » des jeunes au début du projet et « l’état final » : où en sont-ils aujourd’hui ? Quelles ont été les évolutions individuelles et collectives à travers ce projet ? 3. Évaluer pour avancer Cette ultime étape vise à initier la suite : travailler sur le témoignage, sur des projets d’engagements qui pourront être individuels et/ou collectifs. Il faudra alors savoir gérer la « mort du groupe », la fi n du projet… en vue de mieux passer à autre chose.En tant qu’animateur vous avez une responsabilité d’éducateur. Le groupe est le rassemblement de personnes différentes qui cheminent selon leur propre histoire, leur propre ressenti. Il s’agit d’aider le groupe à passer du ressenti à l’expression en se questionnant, ne pas rester au stade du constat, positif ou négatif, mais chercher des pistes d’explications avec des apports externes (économie, histoire, géopolitique). Bref, veiller à développer le sens critique de ces voyageurs en herbe sur leur propre environnement, grâce à leur expérience là-bas.4. Et après ? Au-delà de l’évaluation du projet, du voyage lui-même, ce cahier propose aussi une démarche plus en profondeur pour relire son expérience. Quelques mois après le retour, savoir prendre le temps de se souvenir, nommer ce qui a marqué, comprendre ce qui en chacun a bougé et en tirer des fruits et des pistes pour la suite. Les enjeux de cet accompagnement au retour sont importants. Une telle expérience ouvre les yeux sur les autres, sur soi, sur des situations inenvisageables « avant ». Confrontation à soi-même, enthousiasme face à la rencontre, la découverte, révolte face à l’injustice : le levain est dans la pâte. Par ce voyage, une fenêtre s’est ouverte. Si le séjour se termine, l’aventure continue ! Les jeunes peuvent avoir envie d’aller plus loin dans leur réflexion, leur engagement : rejoindre une association de solidarité internationale, participer à l’accueil des migrants, rejoindre un parti politique ou un syndicat, adopter de nouveaux comportements citoyens en termes de consommation, voire reconsidérer une orientation professionnelle. Pour vous, animateur, il s’agira de se rendre disponible, savoir orienter vers les interlocuteurs qui pourront répondre aux questions.
Pour mieux guider l’évaluation
Voilà quelques conseils plus concrets qui s’intègrent dans les étapes de l’évaluation : Écouter chaque jeune du groupe Proposer un temps individuel pour faire le point avec chacun peut avoir une grande importance, en particulier s’il y a eu des tensions au sein du groupe. N’hésitez pas à prendre un temps même court, dès le retour et avant tout bilan ou restitution de l’ensemble du groupe. Prendre du recul Au retour, on a envie de partager, de raconter à tout le monde ce qui a été vécu. Les émotions se bousculent. Il est important de laisser chacun parler avec « ses tripes », de proposer un temps spécifique pour cela. C’est l’occasion en particulier d’exprimer et de reprendre ce qui aurait pu choquer les jeunes : il faut insister sur la nécessité de ne pas figer, idéaliser, ni stigmatiser la culture des « autres ». Identifier ici les contresens, les incompréhensions, les questions qui restent en suspens pour tenter d’y apporter des réponses, quitte à se faire aider par des ressortissants du pays ou tout autre personne pouvant donner des éclairages pertinents. Effectuer un bilan global du projet C’est le minimum nécessaire pour les différents financeurs du projet. Il faut en profiter pour faire un bilan plus poussé que le simple compte-rendu d’utilisation des fonds : en revenant aux objectifs définis au début, en reprenant les réalisations sur place, l’avis du partenaire, en mesurant les évolutions, les changements opérés là-bas et ici, au niveau de chacun et de la vie du groupe. Encourager les restitutions (Auprès de différents publics, sous différentes formes…) pour faire découvrir, comprendre davantage et inciter à agir. Ce sont de véritables actions d’éducation au développement et à la solidarité internationale. Par ailleurs, cela aidera chacun à « nommer » ce qu’il a vécu et, en répondant aux questions, à parfois approfondir certains sujets. Enfin, cela participe de la construction de la confiance en soi ; intervenir en public est souvent un véritable défi ! Poursuivre une relation avec le partenaire, la communauté qui a accueilli le groupe Il faut penser à envoyer au minimum les photos du séjour et des remerciements. Mais vous pouvez proposer de poursuivre une relation épistolaire ou envisager un voyage en France de certains jeunes de là-bas, ou la poursuite du projet (suivi de l’action entamée, envois réciproques des bilans, etc.).Au retour, relire et relier
- Exprimer le ressenti, l’émotion joies et peines…
- Faire le tri, prendre du recul, revenir collectivement sur des contresens, des incompréhensions…
- Élaborer conjointement les messages clés autour desquels articuler notre communication sur le voyage…
- Donner du sens, faire lien avec son parcours, envisager la suite…
- Agir, s’engager, individuellement collectivement, quand on se sent prêt…
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