Pour une autre politique migratoire
Face au durcissement des politiques migratoires, les associations et les Églises sont les seules à défendre les droits des migrants. L’an dernier, elles se sont fortement mobilisées face aux lois Sarkozy. En cette période électorale, le collectif Crid – dont fait partie le CCFD – questionne les politiques. Mais la plupart d’entre eux refusent de s’engager sur une question jugée à risques.
« Pour le moment, explique Catherine Teul de la Ligue des droits de l’homme, membre du collectif Crid, nous n’avons eu que peu de réponses sur nos revendications. Nous avons rencontré des “staffs” de campagne », la candidate Dominique Voynet et nous rencontrerons prochainement Ségolène Royal, François Bayrou et Marie-George Buffet. Il existe un accord de principe sur un certain nombre de questions, mais pas d’engagement précis dans les programmes. La question migrant étant jugée à risques. Pour l’instant, seuls les Verts, et le Parti communiste dans une moindre mesure ont repris une partie de nos revendications. Le programme du PS est désespérément vide sur l’immigration. Sur les questions des demandeurs d’asile, par exemple, il n’y a rien. » Dans une société qui stigmatise l’étranger, les partis politiques n’osent plus se saisir de cet enjeu pourtant essentiel, pour complaire à un électorat qui a peur.
« Sur la question de la suppression des visas de court séjour, qui est une de nos revendications, nos interlocuteurs nous disent d’accord sur la liberté de circulation mais pas sur la liberté d’installation. » Et même des situations dramatiques, comme celles des zones d’attente, ne provoquent pas de réactions. « De plus en plus de mineurs sont retenus en zone d’attente avant d’être expulsés, explique Catherine. On reconnaît qu’il y a un problème, mais certains nous ont dit : “Il ne faut pas que l’arrivée des mineurs favorise le regroupement familial”. »
Plus grave, aucun parti politique n’a pour l’instant clairement affiché sa volonté d’abolir les lois Sarkozy. La dernière proposition du candidat Sarkozy, qui veut réserver le droit au logement opposable aux seuls immigrés titulaires d’une carte de séjour de dix ans et en exclure les immigrés réguliers qui n’ont que des visas de court séjour, n’a pas entraîné le tollé qu’on aurait pu escompter. « Nous sommes dans un climat délétère, s’indigne Catherine Teul. On a institué une hiérarchie entre ceux dont les droits fondamentaux sont reconnus, et les autres. C’est une véritable machine infernale. Les immigrés doivent désormais prouver leur intégration pour obtenir des titres de séjour, mais on leur refuse le droit au logement. Et sans logement, pas d’accès à un travail stable. C’est une loi cynique qui fabrique des exclus, comme d’ailleurs toutes les réformes depuis 2002. »
Alors les associations continuent à alerter l’opinion, à faire un travail de fond d’information pour éviter les logiques d’exclusion qui font le jeu des extrêmes, et à interpeller les candidats en espérant enfin être entendues. n
Propos recueillis par Hélène Jullien
Les revendications de la campagne
Le collectif des ONG demande aux partis politiques de s’engager :
• à refonder la législation de l’immigration et du droit d’asile sur les principes de respect des personnes et de leurs droits ;
• à remettre en cause les visas de court séjour et la logique répressive du contrôle des frontières extérieures de l’UE ;
• à développer une législation sur le statut des étrangers appliquant les principes définis par la Convention des Nations unies sur « Les droits des travailleurs migrants et de leur famille » et mettre en œuvre le processus de ratification de ce texte par la France et les autres pays de l’UE ;
• à accorder des droits politiques aux résidents étrangers ;
• à arrêter de criminaliser les étrangers en situation irrégulière, en France et dans l’UE ;
• à garantir pleinement le droit d’asile et à assurer les conditions pour que les demandes des persécutés soient examinées dans le respect et la dignité.
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