Pour une justice sociale de l’eau

Publié le 01.10.2012| Mis à jour le 10.09.2021

Si l’accès à l’eau potable est une cause qui a fortement mobilisé les organisations internationales, les ONG et les États, la question de l’eau pour la production agricole est restée quant à elle longtemps orpheline.

C’est face à ce constat que la Commission agriculture et alimentation (C2A) de Coordination Sud, déjà active dans le plaidoyer pour les agricultures familiales, a souhaité approfondir la question de l’eau agricole, trop souvent ignorée, mais par ailleurs vitale… La concurrence accrue pour l’eau, la montée en puissance des accaparements d’eau souvent réalisés via les investissements dans les terres, l’accélération des changements techniques et sociaux rendent nécessaires de nouvelles approches pour la gouvernance et la gestion de l’eau. Les politiques de l’eau, formulées de façon générale pour la mise en oeuvre de solutions standardisées, ne permettent de répondre ni à la complexité des problèmes, ni à la diversité des contextes locaux. Les politiques de l’eau et les solutions proposées sont souvent présentées comme les fruits de savoirs éclairés et d’analyses neutres alors que de fait, la réalité démontre que « les politiques et les lois sur l’eau sont le résultat de processus formels et informels, légaux et illégaux, ouverts et cachés d’interaction et de négociation entre des groupes d’intérêt, aux objectifs, compétences et moyens pour se faire entendre différents ». De fait, les agricultures familiales sont trop souvent « oubliées », voire écartées de ces processus. Les politiques qui en résultent répondent insuffisamment aux besoins réels des populations et aux enjeux des contextes. Les mesures correctives conjoncturelles (aide alimentaire, instruments de coopération de réponse de crise) permettent de remédier aux problèmes urgents (comme par exemple les crises alimentaires de 2007-2008), mais ne permettent pas aux pays de construire des politiques agricoles cohérentes et inscrites dans le temps. L’objectif de ce plaidoyer est de démontrer l’intérêt de sécuriser les droits à l’eau des agricultures familiales et de couper court à certaines idées reçues sur l’utilisation de l’eau pour l’agriculture. Il s’agit aussi de formuler des recommandations claires destinées aux acteurs du développement rural et aux décideurs afin d’améliorer l’accès à l’eau en faveur des agricultures familiales, en mettant en lumière la pertinence d’appliquer le principe de justice sociale de l’eau. AVSF, AGTer, le CCFD-Terre solidaire et le Gret, forts de leurs expériences en matière de gestion de l’eau et de gouvernance sur les ressources naturelles, ont conduit ce travail collectif dans le cadre de la Commission agricultures et alimentation de Coordination Sud. Cette étude s’appuie sur une recherche bibliographique et six études de cas ont été réalisées par AVSF, le CCFD-Terre solidaire, le Gret et leurs partenaires dans le monde. Ces dernières études de cas documentent des expériences engagées aux Philippines, Cambodge, Mali, Éthiopie, Équateur et Colombie. Pour une justice sociale de l’eau : garantir l’accès à l’eau aux agricultures familiales du Sud

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