Pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente
-* en faveur d’une politique de coopération avec l’Afrique respectant :
- l’état de droit et les aspirations démocratiques,
- les droits économiques, sociaux et culturels des peuples,
- de la souveraineté économique, politique et militaire des États reconnus par leur population,
- les dynamiques régionales et continentales africaines;
- en faveur d’un contrôle parlementaire et citoyen de la politique française en Afrique afin qu’elle ne puisse plus être confisquée par une minorité d’acteurs politiques et économiques. Nous demandons que soit mise en place une commission parlementaire chargée de réaliser un bilan des politiques françaises en Afrique en auditionnant experts, responsables politiques, économiques et associatifs;
- pour que la France défende plus activement les intérêts africains au sein des institutions internationales.
Cinquante ans après les indépendances, le bilan de la politique de la France en Afrique, tant au plan économique, politique que militaire, est contesté par ses bénéficiaires supposés. À part quelques expériences positives (notamment certaines réalisations dans le domaine de la coopération technique) et bien qu’ayant fait l’objet de réformes institutionnelles, cette politique n’a pas toujours servi les objectifs de développement, de soutien à la démocratie et à la paix, affichés parfois ostensiblement.
Décidées dans l’opacité, sans contrôle parlementaire et citoyen, les interventions de l’État français en Afrique (financées par les contribuables) ont surtout servi les intérêts, parfois contradictoires, de minorités économiques ou politiques, en France comme en Afrique (les «réseaux de la Françafrique»).
Du fait de son manque de cohérence et de transparence, il apparaît aujourd’hui nécessaire de refonder cette politique sur des bases plus conformes aux aspirations des populations africaines et des citoyens français.
La diplomatie française a souvent bloqué l’émergence des sociétés civiles africaines en soutenant sans modération des régimes contestés par leurs peuples, favorisant de nombreuses situations de crises politiques et de guerres. Le soutien au régime génocidaire au Rwanda, la crise de succession au Togo ou la dérive du clan Déby au Tchad ont montré la situation d’impasse à laquelle mène une « diplomatie de la stabilité » qui ne fait qu’aggraver les facteurs de tensions.
La France doit réellement conditionner son appui au respect de l’État de droit et encourager fortement les États mettant en place des systèmes de gouvernance démocratique et investissant dans des programmes sociaux (éducation, santé, eau, logement, transport). Elle doit mettre un terme à une diplomatie fondée sur des amitiés personnelles en instaurant des règles de protocole plus strictes et en révisant la nature et les fonctions des groupes d’amitié parlementaires. Elle doit également contribuer efficacement aux processus démocratiques en ne cautionnant plus des élections organisées sans contrôle efficace et en favorisant une supervision par l’ONU de tout processus électoral « à risque ».
Le déficit de souveraineté empêche les régimes africains les plus volontaristes de présider efficacement aux destinées de leur nation
Il est criant dans le domaine financier (poids de la dette) et monétaire, dans la zone CFA. Le lancement d’un plan de transfert progressif de souveraineté monétaire aux institutions régionales,
chargées de se prononcer sur le maintien ou non de cette unité monétaire, devrait donc être envisagé. Au niveau économique, le respect de la souveraineté passe par un encadrement plus strict des interventions des multinationales françaises, notamment en matière d’extraction de matières premières, de délégations de services publics (eau, communications, transport). Cet encadrement doit être formalisé sur la base de règles de procédures et de transparence à valeur contraignante. Sur le plan de la souveraineté militaire, la suspension des interventions armées unilatérales de la France en Afrique sans mandat de l’ONU et la fermeture des bases militaires françaises, à l’exception de celles prévues dans le cadre du renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (RECAMP), doivent être envisagées.
L’enchevêtrement des lieux de décisions de la politique française en Afrique avec une place centrale de l’Élysée (qui en a fait son domaine réservé notamment à travers sa «cellule africaine»), montre l’extrême nécessité que la politique extérieure de la France soit aujourd’hui soumise aux règles élémentaires de démocratie. Cela doit commencer par un rôle accru et effectif du Parlement en matière de coopération économique et financière, mais aussi de coopération militaire.
La politique française en Afrique s’inscrit aujourd’hui dans un contexte d’interventions croissantes d’acteurs multilatéraux sur le continent
Grâce à son influence diplomatique au sein de l’ONU, de l’UE et son poids financier au sein des institutions financières internationales, la France est en mesure de défendre des politiques de coopération multilatérales plus efficaces en matière de lutte contre la pauvreté et moins soumises à l’orthodoxie néolibérale, ce qu’elle a très peu fait par le passé. Il s’agit également de permettre aux Etats africains d’acquérir plus de poids dans la défense de leurs intérêts.
En matière diplomatique, domaine dans lequel l’influence de la France s’exerce le plus fortement, il est souhaitable de mettre un terme à la politique du «domaine réservé» que la diplomatie française tente d’imposer au sein de l’Union européenne ou de l’ONU dès lors qu’il s’agit de l’Afrique francophone, avec des objectifs souvent éloignés des revendications des peuples africains.
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