Prévenir et résoudre les tensions communautaires au Timor Leste

Publié le 02.09.2013| Mis à jour le 08.12.2021

Au Timor Leste, l’association KSI, partenaire du CCFD-Terre Solidaire s’appuie sur le « Tara Bandu ». Une méthode traditionnelle qui permet de régler à l’amiable les conflits communautaires et fonciers.


Après la libération du Timor en 1999 [[La date de l’indépendance officielle du Timor est le 20 mai 2002]], qui a mis fin à 25 années d’occupation indonésienne, de nombreuses dissensions liées à la possession de la terre apparaissent. Il est difficile de s’y retrouver entre les titres de propriété émis successivement par les administrations portugaises et indonésiennes. Il faut aussi jongler entre les coutumes locales et les lois décidées par le nouvel Etat alors que des centaines de réfugiés reviennent et réclament leurs terres parfois occupées par d’autres Timorais. Cet imbroglio administratif et juridique aggrave les litiges existants, dans un contexte où le Timor Leste est encore fragile et les tensions sociales fortes. C’est alors que l’association Kdadalak sulimutuk Institute (KSI) : « Les fleuves qui coulent ensemble », voit le jour afin de documenter les conflits et ainsi aider à leur résolution au travers de recherches et d’enquêtes sur le terrain.

S’appuyer sur le « Tara Bandu »

Assez vite, KSI comprend qu’elle peut s’appuyer sur le « Tara Bandu », une méthode traditionnelle de résolution des conflits, de tradition orale et qui varie d’une région à l’autre. Le Tara Bandu permet de réguler les relations entre les personnes, les groupes mais aussi leur rapport à l’environnement, et donc à la terre. Pour beaucoup de Timorais, le Tara Bandu est davantage porteur de sens que les nouvelles lois écrites (souvent importées d’autres pays), dont un certain nombre restent incomprises et sont perçues comme allant à l’encontre de leur mode de vie.


Construire un nouveau contrat social

L’équipe de KSI réunit tous les acteurs qui jouent un rôle important dans la société (en milieu rural particulièrement) pour mettre en place un nouveau Tara Bandu et ce avec les chefs de villages traditionnels, les responsables gouvernementaux, la police, des représentants de l’Eglise et des groupes communautaires. Il s’agit de trouver un terrain d’entente, notamment sur des questions qui ne sont pas directement couvertes par le droit national. L’objectif est de parvenir à construire un contrat social qui renforce les législations nationales tout en reconnaissant les spécificités locales. Le Tara Bandu « modernisé » interdit par exemple d’abattre des arbres ou de brûler des terres sans permission. Il proscrit également les violences familiales et limite le montant des sommes requises pour les dots de mariage ou les cérémonies funéraires qui endettent et appauvrissent les familles sur plusieurs générations. L’expérience des études de cas accumulées depuis 2000 permet ensuite à KSI de faire remonter les principales sources des problèmes constatés sur le terrain auprès des instances gouvernementales et d’influer les réformes en cours.

Des formations dans des villages

Depuis 2008, KSI a organisés des dizaines de formations locales et réalisé trois manuels fondés sur leur expérience. Elles sont très appréciées, tant par les villageois heureux de réapprendre des coutumes qui ont survécu à l’ère portugaise et indonésienne, que par les chefs de villages et les autorités gouvernementales locales. « C’est important pour les Timorais qui ont longtemps souffert de l’occupation de reprendre confiance dans leurs propres capacités d’initiative à travers la résolution des conflits« , souligne Hatim Issoufaly, chargé de mission au Timor Leste. Le CCFD-Terre Solidaire qui travaille depuis 3 ans avec KSI en coordination avec 2 autres membres du réseau des ONG catholiques de la CIDSE (Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité), finance le volet sur la prévention et la résolution des conflits. L’action est particulièrement ciblée dans le district d’Ermera, riche en plantations de café, où la pression foncière provoque de nombreuses dissensions entre familles mais aussi à l’intérieur même des familles.


Développer des activités génératrices de revenus pour favoriser la paix sociale

KSI développe également des activités génératrices de revenus afin de diminuer les risques de tension dans des régions très sensibles. Dans le district de Manufahi, c’est le taux de chômage élevé qui donne une importance accrue à la terre. Une coopérative a été mise en place pour proposer plusieurs activités, dont des formations et des programmes d’échange, aux membres ayant souscrit une cotisation, en fonction des besoins et désirs de chacun : transformation alimentaire, pisciculture, microcrédit. Le but étant de diversifier les sources de revenus à l’échelle de la coopérative et pas seulement individuelle.

KSI est aussi à l’origine du premier syndicat de caféiculteur du Timor Leste.

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