Proche-Orient
Sortir de la violence, de la peur et de la haine

Publié le 27.07.2006| Mis à jour le 08.12.2021

Recourir à la violence pour obtenir la sécurité et la paix est une illusion et une grave erreur. La guerre n’ajoute que la violence à la violence. Depuis le début de la crise à Gaza et au Liban on compte déjà les morts par centaines, les blessés par milliers, les déplacés par centaines de milliers. À ce bilan tragique, dont les civils sont les principales victimes, il faut ajouter la rancœur qu’éprouvent les millions de personnes plongées dans les affres de la guerre. Et le germe de la haine déposé dans le cœur des combattants de demain…

Le choix de la guerre est une option, rarement la seule possible. Dès lors, opter pour la guerre c’est endosser une lourde responsabilité. Se défendre, résister… sont des justifications recevables. Mais porter la mort et la destruction au cœur de zones densément peuplées de civils, détruire des infrastructures économiques, punir collectivement une population parce qu’un mouvement hostile se trouve sur son territoire, est non seulement une erreur tragique, ce sont autant de crimes de guerre dont sont complices les pays qui soutiennent les forces d’agression.

La peur, la haine, le ressentiment minent le Proche-Orient. Nombre d’Israéliens vivent dans la peur des attentats, des enlèvements et d’un environnement régional hostile. Les Palestiniens sont révoltés contre l’occupation, contre l’enfermement. Les réfugiés palestiniens vivent dans la souffrance d’un exil forcé et dans des conditions souvent sordides. Les Libanais subissent de plein fouet une offensive brutale et disproportionnée. Mais la violence n’est pas la réponse adéquate. Ni moralement, ni politiquement.

Les calculs froids de l’efficacité militaire, le cynisme du rapport de forces, la déshumanisation de l’Autre sont des régressions. Seuls des principes de justice et d’égalité, le respect du Droit international peuvent faire progresser le Proche-Orient vers les solutions politiques aux différents conflits qui le déchirent. La reconnaissance entière et sincère des souffrances et des injustices subies par l’Autre est la seule voie pour sortir du cycle de la violence, de la peur et de la haine.

La résolution 1559 peut être le point de départ d’une pacification réelle du Liban. Mais seul le gouvernement d’un État libanais totalement rétabli dans sa souveraineté est en mesure d’obtenir le désarmement du Hezbollah, dans le respect du fragile équilibre de la société libanaise et de l’intégrité de son territoire.
Dans le cas de la Palestine, les résolutions 242 sur le retour aux frontières de 1967, et 194 sur le droit au retour des réfugiés, non appliquées par l’État israélien, sont les bases d’une paix juste et durable. Les partenaires palestiniens existent pour une négociation qui reste l’étape obligée d’un règlement du conflit et d’une pacification de l’ensemble du Proche-Orient.

Les idéologies extrémistes ne trouveront des soutiens dans la population que tant que perdureront des situations inacceptables, tant que l’instinct de guerre l’emportera sur le courage politique et la peur sur la raison.
Nous appelons donc l’ensemble des protagonistes à s’engager sans réserve dans un processus de négociation pour un règlement dont les termes juridiques et politiques sont déjà largement élaborés.
Nous appelons les dirigeants français et européens à tout faire pour inciter les uns et les autres à renoncer à la violence et à choisir la voie du Droit et de la justice.

Le Proche-Orient est à nouveau à un moment décisif de son Histoire. Seul le courage politique, une vision à long terme qui transcende les prudences diplomatiques épargneront à tous de futures tragédies.

Appel signé par
• CCFD
• Caritas-France-Secours catholique
• Cimade
• Pax Christi
• Justice et Paix
• Mouvement international de la Réconciliation

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