Quand le changement climatique sort gagnant à Doha

Publié le 08.12.2012| Mis à jour le 08.12.2021

L’absence d’engagement sur de nouveaux objectifs de réductions d’émissions de gaz


Doha,

A l’issue de la conférence de Doha sur le changement climatique (COP 18), l’absence d’engagement sur de nouveaux objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre et les montants dérisoires dédiés à la finance climat nous mènent toujours plus près d’une catastrophe climatique, laissant les populations les plus vulnérables seules face aux impacts des changements climatiques.

En ne faisant que le pur minimum pour sauver un futur accord global, les négociations de Doha n’ont pas réussi à ouvrir la voie d’un monde plus sûr et plus équitable.

Depuis Doha, Emilie Johann, chargée de mission Climat de la CIDSE, dont le CCFD-Terre Solidaire est membre, dénonce le fait que les pays développés soient venus sans aucune volonté politique et sans véritable marge de manœuvre.

« Même la catastrophe du typhon Bopha n’aura pas suffi pour rappeler aux décideurs l’urgence de la crise. Les pays en développement ont été contraints d’accepter un accord dépourvu de toute ambition. Les gouvernements pensent peut être s’accommoder de cet accord, mais les populations les plus pauvres ne le pourront tout simplement pas. »

« Au lieu de délivrer de nouveaux objectifs de réduction des émissions, Doha ouvre un peu plus la porte à un futur emballement climatique. Du fait de l’inaction de nos décideurs, les températures moyennes risquent d’augmenter graduellement, au risque de dépasser le seuil des 2°C. »

Si la Conférence de Doha a été l’occasion d’annonces financières individuelles d’un petit groupe d’Etats européens, les pays développés n’ont pas pris l’engagement collectif qui était attendu d’eux d’augmenter progressivement leur contribution à la finance climat. Lors du Sommet de Copenhague de 2009, ils ont pourtant pris l’engagement de mobiliser 100 milliard de dollars US par an d’ici 2020 pour aider les pays en développement à faire face aux changements climatiques.

Emilie Johann rappelle que la finance climat pourrait même diminuer car les pays développés n’ont défini aucune trajectoire sur la façon dont ils vont augmenter leur contribution pour atteindre les 100 milliards de dollars d’ici 2020, laissant ainsi les pays en développement sans aucune clarté ni prédictibilité quant aux niveaux de financement pour les années à venir.

« Doha est une double trahison pour les plus communautés vulnérables. Les décideurs n’ont en effet pas su s’engager sur des efforts d’atténuation ambitieux et mettre un frein à la crise climatique, qui touche toujours plus fortement les plus pauvres. Ils n’ont pas non plus réussi à donner plus de clarté et de garanties aux pays en développement quant aux montants qui seront dédiés à la finance climat.»
Enfin, l’importance accordée à l’agriculture dans les débats n’a pas été à la hauteur des enjeux, bien que l’agriculture, particulièrement la petite agriculture paysanne soit particulièrement vulnérable aux changements climatiques.

Sarah Fayolle, chargée des questions environnement-climat au CCFD-Terre Solidaire, rappelle que la petite agriculture familiale, comme les approches et pratiques agro-écologiques, ne reçoivent pas suffisamment d’attention politique, ni de soutien financier.

Le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires du Sud travaillent sur le terrain avec des petits producteurs et savent d’expérience que l’agriculture familiale peut aider les communautés à faire face à l’insécurité alimentaire comme aux changements climatiques, mais les décideurs ne reconnaissent que rarement ce potentiel.

Malheureusement, l’absence de progrès sur l’agriculture signifie que les communautés les plus vulnérables ne vont pas recevoir plus de soutien, malgré la pression supplémentaire sur la sécurité alimentaire liée aux impacts des changements climatiques.

« Il est indispensable d’inverser la dynamique et de restaurer la confiance dans ces négociations climatiques internationales pour permettre à l’ensemble des Etats d’avancer ensemble vers la définition d’un accord mondial, ambitieux et équitable en 2015, pour application en 2020. La volonté du gouvernement français, exprimée officiellement à Doha, d’accueillir la COP21 de 2015, fait de la France un acteur décisif », précise Sarah Fayolle.

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