Rapport de la CPT au Brésil, les conflits et menaces de morts en forte hausse

Publié le 11.05.2012| Mis à jour le 08.12.2021

Brésil, le 11 mai 2012

La Commission Pastorale de la Terre (CPT), partenaire du CCFD-Terre Solidaire, a présenté le 7 mai à Brasilia, la capitale du Brésil, la 27ème édition du rapport « Conflits en milieu rural en 2011. » Un document qui recense moins d’assassinats, mais toujours plus de conflits et de menaces de morts pour les acteurs du monde rural.

Le partenaire du CCFD-Terre Solidaire a ainsi recensé 1363 cas de conflits liés à la terre en 2011, soit une augmentation de 21,32% par rapport à 2010. Les conflits qui ont le plus augmenté concernent des intérêts économiques privés comme les grands propriétaires terriens, les exploitants forestiers et les compagnies minières. Ils représentent  près de 70% des cas. La hausse des conflits va de pair avec le nombre de personnes affectées. La CPT révèle une augmentation de 75,7% du nombre de familles expulsées de terres occupées. Et en 2011, 15 000 familles, soit plus de 50% par rapport à l’année précédente, ont été menacées par des pistoleiros.

La violence a également été très présente en milieu rural en 2011. La CPT a ainsi enregistré 29 assassinats, soit cinq de moins seulement que l’an passé. Une diminution que les observateurs attribuent à une médiatisation aux niveaux national et international de certains cas, comme celui des deux militants abattus le 24 mai 2011 (1). De quoi refreiner, semble t-il, d’autres projets de meurtres. Le rapport rappelle néanmoins que sur ces 29 assassinats, sept victimes avaient déjà reçu des menaces de morts. Des menaces en hausse vertigineuse, puisqu’elles ont presque triplé en un an, passant de 125 en 2010, à 347 en 2011. Principales cibles ? Les indigènes, les leaders de Quilombos (territoires attribués à des communautés descendantes des esclaves), les militants pour la défense de l’environnement, les représentants de l’Etat et les leaders de syndicats représentants l’agriculture familiale.

La tendance n’est pas à l’apaisement puisque de janvier à avril 2012, 12 personnes, pour l’essentiel des militants de l’environnement, ont été assassinées et des dizaines d’autres ont été menacées. Le sentiment d’impunité est sans doute plus important que jamais, notamment dans la région de l’Amazonie, au centre de toutes les convoitises (grands travaux, agrobusiness, exploitations minières).  « Il est clair que les lois de l’Etat brésilien ne sont pas respectées dans le monde rural, assure José Batista Gonçalves Afonso, avocat de la CPT nationale. Ce qui domine encore aujourd’hui est la loi imposée par les grilheros (grands propriétaires occupant les terres illégalement, ndlr), les exploitants forestiers et les grands fermiers. » Des grands propriétaires également montrés du doigt dans le rapport, au moment d’évoquer le thème du travail esclave. « Une plaie qui ne cicatrise pas », déplorent les auteurs. Le nombre de cas est, il est vrai, passé de 204 à 230 d’une année à l’autre (+12,7%) et concerne 19 des 27 états de l’Union.

Jean Claude Gerez


(1)
  Voir article du 1er juillet 2011 : http://ccfd-terresolidaire.org/ewb_pages/i/info_2591.php

Pour télécharger  le rapport de la CPT (en portugais uniquement) :
http://cptnacional.org.br/index.php?option=com_content&view=article&id=1081:conflitos-no-campo-brasil-2011&catid=12:conflitos&Itemid=94

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