Rapport du GIEC : le temps du sursaut (Communiqué)

Publié le 08.10.2018| Mis à jour le 08.12.2021

Les résultats du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rendu public aujourd’hui, nous indiquent que l’heure est désormais à l’enclenchement d’un véritable changement de nos modèles de production et de consommation. Aux côtés de 19 autres ONG catholiques, le CCFD-Terre Solidaire, tire la sonnette d’alarme en appelant à une action urgente et à un changement de paradigme. Le CCFD-Terre Solidaire somme les Etats de faire preuve d’une réelle volonté politique, et de s’engager notamment à transformer en profondeur nos systèmes agricoles et alimentaires.


« Nous payons aujourd’hui 25 ans de manque d’ambition des Etats entre le sommet de la Terre à Rio et la COP21. Les estimations du GIEC sont en effet effrayantes : si rien n’est fait, nous aurons dépassé la barre des 1,5°C en 2040, soit 60 ans avant l’horizon 2100 fixé par l’Accord de Paris… Avec des conséquences dramatiques pour les populations, à commencer par les plus vulnérables. Et en particulier les paysannes et les paysans, ainsi que les peuples autochtones qui sont pourtant des acteurs essentiels pour lutter contre les dérèglements climatiques », déclare Benoît Faucheux, Délégué général du CCFD-Terre Solidaire.

Une urgence : réduire considérablement nos émissions de gaz à effet de serre

Ce constat d’urgence doit cependant nous faire réagir. Pour limiter le réchauffement, il faut une réduction immédiate et drastique de nos émissions. Cela implique des choix politiques radicaux et ambitieux pour enclencher une véritable transition, qui tienne compte des enjeux environnementaux mais aussi sociaux et économiques.

Cela suppose également une remise en question profonde des modèles de production et de consommation. Ces modèles sont promus par les pays industrialisés, historiquement les plus responsables des dérèglements climatiques, tandis que les populations les plus vulnérables et les moins responsables, sont les plus affectées.

Du champ à l’assiette, notre système agricole et alimentaire est responsable d’au moins un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. A ce titre, la conversion d’un système industriel, gourmand en intrants chimiques et le plus souvent orienté vers l’exportation, est à la fois indispensable et urgente pour diminuer l’impact des dérèglements climatiques sur les populations.

Comme le souligne Anne Laure Sablé, chargée de plaidoyer climat et souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire « nous devons agir en priorité sur la réduction des engrais de synthèse, la transformation de l’élevage industriel, la reterritorialisation de nos circuits de production et de consommation, la qualité de notre alimentation…Il faut pour cela enclencher une transition vers l’agroécologie paysanne, à la fois respectueuse de l’environnement et de la souveraineté alimentaire des populations ».

Réduire les émissions est indispensable mais désormais insuffisant

Cette transition profonde de nos systèmes agricoles et alimentaires est d’autant plus importante, que le rapport du GIEC nous livre un autre enseignement. Face au retard pris par les Etats, la réduction drastique des émissions reste la priorité, mais elle est désormais insuffisante. Il faut dès maintenant développer des méthodes pour capter des gaz à effet de serre de l’atmosphère et les séquestrer dans les sols et les végétaux.

Pour le CCFD-Terre Solidaire, le développement de telles méthodes ne doit cependant, en aucun cas, servir d’alibi aux Etats et aux acteurs privés pour repousser davantage la nécessaire remise en cause de nos systèmes de production et de consommation.

Appliquée aux sols agricoles, la séquestration du carbone présente, au-delà des incertitudes scientifiques, de nombreux risques. L’attrait démesuré pour les terres agricoles pourrait conduire à une marchandisation du carbone dans les sols et transformer les paysannes et les paysans en calculettes à carbone. C’est ce que montre le dernier rapport du CCFD-Terre Solidaire « Nos terres valent plus que du carbone – Récit d’un immobilisme au détriment d’une conversion de nos modèles agricoles »

Par ailleurs, les méthodes de séquestration du carbone dans les sols agricoles déjà mises en œuvre, permettent aujourd’hui aux géants de l’agrobusiness de verdir leurs pratiques, tout en continuant à utiliser du glyphosate ou des OGM et à s’accaparer les terres des populations paysannes. Si la séquestration du carbone apparaît désormais comme indispensable, nous devons absolument prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux des méthodes employées. Pour être efficace, toute action doit s’inscrire dans une démarche globale de transition vers une agroécologie paysanne.

« Séquestrer n’est pas réduire », insiste Anne-Laure Sablé. « Plus nous réduirons nos émissions de gaz à effet de serre, moins il sera nécessaire d’avoir recours à la compensation des émissions restantes. A l’inverse, plus nous tolérerons l’inaction et le greenwashing, plus nos terres deviendront des variables d’ajustement des politiques climatiques et feront peser des risques pour la souveraineté alimentaire des populations ».

Contact presse : Karine Appy, 06 66 12 33 02

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