République démocratique du Congo : La guerre, un jeu d’enfants ?

Publié le 10.09.2012| Mis à jour le 08.12.2021

Aujourd’hui encore, les enfants sont en première ligne sur les fronts, en RDC, comme ailleurs. Recrutés le plus souvent de force, ils sont victimes des appétits fi nanciers des industries minières et des trafiquants en tout genre. Rencontre à Paris avec Murhabazi Namegabe, directeur du Bureau pour le volontariat de l’enfance et de la santé (le BVES), une ONG congolaise pour la protection et la défense des droits de l’enfant.


Les dégâts provoqués par les « armes légères et de petits calibres », Murhabazi Namegabe les connaît bien. Car si la guerre, en République démocratique du Congo (RDC), s’est « officiellement » terminée en juin 2003, mettant fin à un conflit qui aura fait plus de trois millions de morts, dans sa région du Kivu, à l’est du pays, les affrontements continuent. Opposant, pêle-mêle, « des groupes congolais qui prétendent protéger les populations civiles d’un éventuel génocide ou du pillage de leurs ressources, et des groupes rebelles étrangers qui viennent de pays voisins comme le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et même le Soudan », selon le directeur du BVES.

Une ONG qui s’efforce de secourir les enfants tombés entre les griffes des « chefs de guerre » locaux. Au fil des années et des massacres, les recrues sont devenues de plus en plus jeunes.

« Nous récupérons des survivants »

« Dans les groupes armés, 40 à 60 % des effectifs sont constitués par les enfants », déplore Murhabazi. Des gamins âgés de huit à seize ans, sans éducation, et dans leur grande majorité recrutés de force dans les villages. Transformés en bêtes de combat. « Chez nous, on les appelle les “Songa mbélé”, ce qui, en swahili, signifie les “Sans peur”. On les forme à devenir sauvages. Sauvages contre celui qui apparaît comme ennemi, celui qui ne partage pas l’idéologie ou les objectifs du groupe armé », explique-t-il. « Une fois drogués et éduqués à cette idéologie de guerre, ils ne reculent pas. » Des enfants capables de tuer père et mère, mais, avant tout, victimes. « Ils se font souvent décimer lors des combats et nombreux sont ceux qui tombent sur le champ de bataille », continue le directeur du BVES. « Les enfants que nous parvenons à récupérer sont des survivants. »

Les différences idéologiques, les inimitiés ethniques ne suffisent pas à expliquer toutes ces atrocités. La région du Kivu est en effet l’une des plus riches de la RDC, abondamment pourvue en ressources naturelles, comme la cassitérite, le coltan, ou l’or, aujourd’hui très prisées par les industries de l’informatique, de la défense ou de l’aérospatiale. De quoi aiguiser tous les appétits, attiser tous les conflits, encourager tous les trafics. « Les groupes armés s’installent dans des endroits où il y a des zones minières et où ils peuvent se livrer au trafic de minerais. Parce que, sans argent, on ne peut pas avoir de munitions », résume Murhabazi.

La situation ne semble pas près de s’arranger. Plus de 100 000 personnes auraient en effet été contraintes de quitter précipitamment leur village du Nord ou du Sud- Kivu depuis novembre 2011 en raison d’une recrudescence de la violence impliquant « troupes gouvernementales, membres du FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda, ndlr] et milices locales », selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies, l’UNHCR, qui s’est rendu sur place, mi-janvier. Et l’agence internationale de constater que « 65 % de ces déplacés sont des jeunes, garçons et filles, ayant fui pour échapper à un enrôlement forcé dans les milices ».

« Si l’on veut combattre les conflits armés et la guerre dans des pays du tiers monde, il faut penser à deux choses. Premièrement, les minerais. À qui profitent ces ressources ? Deuxièmement, les armes. Qui les produit et pourquoi les produit-on ? », interroge Murhabazi. Des questions qui passent bien au-dessus de la tête de la centaine de nouveaux pensionnaires arrivés, en janvier, dans le Centre de transit et d’orientation installé par le BVES à Bukavu. Des enfants soldats pour qui les « armes légères et de petits calibres » appartiennent désormais, espérons-le, au passé.

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