Salvador : la démocratie confisquée
Ancien maire de San Salvador, la capitale du pays, Nayib Bukele a été élu, à 37 ans, président de la République. Son élection en février 2019, a rompu l’hégémonie des deux principaux politiques qui ont gouverné le pays durant trente ans : l’Arena, à droite, de 1989 à 2009 ; et le FMLN, à gauche, de 2009 à 2018. Ayant mené campagne sur les réseaux sociaux et sans base parlementaire solide, il assume un style très autocratique, faisant à la fois appel à la religion et au pouvoir des forces de sécurité (police et armée) pour asseoir son leadership.
Début février 2020, Nayib Bukele n’hésite pas à faire occuper par l’armée l’enceinte du Congrès national, afin de faire pression sur les députés pour qu’ils approuvent sa demande de prêt international destiné à financer son plan de renforcement des forces de sécurité. Cette mise en scène se conclut par une prière prononcée depuis le siège du président de l’Assemblée… Un symbole fort, dans un pays qui panse encore les blessures du conflit armé interne. Faire appel à l’armée contre la démocratie est une provocation au Salvador.
Un contrôle manu militari de la population
Sa gestion de la crise du Covid-19 commence avec des discours enflammés contre les riches qui doivent savoir se serrer la ceinture. Il met en place des plans d’aide aux travailleurs informels, lesquels finalement n’aboutiront pas, faute de données fiables sur les bénéficiaires potentiels.
Certaines mesures seront cependant saluées, comme la suspension des paiements des factures d’électricité ou des crédits. Mais très vite, son action va se centrer sur un contrôle manu militari de la population.
Un véritable régime d’exception sévit dans le pays depuis mars 2020. La Cour constitutionnelle a déclaré inconstitutionnels deux lois, onze décrets exécutifs et une résolution ministérielle destinés à réguler la quarantaine nationale obligatoire. Ils ont été à l’origine de nombreuses détentions arbitraires et d’abus par les forces de l’ordre.
Obsédé par son image et malgré les atteintes à l’État de droit, Nayib Bukele bénéficie pourtant encore d’un large soutien de la population.
Le rôle essentiel des médias alternatifs
Dans ce contexte de confiscation de la démocratie, le rôle des médias alternatifs est essentiel. Comme le montre la couverture d’El Faro et sa robuste rubrique d’opinion. Et le travail de diffusion radiale de l’Asociación de Radiodifusión Participativa de El Salvador (Arpas) [[Arpas est membre d’Aler (Association latino-américaine d’éducation et communication
populaire), partenaire du CCFD-Terre Solidaire.]], dont le suivi de la première année du gouvernement Bukele est sans appel.
Par Walter Prysthon, responsable du service Amérique latine
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