Après le séisme qui a frappé Haïti le 14 aout 2021, distribution d'aide alimentaire par l'ONG haïtienne ITECA

Après le séisme qui a frappé Haïti le 14 aout 2021, distribution d'aide alimentaire par l'ONG haïtienne ITECA

Séisme à Haïti, la société civile debout pour organiser l’aide

Publié le 25.08.2021| Mis à jour le 02.01.2022

Après le violent séisme qui a touché Haïti le 14 aout 2021, les organisations partenaires haïtiennes que nous soutenons sur place sont à pied d’œuvre pour que l’aide arrive jusqu’aux victimes les plus touchées


Après le séisme qui a frappé Haïti le 14 aout 2021, distribution d'aide alimentaire par l'ONG haïtienne ITECA
Après le séisme qui a frappé Haïti le 14 aout 2021, distribution d’aide alimentaire par l’ONG haïtienne ITECA

Le samedi 14 aout 2021 au matin, Haïti a été frappé une nouvelle fois par un tremblement de terre touchant en majeure partie la presqu’ile sud. Ce séisme de magnitude 7.2 a provoqué de considérables dégâts dans les trois départements de la région du sud-ouest d’Haïti.

Un lourd bilan humain

Neuf jours après la catastrophe, le décompte du bilan humain n’en finit pas d’empirer. Selon le dernier bulletin de la Direction de la Protection Civile, au moins 2207 personnes sont mortes, 344 disparues et 12268 blessées.

Les opérations de recherche se poursuivent dans les décombres pour retrouver les disparus, mais la possibilité de retrouver des survivants s’amenuise un peu plus chaque jour.

D’après les autorités haïtiennes, ce sont environ 600 000 personnes qui ont été directement affectées par le tremblement de terre et qui ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.

En outre, la menace de plusieurs répliques plane et entretient la peur parmi les populations locales.

Le dimanche 22 août, une réplique d’une magnitude de 5,0 a été nettement ressentie, décourageant les sinistrés à rejoindre leurs fragiles habitations.

Comme souvent à chaque catastrophe naturelle ou climatique en Haïti, ce sont les zones reculées qui sont les premières frappées, ce qui renforce davantage l’isolement des populations rurales et paysannes.

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Difficultés d’acheminement de l’aide

L’assistance humanitaire tarde à arriver auprès des populations affectées.

Apporter de l’eau et de la nourriture aux sinistrés est un défi logistique. Non seulement les ponts et les routes sont endommagés par le séisme, mais il faut aussi éviter les attaques des convois routiers par des bandits.

Depuis le début du mois de juin, toute circulation était impossible sur la partie de la route nationale qui traverse la zone de Martissant, quartier pauvre de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, et terrain d’affrontements entre gangs armés.

Une trêve temporaire entre gangs

Une trêve temporaire entre gangs a été déclarée le temps que la solidarité puisse faire son œuvre. Néanmoins la montée en puissance des gangs, l’envolée des kidnappings et de la violence (qui a atteint un paroxysme au moment l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse), fragilisent davantage la mise en œuvre de l’aide.

Les destructions et dégâts étant particulièrement conséquents dans les zones rurales enclavées, les autorités haïtiennes privilégient désormais l’acheminement de l’aide humanitaire par voie aérienne.

Lire aussi : En Haïti, la lutte courageuse du JILAP contre la « gangstérisation du pouvoir » (Podcast)

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La réponse des partenaires locaux du CCFD-Terre Solidaire

– ITECA

d’ITECA est une ONG haïtienne d’appui aux mouvements paysans que nous soutenons depuis de nombreuses années.

Elle témoigne que les dégâts sont immenses dans ses zones d’intervention du Sud (Aquin, Saint-Louis, Maniche, Cavaillon, Cayes, Port-a-Piment, Chardonnières, Les Anglais, Tiburon).

Les premiers bilans partiels font état de nombreux blessés et victimes, mais aussi de pertes matérielles très importantes, tant au niveau des infrastructures publiques que des infrastructures familiales.

Dans les trois départements, ce sont 52,953 maisons détruites qui ont jusqu’à maintenant été décomptées.

ITECA met en place un plan de réponse aux besoins humanitaires urgents des communautés les plus affectées dans ses zones d’intervention.

ITECA s’appuie sur les espaces de coordination mis en place lors catastrophes naturelles précédentes. Ce plan d’urgence sera suivi d’un plan d’action lié au relèvement ou à la réhabilitation dans les communautés ciblées afin de s’inscrire dans une dynamique plus structurante.

– JILAP
La Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (JILAP), dont plus de 20 membres ont vu leurs maisons détruites ou endommagées dans les Nippes, souhaite apporter son soutien aux familles sinistrées par :

– l’envoi de produits de première nécessité,

– la réparation de leur maison

– un accompagnement dans l’obtention de leurs documents d’identité, indispensables dans l’acquisition de services basiques mais aussi dans l’exercice de leurs droits civiques.

Les équipes de Justice et Paix sur place coordonneront les ressources disponibles.

Lire aussi : En Haïti, Jocelyne Colas démêle les fils de la paix

– Tèt Kole

Le mouvement paysan Tèt Kole apporte son assistance aux communautés rurales affectées par le séisme.

Il achemine en première urgence des kits d’hygiène, de la nourriture, des tentes et un soutien psychosocial solidaire aux familles paysannes.

Tèt Kole prévoit ensuite, à moyen et long terme, de permettre aux paysans de reconstruire leurs maisons et de reconstituer leur culture vivrière et leur cheptel caprin fortement endommagés par le tremblement de terre.

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Ne pas revivre le cauchemar du séisme de 2010 et s’attaquer aux causes structurelles

Les organisations de la société civile haïtienne ne veulent pas voir se répéter les erreurs du post-séisme de 2010 : la désorganisation de l’aide humanitaire avait créé de grandes frustrations, d’illusions chez les populations affectées et de nombreux doublons dans les distributions. Des personnes sinistrées vivant dans des zones reculées n’avaient jamais bénéficié des programmes de soutien.

Le séisme de 2010, et le modèle de développement qui prédominait, ont plongé le pays dans un « âge humanitaire » dont il ne s’est jamais remis.

Haïti se trouve maintenant être dans une situation beaucoup plus vulnérable qu’elle ne l’était il y a dix ans.

Le chaos politique a contribué à affaiblir la démocratie et délégitimer l’Etat dont le peuple se méfie fortement.

L’Etat s’est graduellement effondré, tombant dans la déliquescence et la corruption endémique. Il ne propose plus aucune politique publique sociale à la hauteur des attentes populaires.


Aujourd’hui les organisations locales demandent à ne pas être contournées par l’aide internationale.

Elles demandent à être prises en compte dans la reconstruction immédiate d’Haïti mais aussi dans son avenir politique et social.

La solidarité locale doit être au cœur de la réponse humanitaire en s’appuyant sur les organisations sociales, les associations haïtiennes, les réseaux d’entraide et communautaires.

Les acteurs sociaux et partenaires haïtiens le disent aujourd’hui : cet élan de solidarité internationale doit se faire en respectant la dignité et les besoins des victimes.

Ils veulent absolument éviter toute instrumentalisation de la crise au profit des projets politiques de l’élite.

L’objectif de l’aide internationale doit être mettre en place des interventions structurantes qui permettront aussi à la population d’être mieux équipée à l’avenir pour faire face à d’éventuelles nouvelles catastrophes.

Jules Girardet
Chargé de mission Haïti

Crédit photos : Iteca

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