Paris, lundi 25 janvier 2010
« Maintenant, il faut secourir aux besoins de la population : eau (heureusement, la Plaine dispose de grandes réserves) et nourriture. Mais pour combien de temps faudra-t-il secourir à la population ? Tant de monde sur un espace si réduit ? Il faut certes bien estimer les besoins futurs ; la reconstruction – mais ici, bon nombre de décisions politiques s’imposeront. Entre temps, un minimum de structures de base doit reprendre leur fonctionnement. La distribution partielle de carburant a repris rapidement ; il n’y aurait pas de pénurie à craindre dans le proche avenir. Il faut la réouverture des banques, parce que l’argent commence à faire défaut. Il faut un peu de commerce et circulation de nourriture, etc…. Le secteur informel offre certains services pour qui a de l’argent. Le Gouvernement haïtien se fait entendre rarement et timidement. Aujourd’hui 20 janvier, le Président s’est adressé à la nation. Il était temps. Ce silence provoque des mécontentements. Rien n’apparaissait sur le plan gouvernemental… chacun intervient à sa façon. Et pourtant, le CNE (travaux publiques et équipements lourds) était présent dans les rues dès les premiers jours, les jeunes secouristes et l’action civique (Ministère de le Jeunesse) étaient rapidement dans les rues. Aujourd’hui finalement j’ai vu l’EdH (la compagnie électrique) à l’œuvre. Le secteur privé commence à annoncer des mesures.
Les Américains ont pris le contrôle total de l’aéroport. Ils décident des entrées et sorties du pays. Beaucoup d’aide entre dans le pays par la frontière Dominicaine : aussi bien de la part du Gouvernement Dominicain, des organisations de la société civile et des personnes privées. C’est une très belle solidarité. Le tremblement de terre aura d’énormes conséquences pour le peuple haïtien : tant au niveau des mentalités, le retour à la campagne ; la présence et la mêlée étrangère prend des proportions toujours plus grandes. (…) »
Jan Hanssens, Missionnaire de Scheut
Directeur de Justice te Paix
Paris, mercredi 20 janvier 2010
Nouvelles transmises par Christiane Esteves, membre de Désir d’Haïti, organisation amie du CCFD-Terre solidaire
« Tous les symboles de l’Etat et de l’Eglise sont par terre. Le Palais national s’est affaissé, la DGI (direction générale des impôts) qui joue ici un rôle capital n’est plus qu’un amas de gravas. Le Palais de Justice, les Ministères de l’Intérieur, de l’Education nationale, des Affaires étrangères, de la Condition féminine, de l’Environnement, la Mairie de Port au Prince, le Palais législatif, ont disparu. Seul a tenu le siège du Premier ministre, sa cour est devenu un camp de réfugiés, de sinistrés.
Les églises du Sacré-Cœur et de St Louis roi de France sont en ruines. La Villa Manrèse, bien connue de tous les visiteurs en Haïti, est inutilisable. Quatre personnes y ont trouvé la mort dont Mme Cécile, une française qui travaillait pour l’éducation catholique. Le collège Canado-Haïtien, St Jean l’Evangéliste, St Louis de Gonzague, la rue du Centre sont en ruines (une centaine d’enfants y ont été ensevelis). La cathédrale épiscopalienne est dans le même état que sa jumelle catholique. Mariani (Filles de la Sagesse) est en ruine, six sœurs ont été tuées. Le séminaire et le CIFOR sont en ruines. La maison provinciale des sœurs de St Paul de Chartres de Delmas 33 est inhabitable, leur collège s’est effondré. Elles craignent les pillages. Quand on voit tout cela, on a mal quand on pense à tous les efforts qu’il a fallu faire pour construire ces édifices.
A Pétion-Ville, ce sont les Frères de l’Instruction chrétienne qui ont le plus souffert : leur maison provinciale s’est effondrée sur les trois frères qui s’y trouvaient : un n’a pas encore été retrouvé, l’autre a pu être retiré après une nuit de souffrances, il est décédé peu après (F. Joseph), le troisième est très gravement blessé, mais il n’y pas un hôpital qui fonctionne. Si rien n’est fait pour son pied écrasé, il aura du mal à survivre. Leurs voisines, les Sœurs de la Charité de Ste Hyacinthe sont totalement sinistrées. »
Paris, le 19 janvier 2010
Des nouvelles d’ITECA, partenaire du CCFD-Terre Solidaire
« Le 12 janvier 2010 à 4h53 de l’après-midi, un gros tremblement de terre a frappé plusieurs ville en Haïti. Port-au Prince, Gressier, Léogâne, Gran-Goâve et Petit-Goâve ont été les plus touchées. Le local d’ITECA à Petit-Boucan a été très endommagé. Jusqu’à présent, personne n’a réussi à joindre les autorités, qui ne se sont pas manifestées. Beaucoup de gens commencent à quitter Port-au-Prince car ils n’ont plus d’endroit où dormir. La ville de Port-au-Prince est emplie d’odeurs de cadavres, et il y a un manque d’eau, de nourriture, d’abris pour dormir, ce qui pousse les gens à fuir Port-au-Prince en grand nombre. Nous avons entendu que beaucoup d’aide allait arriver, nous espérons qu’elle profitera effectivement aux victimes et non pas à ceux qui « s’engraissent » sur le dos du peuple. Le local d’ITECA a subit de nombreux dommages, plusieurs maisons se sont effondrées dans la localité de Ti Boukan, presque tous les paysans ont dû dormir dans la rue, dans les champs ou dans les cours. ITECA encourage les victimes à se regrouper en association pour faire pression sur leurs responsables pour qu’ils les aident. Nous avons pris quelques photos pour mieux faire comprendre les dégâts du tremblement de terre sur les locaux d’ITECA. »
Paris, dimanche 17 janvier 2010
Nous vous faisons parvenir le denier message d’Antony Eyma notre partenaire haïtien de Concert’ Action depuis Port-au-Prince.
Bonjour à tous,
« La communication internet vient d’être rétablie. Merci pour vos pensées. Je ne m’attarderai pas. Juste le temps de vous rassurer. Je vais bien, de même que ma proche famille et tous les membres de l’équipe de Concert-Action que j’ai pu contacter jusqu’ici, dont Seide et Léon.
Il s’agit d’un vrai désastre. Inimaginable. Indescriptible. Les principaux bâtiments publics ont été détruits. Le nombre de maisons détruites et endommagées sur les grands axes que j’ai empruntés est très important. Nous avons fait un recul de plus de 60 ans. Il sera difficile de nous relever. De nombreuses personnes ne peuvent être secourues sous les décombres et les hôpitaux ne peuvent pas faire face à l’afflux des victimes.
Le gouvernement est dépassé (d’ailleurs le palais national et tous les Ministères sont détruits). Un effort de réorganisation orientée vers l’action est certes constaté tant du côté des autorités que de la société civile. Mais les moyens restent limités et l’improvisation domine. Passés les premiers moments de stupeur, les attentes et les besoins vont s’affirmer avec plus d’ampleur dans les quartiers, en rapport avec la gestion des cadavres, les problèmes de santé, l’accès aux abris, à l’eau et à la nourriture. La population est laissée à elle-même jusqu’ici.
Dans les prochains jours, il y a à craindre une forte remontée de l’insécurité et des scènes de pillage. A moins que des efforts importants soient faits de manière célère. Les régions rurales sont aussi touchées. A Delatte, les bâtiments sont fissurés et il y a eu des morts. Mais les membres de l’équipe sont sains et saufs. Je n’ai pas encore de nouvelles en provenance des Palmes, de Bain et de Cotes de Fer, de la 8ème section de Petit Goâve où travaillent aussi nos équipes. Au moment de terminer cette lettre, je viens d’apprendre qu’un de nos chauffeurs, est décédé sur l’avenue Poupelard (il revenait de la 8ème section). Je vous laisse. A bientôt. » Antony Eyma depuis Port-au-Prince
…En plus de Port-au-Prince, plusieurs autres villes ont été touchées dans le sud : Jacmel, Léogane, Petit Goâve, pour ne citer que celles-là. Dans le milieu rural, même à Ducis, bien des maisons qui étaient déjà fragiles ont cédé. Ces images ne passent pas à la télé. (On peut donc imaginer que dans d’autres zones c’est pareil…).
Dans le Sud, on accueille des flux de malades venus de Port-au-Prince et des flots de réfugiés qui ont dû quitter la ville et tentent de regagner leur village natal. L’hôpital des Cayes ne peut pas accueillir toutes les victimes. Le terrain de football constitue un véritable centre d’hébergement.
Voilà les dernières nouvelles de nos partenaires haïtiens sur place.
Emmanuel Cochon
Chargé de Mission Haïti au CCFD-Terre Solidaire
Paris, le 13 janvier 2010
Encore un drame en Haïti : le CCFD-Terre Solidaire exprime sa solidarité envers les victimes du séisme à Port-au-Prince.
Après la saison cyclonique de 2009, alors que les blessures subies en 2008 par 4 cyclones n’étaient pas refermées, voici qu’un tremblement de terre majeur frappe Haïti. Aux côtés de symboles importants pour la vie citoyenne (le Palais national et la cathédrale de Port-au-Prince, entre autres bâtiments historiques), ce sont des milliers de logements qui ont été rasés et tous les réseaux d’infrastructures routiers et de communication sont mis à mal.
En ces heures difficiles, le CCFD-Terre Solidaire tient à affirmer sa solidarité. Nous restons aux côtés de ceux et celles qui travaillent pour le développement d’Haïti : un développement solidaire qui fait appel à la participation de tous les citoyens.
En mai 2009, un responsable associatif haïtien qui a enduré les multiples crises politiques et environnementales traversées par son pays, nous faisait comprendre que très souvent l’urgence arrive trop tard… Le sentiment de devoir à chaque fois tout recommencer le lassait. Mais il plaçait son espoir, comme nous au CCFD-Terre Solidaire, dans l’obstination de ceux et celles qui, en inventant chaque jour une façon de survivre, font preuve de solidarité et de courage.
Solidarité et courage, plus nécessaires que jamais aujourd’hui !
Nos pensées et notre aide vont à tous les Haïtiens. Nos chargés de mission sont à pied d’œuvre pour contacter les 7 partenaires locaux avec lesquels nous travaillons depuis de nombreuses années. D’ores et déjà, vous pouvez manifester votre solidarité en faisant un don ici. Votre aide leur sera précieuse pour subvenir aux besoins d’urgence et à la reconstruction.
Emmanuel Cochon
Walter Prysthon
Chargés de mission au CCFD-Terre Solidaire
Nos 7 partenaires:
KNFP
Bureau à Pétion-ville ; Localisation de l’initiative : tout le pays
Le KNFP, Conseil national du financement populaire, il assume des fonctions d’appui et de formation en terme de financement populaire, de renforcement institutionnel, etc. auprès de plusieurs ONG de terrain et surtout une douzaine d’organisations paysannes de tout le pays. A travers ces organisations, le KNFP touche plusieurs dizaines de milliers de personnes, essentiellement des familles rurales. Le KNFP met notamment en place au bénéfice de ces personnes des formations, dites « itinéraires de formation ».
Commission Épiscopale Justice et Paix
Bureau à Port-au-Prince ; Localisation de l’initiative : tout le pays
Le Plan National de Formation en droits humains de JILAP est à destination d’environ 200 « commissions Justice & Paix » dans tout le pays, aux niveaux paroisse/Evêchés/Archevêché. JILAP assure également le monitoring de la situation des Droits Humains en Haïti et notamment la situation dans les prisons.
FONHSUD
Bureau à Aquin ; Localisation de l’initiative : quelques communes du Département du Sud
Le Fonds Haïtien d’appui au développement du Sud a été créée à l’initiative du curé de la paroisse d’Aquin. Elle intervient dans le champ du développement local, essentiellement sur les questions de reboisement, accès à l’eau, accompagnement de MUSO, développement agricole et de concertation avec les élus.
ITECA
Bureau à Port-au-Prince ; Localisation de l’initiative : Chaine des Matheux pour le projet 2008, 3 communes pour le projet 2009
L’Institut de TEChnologie et d’Animation est une ONG importante d’appui au développement rural, qui mène des projets dans différentes zones du pays et met l’accent sur la formation des paysans et leurs organisations sur des aspects techniques, organisationnels, commerciaux, etc.
Concert’Action
Bureau à Pétion-ville ; Localisation de l’initiative : Commune de Sainte-Suzanne, Nord-est.
« Concertation et Action pour le Développement » intervient dans le domaine du développement rural, en agriculture et santé communautaire, en lien avec des communautés rurales. Concert’Action a développé une expertise certaine en matière d’accès à l’eau en milieu rural, en mettant en œuvre notamment des projets pour des agences de l’ONU. Concert’Action met en œuvre depuis 2008/09 le « Projet d’amélioration et pérennisation de l’accès à l’eau potable dans les communes défavorisées de Sainte-Suzanne ».
Klib Timoun
Bureau et localisation de l’initiative à Verrette
Klib Timoun est une petite structure qui propose aux enfants « restavek » (enfants issus de familles pauvres qui sont « donnés » ou confiés à d’autres familles, et se retrouvent souvent abandonnés, ou bien sortis du système scolaire, ou exploités) des activités d’alphabétisation, culturelles, des formations diverses notamment sur les Droits Humains, ou préprofessionnelles (coiffure, couture, etc.). Klib Timoun apporte aussi une formation aux animateurs des centres pour enfants.
Tèt Kole
Bureau à Port-au-Prince ; Localisation de l’initiative : Commune de Pignon, Nord-est
Tèt Kole est une organisation paysanne implantée dans presque tout le pays (8 départements), qui a l’intéressante particularité au-delà de la défense des petits producteurs, de défendre et mettre en valeur l’identité paysanne haïtienne. Elle est issue du processus d’organisation de communautés rurales de base par l’Eglise dans les années 70 dans le Nord-ouest, qui a souffert d’une sanglante répression (en particulier le massacre de 139 paysans en 1987 à Jean Rabel).
L’intégralité du témoignage de Jan Hanssens, directeur de Justice et Paix (pdf)
Photos de notre partenaire ITECA
itecatiboukan.blogspot.comSituation géographique de nos partenaires (pdf)La Mission universelle de l’Eglise lance un appel à la prière et au partage (pdf)
Les données communiquées via ce formulaire sont collectées avec votre consentement et sont destinées au CCFD-Terre Solidaire en sa qualité de responsable du traitement.
Elles sont destinées à la direction du développement des générosités pour vous envoyer notre actualité et vous tenir informé de nos actions.
Pour l’exercice de vos droits d’accès à vos données, vous pouvez contacter notre Délégué à la Protection des Données personnelles par courriel dpo@ccfd-terresolidaire.org ou par courrier postal :
CCFD-Terre Solidaire (DPO)
4 rue Jean Lantier
75001 PARIS
En cas de difficulté en lien avec la gestion de vos données personnelles, vous pouvez adresser une réclamation à la CNIL.