Sommet Climat de New York : l’urgence climatique ne doit pas alimenter l’agrobusiness !

Publié le 17.09.2014| Mis à jour le 08.12.2021

Communiqué de presse Action contre la Faim-France, CCFD-Terre Solidaire, CRID, Oxfam-France, Secours Catholique-Caritas France

Le 23 septembre, Ban Ki Moon, Secrétaire Général des Nations Unies réunira à New York un Sommet sur le climat, où de nombreux chefs d’Etat sont attendus, dont François Hollande. L’agriculture fera l’objet d’une attention particulière. Si nos organisations se félicitent que la communauté internationale prenne enfin en considération les multiples liens entre climat, agriculture et sécurité alimentaire, elles s’inquiètent des modèles agricoles et systèmes agro-alimentaires qui seront promus. Alors que la France vient de confirmer son adhésion à une initiative fortement contestée, les ONGs interpellent le chef de l’Etat.


Le Sommet Climat sera en effet l’occasion du lancement de l’ « Alliance mondiale pour l’agriculture intelligente face au climat » (Global Alliance for Climate-Smart Agriculture). Alors que quelques Etats et multinationales, connus pour défendre un modèle agro-industriel à grande échelle, sont très impliqués dans la promotion de cette initiative, la France avait ces derniers mois hésité à y participer.

Cependant, Annick Girardin, secrétaire d’Etat au Développement vient de confirmer l’adhésion française à l’Alliance, alors même que les préalables définis par la France n’ont pas été réunis. Cette décision est regrettable, compte tenu des nombreuses réserves exprimées par la société civile qui reproche à l’Alliance de cautionner le modèle de l’agriculture productiviste conventionnelle basée sur l’utilisation massive d’intrants chimiques et de biotechnologies, et occulte la priorité qui doit être donnée aux agricultures familiales paysannes. Elle est ainsi soutenue par certaines des plus grosses entreprises agro-industrielles qui pourraient se servir de l’alibi climatique pour proposer des solutions contestées, comme les OGM, sans critères sociaux et environnementaux, ni souci du bien commun.
Cette Alliance pourrait ainsi se résumer à un espace de lobbying pour les entreprises privées et à une rampe de lancement d’investissements au service d’intérêts privés, menaçant directement les droits fondamentaux des populations agricoles et rurales ainsi que la sécurité alimentaire et nutritionnelle des plus pauvres. Ce faisant, l’Alliance ne pourra répondre à l’exigence de repenser nos façons de produire, d’échanger, de consommer face au double défi climatique et alimentaire.
Par ailleurs, les organisations de la société civile, du Nord au Sud [[Lettre ouverte de la société civile à propos de l’alliance globale pour une agriculture intelligente face au climat – Lettre internationale signée par plus de 160 organisations de la société civile- disponible sur : http://climatesmartagconcerns.weebly.com/francais.html]], s’interrogent aussi sur son fonctionnement, en l’absence d’un cadre de gouvernance lisible et transparent, d’exigence de redevabilité claire pour l’ensemble des parties prenantes, et d’une réelle prise en compte de la voix des premiers concernés : les petits exploitants du Sud.

Quatre jours avant le Sommet Climat, la France co-organise avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) un Symposium sur l’agroécologie à Rome. Or, pour nos organisations, agroécologie et « climate-smart agriculture » ne sont pas substituables ; dès lors, quelle cohérence de l’approche française en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire ?

Nos organisations dénoncent l’adhésion de la France à l’«Alliance mondiale pour l’agriculture intelligente face au climat », qui la justifie en prônant une stratégie d’influence de l’initiative de l’intérieur. Or des précédents ont déjà montré l’inefficacité d’une telle option.

Nous demandons à François Hollande de clarifier les choix de la France quant au modèle à défendre pour lutter efficacement contre le changement climatique et assurer un développement rural durable et équitable bénéficiant aux agricultures familiales et paysannes. A la veille de la présidence française des négociations sur le changement climatique, il y a urgence.

Contacts presse

– Secours Catholique-Caritas France : Sophie Rebours, 01 45 49 73 23, 07 86 39 43 02, sophie.rebours@secours-catholique.org
– CCFD-Terre Solidaire : Karine Appy, 01 44 82 80 67, 06 66 12 33 02, k.appy@ccfd-terresolidaire.org
– ACF-France : Julia Belusa ,01.70.84.72.22, jbelusa@actioncontrelafaim.org
– Oxfam France : Magali Rubino, 06 30 46 66 04, mrubino@oxfamfrance.org

Pour plus d’information, lire aussi : GLOBAL ALLIANCE FOR CLIMATE-SMART AGRICULTURE : UN JEU DE DUPES ?

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