Sommet Climat de New York (septembre 2014)

Publié le 17.09.2014| Mis à jour le 08.12.2021

Le Sommet Climat organisé par le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, le 23 septembre prochain à New York, vise à mobiliser au plus haut niveau politique (chefs d’Etats et de gouvernements) et à servir de rampe de lancement pour les discussions sur un nouvel accord climatique international.

Celles-ci devraient aboutir lors de la conférence climat de Paris en décembre 2015 (COP21), en passant par Lima en décembre 2014 (COP20). Force est aujourd’hui de constater que la (bonne) volonté politique n’est pas au rendez-vous et que les Etats ne semblent pas prendre au sérieux cette opportunité de s’engager à la hauteur des enjeux. Le Sommet devrait être l’occasion de valoriser de nombreuses initiatives multi-acteurs et volontaires, devant participer à la création d’un environnement politique favorable à un accord climatique international en 2015. Mais cela n’est pas sans risque. Ces initiatives peuvent servir à masquer le manque de volonté politique des Etats d’avancer sur une action politique ambitieuse et sur des engagements contraignants, notamment dans le cadre des négociations onusiennes. Le danger est également d’apporter la caution de la communauté internationale à des initiatives qui ne répondent pas réellement aux enjeux de justice climatique, de transition écologique et sociale et de solidarité nationale et internationale. L’Alliance globale pour une Agriculture intelligente face au Climat [[Global Alliance for Climate-Smart Agriculture / Portée par la FAO, la Banque mondiale, mais aussi les Etats Unis, les Pays Bas, de nombreuses grandes firmes, et en attente du ralliement d’autres pays dont la France]], qui devrait être lancée par Ban Ki Moon à l’occasion du Sommet, illustre bien ce risque. Oui, le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire sont inextricablement liés et il est essentiel que la communauté internationale se saisisse de cette problématique. Mais cette alliance ne constitue pas la réponse attendue. En effet, cette initiative :
  • se fonde sur un concept – la « climate-smart agriculture » – qui tolère des pratiques agricoles aux impacts sociaux et environnementaux négatifs, comme les OGM ou l’usage massif de pesticides et d’intrants chimiques, et qui est d’ailleurs repris à leur compte par les grands acteurs privés de ces secteurs.
  • n’apporte aucune garantie en termes de respect des droits humains, à commencer par le droit à l’alimentation, y compris des populations les plus vulnérables.
  • occulte la priorité qui doit être donnée aux agricultures familiales paysannes, pour répondre tant au défi climatique qu’à l’enjeu de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Le flou entretenu sur ses objectifs et ses modalités de gouvernance laissent au contraire craindre qu’elle se transforme en un espace d’influence par les multinationales des politiques agriculture/climat, ainsi qu’un lieu de labellisation d’investissements privés, s’inscrivant dans la logique du modèle de développement agricole dominant basé sur l’intensification, les cultures d’exportation et l’utilisation de biotechnologies et de la pétrochimie.
Plus d’infos : Sur l’engagement des organisations de la société civile au niveau français : note des Commissions Climat et Agriculture de Coordination SUD – coordinationsud.org Au niveau international : http://climatesmartagconcerns.weebly.com/ Des pratiques mises en œuvre chaque jour par les organisations paysannes et les mouvements sociaux ont fait leur preuve, mais elles supposent un changement de paradigme. Quand on parle de lutte contre le changement climatique et l’insécurité alimentaire, comment par exemple ne pas penser à l’agro-écologie [[L’agroécologie doit permettre le maintien d’une agriculture productive permettant d’assurer des rendements réguliers et optimisant l’utilisation des ressources locales tout en réduisant les impacts environnementaux et socioéconomiques des pratiques intensives. L’agroécologie :
  • constitue une approche intégrée de l’agriculture et de l’alimentation, fortement ancrée dans l’échelon local, qui reflète l’expérience et les connaissances traditionnelles ;
  • relie l’écologie, la culture, l’économie et la société afin de maintenir la production agricole, des environnements sains et l’avenir des communautés ;
  • applique les principes de l’écologie à la conception et à la gestion d’écosystèmes agricoles durables. ]], qui, au-delà d’un seul modèle de production agricole durable, promeut un modèle de développement économique, social et culturel rural pour les populations.
Avec nos partenaires ! L’AS-PTA est une ONG brésilienne centrée sur la promotion de pratiques agro-écologiques et intervenant dans plusieurs régions du pays. Elle fait de l’expérimentation participative le cœur de sa méthodologie. Jean-Marc Von der Weid, ancien président : « Nous souhaitions promouvoir une agriculture alternative mais nous n’avions pas de modèle. Nous nous rendions compte des problèmes de rendement des petits producteurs familiaux mais la solution conventionnelle leur était inaccessible faute d’argent. Il fallait donc développer des techniques bon marché provenant de leur propre force de travail et utilisant les ressources naturelles à leur disposition. Nous les avons trouvées dans l’agroécologie. » – Et de l’alternative, nous sommes passés à la « tâche d’huile » comme souligne Jean Marc. En effet, dans l’État de Paraiba, zone semi-aride du Nord-Est du Brésil, avec l’implication des acteurs locaux (syndicats paysans, groupes d’Église, etc.), l’expérimentation a été lancée sur deux municipalités, avec dans chacune d’elles, trois communautés d’une trentaine de familles chacune. Le mouvement s’est étendu et, animé par les organisations paysannes, il atteint désormais plus de 5 000 paysans et leurs familles impliqués dans la transition agro-écologique. Les organisations de la société civile se mobilisent le week-end précédent le Sommet Climat de Ban Ki Moon pour faire entendre leurs voix. Le CCFD-Terre Solidaire souhaite marquer son soutien à deux temps forts de mobilisation qui s’organisent, au niveau national et régional :
  • Le village des alternatives citoyennes d’Alternatiba Gonesse, qui s’inscrit dans la dynamique Alternatiba au niveau national qui entend donner toute sa place aux initiatives déjà expérimentées par les populations sur leurs territoires et qui font sens au regard des exigences de justice climatique, de transition écologique et sociale et de solidarité internationale. Du 20 au 21 septembre, toutes les infos ici : http://alternatiba.eu/gonesse et http://voe95.fr/cptg/ et http://alternatiba.eu/
Le renforcement d’un mouvement citoyen et populaire sur ces enjeux est essentiel, notamment dans la perspective de la Conférence des Nations unies sur le climat Paris 2015, mais également au-delà, pour cristalliser un rapport de force favorable pour une action climatique ambitieuse et juste et pour la transformation durable des dynamiques politiques et sociales en la matière.

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