Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires : pour l’avenir de notre agriculture et de notre alimentation, la France doit s’opposer aux résultats de cette initiative

Publié le 21.09.2021| Mis à jour le 07.01.2022

Alors qu’il devait répondre à un enjeu crucial, la transformation de systèmes agricoles et alimentaires, le sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires du 23 septembre prochain fait fausse route depuis le début. Dénoncé, par la majorité des organisations paysannes et de la société civile pour son manque d’inclusivité et de légitimité, ce sommet, auto-baptisé « sommet des peuples », met en péril l’avenir de notre agriculture et de notre alimentation.

Annoncé par le secrétaire général des Nations unies en 2019, le sommet sur les systèmes alimentaires promettait de répondre à un enjeu de taille : transformer nos systèmes agricoles et alimentaires pour les rendre plus durables, résilients et diversifiés. Que ce soit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ou le Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE), la recherche internationale est unanime sur le sujet : le système agricole et alimentaire industriel est à bout de souffle, met en péril l’avenir de notre planète et de l’humanité, et ne parvient pas à endiguer l’explosion de la faim.

Pourtant, alors qu’il partait d’un constat nécessaire, ce sommet s’avère finalement être un danger pour la lutte contre l’insécurité alimentaire et la transformation de notre agriculture et de notre alimentation.

Coopté par quelques multinationales du secteur agro-industriel et des nouvelles technologies, certains scientifiques et des économistes triés sur le volet, ce sommet s’est émancipé des vrais processus de consultation internationaux et de toute négociation multilatérale quant aux solutions à mettre en œuvre. Marginalisant les voix de la société civile et des Etats qui proposaient des alternatives, les organisateurs du sommet ont construit ce dernier uniquement selon leurs perspectives, leurs connaissances, leurs intérêts et leurs partis pris.

Au lieu d’une réelle transformation des systèmes agricoles et alimentaires en faveur de l’agroécologie, l’accent a été mis sur ce que les organisateurs considéraient comme des solutions technologiques « révolutionnaires », favorables aux investissements des multinationales et susceptibles de s’intégrer dans le système industriel en place.

Délaissant plus de 20 ans de recherches et d’avancées dans la lutte contre la faim, ce sommet porte ainsi un coup sans précédent à la gouvernance internationale de l’alimentation. En stipulant qu’un petit groupe d’acteurs, selon des règles floues, peut décider de l’avenir des systèmes agricoles et alimentaires mondiaux, ce sommet affaiblit profondément le multilatéralisme et la négociation entre états, qui représentaient la norme jusqu’ici. Le « multi-acteurisme » qu’il prône en remplacement, s’apparente à une illusion marketing : prônant une inclusivité de façade, il est particulièrement excluant pour les Etats les plus pauvres et les acteurs les plus vulnérables. Tout le contraire du sort réservé à quelques acteurs du secteur privé dont l’entrisme a largement permis de poser leur vision comme base des termes du débat.

La France doit jouer un rôle pour limiter les impacts néfastes de ce sommet

Investie de longue date dans l’initiative, la France défend pourtant officiellement une agriculture familiale et agroécologique et un multilatéralisme inclusif sur la scène internationale. Il est urgent que notre gouvernement prenne enfin conscience du danger que représente ce sommet pour l’avenir de notre alimentation et de notre agriculture et agisse en conséquence.

Pour ce faire, nous demandons à Jean-Yves Le Drian d’utiliser son allocution du 24 septembre prochain à l’assemblée Générale des Nations unies pour :

1/ S’opposer à la mise en place de toute forme de nouveau mécanisme de suivi du sommet, (telle la création d’un secrétariat même temporaire) et refuser la création de la nouvelle interface science-politique voulue sur l’agriculture, qui ne fera qu’amoindrir le poids politique du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) et du HLPE déjà existant.

2/ Dénoncer l’absence de réelle consultation et l’absence de négociations quant aux solutions émanant du sommet et réaffirmer l’importance du multilatéralisme, de la transparence et de la consultation dans toute initiative internationale traitant des sujets agricoles et alimentaires.

3/ Dénoncer l’échec de ce sommet à mettre le droit à l’alimentation au cœur de la transformation des systèmes alimentaires et dénoncer l’impact et les coûts climatiques, environnementaux et humains de la majorité des solutions qui y sont proposées.

Contact presse :Retour ligne automatique
CCFD-Terre Solidaire – Sophie Rebours – 07 61 37 38 65 – s.rebours@ccfd-terresolidaire.org

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