Sous les bombardements à Gaza, la menace du silence
A Gaza, les locaux de nombreux médias et d’ONG ont été la cible des bombardements israéliens. L’angoisse des Palestiniens se conjugue désormais avec la peur du silence et de la solitude face aux réactions insuffisantes de la communauté internationale. Haya, du Community Media Center, nous a envoyé ce témoignage que nous avons choisi de traduire et relayer pour les aider à faire entendre leurs voix.
Il y a une souffrance qui ne peut être exprimée. L’odeur de la mort plane au-dessus de nous, et les nuits sont lourdes et longues. Ici, les gens passent des jours à prier pour ne pas être tués par les bombes ou les raids incessants. Ils comptent les minutes en se demandant où se sauver alors que les bombardements sont omniprésents et que les civils innocents sont les cibles directes des frappes aériennes israéliennes. Les enfants rêveurs, les femmes et les hommes sans armes sont les victimes de cette guerre.
Le monde entier observe en silence les massacres sanglants qui se déroulent à Gaza. Dans ce monde injuste, nous demandons simplement notre droit de mourir entier et avec des funérailles décentes.
Nous n’avons pas d’autre exigence que la mise en œuvre effective du droit international des droits humains et du droit des Palestiniens à la vie, à la sécurité et à l’autodétermination en vertu des conventions humanitaires internationales, ainsi que la poursuite impartiale des crimes de guerre israéliens devant la communauté internationale.
Les Gazaouis ont été expulsés par le pouvoir sioniste qui recourt aux bombardements aériens, maritimes et terrestres, aux massacres de civils, aux tueries ciblées, défigurant notre pays.
Nous avons passé des années à subir la détérioration de notre économie sous le blocus israélien. Nous cherchons la lumière de l’espoir, nous construisions notre pays pierre par pierre, nous vivions au jour le jour en vue d’établir une vie stable pour nos enfants et de construire un avenir : est-ce un crime ?
Et en deux jours, les maisons, les bâtiments, les rues, les moyens de subsistance, les terres agricoles, les écoles, sont tombés en cendres et nos enfants ont été tués de façon monstrueuse. Ils étaient censés célébrer la fête de l’Aïd et en garder des souvenirs inoubliables. Mais tout ce qu’ils affrontent, c’est la mort de la manière la plus barbare qui soit.
Laissez-moi être directe et vous dire que sous les décombres des maisons effondrées, on ne trouve que des morceaux de corps éparpillés.
Parmi les nombreuses histoires tristes, il y a celle de Hind Ahmad, la femme de ménage du bureau de Community Media Center[[ L’organisation palestinienne, Community Media Center, œuvre à défendre les droits humains et sociaux des personnes marginalisées, en favorisant notamment l’intégration des femmes et des jeunes dans la société palestinienne.
Le CMC se donne pour mission d’apporter une image alternative de la Palestine, et notamment de la bande de Gaza, en créant des relations de longue durée entre les médias et les citoyens, d’une part, et les médias et les décideurs/ses, d’autre part. Elle vise également à sensibiliser les jeunes journalistes à l’importance des médias pour servir une cause ou alerter sur une situation d’urgence humanitaire, ou encore pour aborder les grandes questions liées aux droits civiques et à l’évolution sociale.]] . C’est une vieille dame, seule en charge de sa famille et de ses enfants. Elle a travaillé dur pour obtenir sa maison où elle vit depuis de nombreuses années. Hind avait enfin trouvé une maison habitable. Mais dans cette escalade de violence, les bombes israéliennes ont détruit sa maison et elle doit maintenant faire face à l’expulsion, au déplacement. Elle est dorénavant sans abri.
Les sionistes nous empêchent de révéler les faits en détruisant tous les médias. Ils détruisent toutes les stations de télévision et de radio locales, dont la plupart étaient situées dans les bâtiments d’Al-Jawhara et d’Al-Shurooq, en plus des agressions mortelles et des attaques contre les journalistes.
Je souhaite également insister sur l’importance de soutenir notre cause sur les réseaux sociaux. Facebook et Instagram ont une politique abusive à l’encontre de la question palestinienne ; ils censurent des comptes qui publient des articles sur notre problématique et qui dénoncent les attaques et l’occupation. Leur politique consiste à nous empêcher de nous exprimer, en pensant qu’ils vont effacer l’identité palestinienne.
Nous devons sensibiliser les gens à notre réalité. Il faut apporter une protection internationale aux journalistes palestiniens pour qu’ils puissent atteindre leur objectif de dévoiler la vérité et rien ne doit cacher le vrai visage d’Israël. Nous devons briser le silence en mobilisant l’opinion publique de la communauté internationale. Les gens doivent savoir ce qu’il en est de nous à Gaza, où nous, civils Palestiniens, faisons face, avec notre chair, aux armes militaires illégales.
Je m’excuse de m’être exprimée longuement. Enfin et surtout, « on doit des égards aux vivants ; on ne doit aux morts que la vérité. » Voltaire.
Par Haya,
Membre de l’association Community Media Center, partenaire du CCFD-Terre Solidaire.
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