Sri Lanka

Publié le 05.07.2006| Mis à jour le 08.12.2021

Si la fin du conflit armé opposant les forces du Gouvernement et les LTTE en mai 2009 a ouvert des opportunités de développement dans les provinces du Nord et de l’Est, notamment grâce à la réouverture des routes entre le Nord et le Sud, l’évolution de la situation interne, trois ans après l’éradication du mouvement séparatiste reste très éloignée des attentes des minorités tamoulophones (musulmans, hindous, chrétiens), des défenseurs des droits de l’homme et de la « communauté internationale ».


La décision en juillet 2010 de la Commission Européenne, signifiant son refus d’extension des accords de préférences généralisées entre Sri Lanka et l’UE reste aujourd’hui la sanction politique la plus visible, qui souligne le manque d’engagement pris par le Gouvernement sri-lankais en matières de démocratisation du pouvoir et de mise en place de d’institutions indépendantes, capables de faciliter et de contrôler l’implantation des conventions internationales relatives aux droits civils et politiques pourtant ratifiés par le Gouvernement.

A la mi-novembre 2012, le Secrétariat Général de l’ONU diffusait un rapport sur l’échec des Nations Unies dans sa mission de protection des civils lors des derniers mois de la guerre au printemps 2009. Fort de ses alliances avec la Chine, l’Iran et renfloué financièrement par les prêts successifs du FMI, Colombo, dans son désir de décollage économique rapide sur le modèle des dragons d’Asie du Sud-Est, est davantage concentré sur le développement de méga projets économiques, de développement touristique de son littoral, de privatisation des services publiques que dans un processus de restauration de l’Etat de droit, de justice et de réconciliation nationale et de réinstallation des déplacés internes tamouls et musulmans, pourtant attendus.

Après 3 ans de processus de pacification post-conflit, les organisations de la société civile continuent à opérer dans des conditions difficiles et d’insécurité ; les défenseurs des droits de l’homme restent confrontés à des détentions illégales et des attaques personnelles, dont menaces de mort et assassinats dans un climat d’impunité et d’effondrement de la loi. La société civile sri-lankaise est depuis toujours faible et fracturée sur des lignes religieuses, ethniques et/ou territoriales. Depuis 20 ans, il a été impossible de bâtir un réseau/plateforme viable d’ONG ni d’intellectuels, dépassant l’identité sectorielle (groupes de travailleurs de l’industrie de la confection/travailleurs des plantations/mouvement de paysans/coopératives de pêcheurs artisans).

L’un des défis cruciaux est la promotion de l’inclusion sociale et la politique des minorités tamoulophones ainsi que le rétablissement de l’Etat de droit. Le CCFD-Terre Solidaire soutient l’émergence d’une société civile unifiée et densifiée, capable de pousser à l’inclusion des droits humains des minorités aux différentes échelles administratives du pays, dans les réformes des politiques publiques à venir.

De la même manière qu’en Inde, les ONG à Sri Lanka souffrent d’une crise de légitimité auprès des populations locales en raison d’une stigmatisation systématique de ces acteurs, présentés comme traitres de la nation, agents de l’Occident (tradition historique depuis l’Indépendance), promouvant les concepts étrangers des droits de l’homme et assurant de fait l’ingérence normative et politique des démocraties européennes dans les affaires intérieures du pays. De nombreux gouvernements, en particulier le présent, ont jugé pratique de stigmatiser les ONG comme responsables des maux sociaux du pays, en raison notamment de leur supposée affiliation aux anciens Tigres de l’Eelam (LTTE).

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