Sri Lanka : oui au tourisme responsable

Publié le 20.02.2013| Mis à jour le 08.12.2021

Avec plus d’un million de visiteurs en 2012, le Sri Lanka est devenue une destination touristique appréciée des voyageurs. Mais, pour l’ONG britannique Sri Lanka Campaign, tourisme ne veut pas dire oubli de la réalité.


Envie de visiter le Sri Lanka ? Il est vrai que ses superbes plages, ses étonnants sites historiques, sa faune et sa flore, la gentillesse de sa population ont tout pour séduire. Attention cependant. Car ce séjour qui s’annonce paradisiaque pourrait très bien se terminer, à votre insu, par un soutien moral et financier à des responsables de crimes de guerre et de violations des droits de l’homme.

C’est en tout cas le message que cherche à faire passer l’ONG britannique Sri Lanka Campaign, soutenue par l’Asian Human Rights Commission, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, qui, dans une campagne débutée l’année dernière, veut sensibiliser les touristes sur l’envers du décor sri lankais.

Et l’ONG de pointer du doigt les arrestations illégales, tortures, disparitions, exécutions extrajudiciaires devenues monnaie courante dans ce pays. Mais aussi les discriminations continues dont sont encore victimes les populations tamoules du nord, qui voient leurs terres toujours confisquées par les militaires et leur vie quotidienne, économique, religieuse, soumise au bon, ou, pour être plus exact, au mauvais vouloir des Forces armées sri lankaises. On est effectivement là bien loin des images de cartes postales véhiculées par le ministère du Tourisme sri lankais et les brochures des agences de voyages européennes.

La situation des droits de l’homme n’est d’ailleurs pas le seul point sensible pour l’ONG. Un autre aspect, et non des moindres, sur lequel Sri Lanka Campaign voudrait alerter les éventuels voyageurs porte sur la militarisation progressive du secteur du tourisme dans l’île. Notamment dans le nord. Entendant l’appel du président sri lankais au développement du tourisme, l’armée a répondu présent. Et s’est engagée à sa manière. Assurant les liaisons aériennes entre la capitale, Colombo, et le nord de l’île, installant et gérant des centaines de tea shops, de restaurants, de boutiques de souvenirs. S’accaparant également de nombreux terrains, y compris des plages entières, pour se lancer dans la construction d’hôtels de luxe, voire d’écolodges. Le dernier en date, inauguré par le président sri lankais lui-même en décembre dernier, construit sur les bords du lagon où eut lieu, en 2009, la bataille finale de la guerre opposant l’armée sri lankaise aux Tigres tamouls (LTTE). Bataille qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts, membres des LTTE ou civils.

Pas question pour autant d’appeler à un boycott du tourisme au Sri Lanka. Ce que Sri Lanka Campaign espère, c’est que les touristes, une fois informés de la situation réelle du pays, privilégieront les petits guest houses familiaux aux grands hôtels, les restaurants locaux aux gargotes militaires et ne se contenteront pas du seul discours officiel. Une sensibilisation qui ne peut qu’impliquer également les agences de voyages, responsables de la majorité des séjours vendus. Appelées de leur côté à respecter leurs obligations morales et éthiques, il leur est demandé de présenter à leurs clients un image plus globale des lieux qu’ils visiteront et d’offrir des propositions de voyage alternatives.

Une campagne que l’ONG britannique voudrait bien voir traverser la Manche.

Patrick Chesnet

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