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Témoignage de Sheila Reyes après les deux ouragans qui ont frappé le Nicaragua

Publié le 12.12.2020| Mis à jour le 08.12.2021

Sheila Reyes est la coordinatrice du Réseau Nicaraguayen de la Société Civile pour les Migrations. Elle raconte la violence des deux ouragans qui ont traversé son pays :


sheila_reyes2.jpg« Grâce à Dieu, la force, la résilience et la solidarité nous maintiennent. Notre pays a été cloué par 2 ouragans qui ont principalement affecté la côte caraïbe, mais aussi le département de Rivas.

D’abord l’ouragan Eta et quelques jours plus tard Iota, ce dernier beaucoup plus destructeur dans tous ses aspects.

Il a emporté des vies et a détruit plus de 1.800 maisons, rasant totalement les cultures. Les chemins sont détruits, des zones entières sans communication, sans électricité.

Des familles ont tout perdu et ne sont restées qu’avec les vêtements qu’elles portaient. C’est très triste.

Ochomogo, la communauté où j’habite, est une des zones les plus affectées du département de Rivas, avec la municipalité de Tola.

Dans ma communauté, Iota a emporté les toits et les maisons étaient inondées. Tout a été perdu dans cette zone rurale où les gens vivent de l’agriculture. Il y avait déjà 206 familles affectées avec Eta et encore 680 avec Iota.

L’aide du gouvernement est absente. Politisée, elle est seulement octroyée aux membres du parti au pouvoir.

Au niveau local, il y a peu de municipalités qui ont pu apporter de l’aide.

Des entraves gouvernementales empêchent les organisations de la société civile de venir en aide des populations des Caraïbes. Le gouvernement veut concentrer les ressources économiques de l’aide.

A Rivas, nous nous sommes mobilisés pour la collecte et la distribution d’aide alimentaire et de vêtements et pour l’organisation d’une aide médicale pour les familles les plus affectées.

La Croix Rouge, l’Eglise catholique, les Eglises évangéliques et les gens de bonne volonté ont apporté des colis alimentaires.

Le soutien prévu dans le projet soutenu par le CCFD-Terre Solidaire à des projets productifs pour les familles de migrants a permis d’acheminer des semences et quelques intrants à un certain nombre de personnes affectées, pour qu’on puisse recommencer à cultiver, d’autant que le secteur est totalement abandonné.

Les gens continuent de fuir vers le Costa Rica.

La pauvreté et la faim se voient au quotidien.

Si les gens ont un petit quelque chose, ça ne suffit que pour quelques jours. Il y a des résurgences de dengue, beaucoup de maladies respiratoires et de diarrhées en raison des eaux polluées. De nouveaux cas de Covid sont apparus, invisibilisés par l’Etat.

Malheureusement, la Covid a emporté Don Rafael Valdez, directeur du Centre Antonio Valvidieso – CAV [ONG membre et support administratif du Réseau nicaraguayen pour les migrations].

Une transition a été réalisée avec un nouveau conseil d’administration et une nouvelle directrice, Doña Miriam Porras. »

Propos recueillis et traduits par Emmanuel Cochon, le 1er décembre 2020

Lire aussi : Cinq ans après l’Accord de Paris, l’Amérique centrale frappée par les dérèglements climatiques

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