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Être une ville accueillante c’est possible
A l’occasion des élections municipales 2020, le CCFD-Terre Solidaire s’engage pour interpeller et sensibiliser les candidats et candidates autour des enjeux de l’accueil et l’intégration des personnes migrantes.
La campagne “Être une ville accueillante, c’est possible” s’inscrit dans un travail de long-terme mené collectivement dans le cadre de l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle qui regroupe le CCFD-Terre Solidaire et d’autres organisations.
Mobilisé avec nos bénévoles et nos alliés, notre objectif est de porter un message positif à partir de l’expérience réussie de plusieurs villes qui ont fait le choix de mieux accueillir les personnes migrantes.
Une autre politique migratoire est possible, elle existe et elle porte ses fruits !
© Jocelyn Rigault“Nombreux sont les exemples de villes ou de villages dans lesquels les autorités locales et les acteurs de société civile travaillent ensemble pour mettre en place des solutions d’accueil, d’intégration, respectueuses des droits et de la dignité des personnes. Devenir ville accueillante n’est pas une utopie ! Ensemble nous pouvons relever le défi”.
Nina Marx – Chargée de mission Migrations Internationales.
Nos convictions
Les villes et les communes peuvent jouer un rôle majeur pour agir face à la violation des droits des personnes migrantes. Elles ont le pouvoir d’initier des politiques locales volontaristes en faveur de l’accueil et de l’intégration.
Comment ? En facilitant l’accès au logement et à l’école. En permettant l’apprentissage de la langue. En mettant en place des outils et des espaces d’échanges pour permettre aux personnes migrantes de jouer leur rôle de citoyen.
avec le CCFD – TERRE SOLIDAIRE
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L’objectif de cette campagne :
Interpeller les candidats et candidates pour les encourager à faire de leur localité une “ville accueillante” une fois élu.e.s.Sensibiliser les décideurs et l’opinion publique à des exemples d’initiatives innovantes et d’alternatives en matière d’accueil, d’intégration et d’hospitalité des personnes étrangères.Encourager une vision des migrations comme une richesse pour nos sociétés et promouvoir une politique migratoire alternative respectueuse du droit des personnes migrantes.Kit de mobilisation
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Migrations : la société civile se mobilise contre les dérives sécuritaires aux frontières
Pour la Journée Internationale des personnes migrantes, Solène Bedeaux, Chargée de mission Migrations, nous éclaire sur la situation dramatique des personnes migrantes aux frontières européennes et françaises. Avec elle, découvrons les actions de la société civile qui se mobilise face à l’inaction des pouvoirs publics.
© Patrick Bar Aux frontières : un passage de plus en plus dangereux
Le durcissement des politiques sécuritaires aux frontières expose les personnes sur la route migratoire à des situations de plus en plus dangereuses, souvent au péril de leurs vies.
À la frontière franco-italienne, de nombreuses associations briançonnaises pallient à l’inaction de l’État depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, « la situation est telle que l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a dû installer une tente d’urgence, jusque-là réservée aux crises humanitaires internationales ».Face au silence étatique, agir en faveur d’un accueil digne
Le CCFD-Terre Solidaire, avec les organisations partenaires qu’elle soutient localement, a décidé de renforcer son action aux zones frontières pour lutter contre les violences qui interviennent trop fréquemment dans ces zones « de non-droit ».
À Briançon, Tous Migrants a récemment déposé un recours en justice pour qu’un lieu d’hébergement pérenne soit enfin financé. Une demande restée lettre morte à ce jour.
À Calais, la Plateforme des Soutiens aux Migrants et Migrantes (PSM) se mobilise quotidiennement auprès des personnes migrantes et tente de favoriser un dialogue avec le gouvernement pour obtenir des solutions. En vain, malheureusement.Journée Internationale des personnes migrantes : mobilisons-nous !
Pour réveiller les pouvoirs publics de leur inaction face aux réalités que vivent les personnes sur la route migratoire, la société civile se mobilise le 18 décembre prochain, partout en France, à l’occasion de la Journée internationale des personnes migrantes.
À Briançon, Tous Migrants organise la « Faites de la fraternité ». Un forum des associations et plusieurs conférences sur les migrations auront lieu dans toute la ville.
Au niveau National, plusieurs mobilisations se tiendront, comme celle prévue à Paris, place de la Concorde, suite à l’appel de la campagne Antiracisme et Solidarité.« Venez nombreux et nombreuses à ces moments de rencontres et d’échanges, et faisons vivre ensemble une autre vision de l’accueil et de la solidarité ».
Ecouter aussi :
Journée mondiale du migrant et du réfugié : immersion à la frontière franco-italienne (podcast)
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Dans les Balkans, les personnes exilées aux portes d’une “Europe forteresse” #JeudiPhoto
Cette semaine, à l’occasion de la Journée international des personnes migrantes, notre regard se porte sur une Europe coupable de la négation des droits des personnes migrantes.
Camp de Bira © Sophie-Anne Bisiaux Sophie-Anne Bisiaux, juriste pour Migreurop, a sillonné pendant plusieurs la mois route des Balkans, son appareil photo en main.
Elle a été témoin des violences inouïes que subissent les personnes exilées aux frontières. A cela, s’ajoute la multiplication des camps aux conditions de vie déplorables et indignes pour répondre à la stratégie européenne de dissuasion, d’hostilité et de contrôle des mobilités.
Dans le canton d’Una Sana, en Bosnie-Herzégovine, la sur-concentration des personnes exilées, prises au piège des politiques de refoulements, alimente une crise de l’accueil qui divise la population locale.
Suite aux protestations et à l’instrumentalisation politique de la question migratoire, les autorités de Bihac ont démantelé le camp de Bira, laissant de nombreuses personnes exilées contraintes de se réfugier dans des squats ou dans des camps déjà surpeuplés.
En finançant une grande partie de ces camps mais sans apporter de soutien sur place, l’Union Européenne témoigne de la priorité qu’elle donne à la protection de ses frontières au détriment de la protection des personnes migrantes engagées depuis de nombreuses années le long d’un “exil sans fin”.
Lire le rapport de Sophie-Anne Bisiaux : Exil sans fin : chantage anti-migratoire le long de la route des Balkans.
Chaque jeudi, nous vous proposons un arrêt sur image pour prendre conscience, autrement, d’une fracture de notre monde sur lequel, par l’action collective et plaidoyer, nous agissons.
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Rien n’arrêtera la solidarité, pas même les frontières
Solidaires face aux frontièresDepuis plus de 40 ans, le CCFD-Terre Solidaire se mobilise afin que migrer puisse être un choix et une chance pour toutes et tous. Par son action de solidarité internationale, nous œuvrons à ce que chacun puisse trouver dans sa patrie des conditions pour exister et vivre dignement.
Nous soutenons près de 30 organisations locales, en France et à l’étranger, qui s’attachent à ce que les droits des personnes migrantes soient respectés tout au long de leur chemin migratoire. Chaque jour, nos partenaires et nos bénévoles mènent des actions, ici et là-bas, pour protéger et aider les personnes migrantes le long de leur exil.
Avec nos partenaires, nous faisons vivre chaque jour une solidarité internationale que rien n’arrêtera, pas même les frontières.
2.7m
d’euros dépensés pour le mur
anti-migrants à Calais.216 km
de murs construits par la Hongrie
le long de ses frontières avec la Serbie.© Anne-Sophie Bisiaux© Patrick BarLes migrations aujourd’hui
L’Union Européenne et ses États membres mènent, depuis plusieurs années, des politiques migratoires toujours plus inhumaines et plus coûteuses.
Plus de 1000 km de murs ont été érigés en Europe, et plus de 21 milliards d’euros sont prévus pour renforcer les frontières extérieures de l’Union Européenne d’ici 2027.
Les politiques migratoires actuelles ont tué 34 000 personnes ces 20 dernières années. Elles sont mortes en mer, en tentant de traverser une frontière, ou encore dans les centres de rétention.
Ces politiques migratoires sont dictées par l’Europe et des pays comme les États-Unis, or le dialogue avec des pays considérés comme plus pauvres sur ces enjeux cruciaux est quasi inexistant. Pourtant, 85% des réfugiés ont trouvé protection dans un pays en développement.
Nos convictions
Il nous appartient aujourd’hui de changer les mentalités, de bousculer les politiques actuelles et de nous engager pour le renforcement des valeurs de solidarité aux frontières.
Nous plaidons pour l’application d’une gouvernance alternative des migrations qui permettrait à tous les Etats de coopérer pour définir des politiques migratoires plus justes. Nous soutenons des organisations partenaires locales basées dans le monde entier qui mènent des actions variées en faveur de la protection et de la défense des droits des personnes migrantes.
Soutenir ces pluralités d’actions fait notre force. Le travail commun est la clé du changement.
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Nous demandons aux Etats :
De tous coopérer entre eux pour mettre en place des politiques migratoires plus justes en n’excluant aucun pays du dialogue.De mettre en place des politiques migratoires plus respectueuses des droits humains.Sur le terrain
Nos partenaires agissent
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Réinventer l’accueil des personnes migrantes dans les villes
S’appuyant sur l’exemple de la politique migratoire de São Paulo au Brésil, qu’il a participé à construire, le réseau Red Sin Fronteras, partenaire du CCFD-Terre Solidaire depuis 2012, agit auprès des villes pour développer un modèle fondé sur le respect des droits et la participation politique des exilés.
Arrivées d’Europe et d’Asie à la fin du XIXe siècle puis des pays voisins d’Amérique latine, des personnes migrantes de trente nationalités résident aujourd’hui à Catamarca, région andine prospère et point de passage en Argentine avec le Chili, le Paraguay et la Bolivie. Mais ni la ville ni même l’État ne proposent de politique d’intégration pour les personnes étrangères, dont d’importantes communautés venues – par l’Espagne du temps de Franco- ou plus récemment du Pérou et de Bolivie pour travailler. Elles étaient alors souvent privées de droits ou contraintes de se rendre dans la province de la Rioja pour effectuer leurs démarches administratives.
Face à l’absence de politique de protection des plus vulnérables, et notamment des exilés durant la pandémie, les acteurs locaux ont continué à porter des alternatives, jouant un rôle essentiel.Originaire de la capitale, San Fernando del Valle de Catamarca, Adriana Fadel, chercheuse au Brésil et militante au sein du réseau Red Sin Fronteras, connaît bien la politique inclusive de São Paulo. Elle suit aussi de près le travail du réseau sur les villes accueillantes. En 2019, de retour de Paris où elle a participé au lancement de l’Alliance autorités locales/société civile pour une autre gouvernance des migrations que soutient le CCFD-Terre Solidaire , elle a organisé des ateliers auprès des communautés étrangères pour qu’elles comprennent la force de l’alliance entre municipalité et associations afin de faire progresser les droits des personnes migrantes (voir encadré). Elle a également engagé sur ce sujet un dialogue avec la ville.
Le premier conseil municipal de migrants d’Argentine
Après plusieurs mois de travail avec les communautés migrantes, la ville de Catamarca, dont Adriana est depuis devenue conseillère municipale, met en place, en septembre 2020, un conseil municipal des migrants. La première expérience de ce type dans le nord-ouest de l’Argentine ! Son objectif : être un espace de consultation des exilés et des associations pour la construction de politiques d’accueil et d’intégration. Il se veut enfin un lieu de formation à la protection et à la défense des droits des migrants, notamment pour les élus et les différents fonctionnaires de la ville. La création de ce conseil souligne la volonté de la municipalité de promouvoir une vision interculturelle. Pour que ces orientations soient appliquées par les différents services de la ville, le Conseil des migrants crée un groupe de travail dont les membres sont élus parmi les différentes communautés, résidant à Catamarca ; son bureau est composé d’un Japonais, d’un Colombien, d’un Cubain et d’un Brésilien. Par ailleurs, le premier recensement des personnes immigrées a permis que cette population, jusqu’alors quasi invisible, soit prise en compte dans les politiques publiques.
Lorsque le dialogue s’ouvre entre collectivités, associations solidaires et exilés, l’accueil est un moteur de changement social qui bénéficie à tous.
Le Conseil a également lancé des actions de sensibilisation et des événements culturels, comme la fête des communautés, qui a donné plus de visibilité aux questions de la migration à Catamarca. Depuis son échelon local, le Conseil des migrants a ainsi permis une réelle prise en considération de l’enjeu de l’intégration. Un an après son lancement, en septembre 2021, le gouverneur de la Province, Raúl Jalil, a annoncé l’ouverture de l’Office national des migrations à Catamarca, autorisant les personnes migrantes à effectuer leurs démarches administratives dans la ville.
Un laboratoire de pratiques nouvelles
L’initiative de Catamarca est une expérience modèle pour le réseau Red Sin Fronteras et un véritable laboratoire de pratiques nouvelles riches d’enseignement. Elle traduit concrètement les principes fondateurs de l’Alliance pour une autre gouvernance des migrations : son engagement en faveur de l’interculturalité, l’approche transversale des politiques publiques, l’importance des actions de formation et de sensibilisa- tion. Accompagné par le réseau, Catamarca est un exemple de plus pour montrer, et même démontrer, que lorsque le dialogue s’ouvre entre collectivités, associations solidaires et exilés, l’accueil est non seulement possible mais est un moteur de changement social qui bénéficie à tous.
Justine Festjens, responsable de l’équipe migrations internationales
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Les Balkans au cœur d’un chantage anti-migratoire de l’Union Européenne
Le long de la route des Balkans, les personnes exilées sont victimes de violences et de violations de leurs droits. En cause, la stratégie de l’UE d’externaliser ses frontières. C’est ce que décrypte le rapport « Exil sans fin » publié par notre partenaire Migreurop. Sophie-Anne Bisiaux, l’auteure, nous éclaire sur ce travail de terrain qu’elle a mené.
Le long de la route des Balkans © Sophie-Anne Bisisaux Les personnes migrantes victimes d’un exil sans fin ponctué de violences
Sophie-Anne Bisiaux, juriste et chercheuse pour le Réseau Migreurop, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, a remonté pendant plus de 3 mois la route des Balkans de la Bosnie-Herzégovine jusqu’à l’Albanie en passant par la Macédoine ou encore la Serbie.
Elle a été témoin de la situation dramatique dans laquelle se trouvent les personnes exilées, bloquées aux portes d’une Europe forteresse et victimes de nombreuses violences par les autorités des Balkans, nouveau « chiens de garde » de l’Europe.
« Ce que j’ai vu, ce sont des personnes entassées dans des camps insalubres, d’autres ensanglantées après avoir été refoulées illégalement par des garde-frontières violentes ».
L’UE sous-traite des pratiques de refoulements violents
De ses observations et de ses entretiens avec divers acteurs et personnes exilées, elle décrypte, dans son rapport le chantage anti-migratoire et la stratégie de l’Union Européenne d’externaliser ses frontières.
En fournissant aux pays des Balkans des moyens financiers, techniques et opérationnels, l’Europe vise à se décharger de ses responsabilités en matière d’accueil, participe de manière directe à ces pratiques de refoulements violentes et promeut une vision ultrasécuritaire des migrations.
« Et je pense que cela nous intéresse, car il s’agit de l’argent du contribuable européen qui est utilisé pour mettre en œuvre des politiques inhumaines, racistes et meurtrières ».
“Invasion” aux portes de l’Europe ou image “fantasmée”
En conclusion de ce travail d’enquête, Sophie-Anne Bisiaux vise à défaire l’image exagérée d’une « invasion » aux frontières européennes » loin de la réalité qu’elle a observée.
« On parle en réalité de quelques milliers de personnes qu’il serait facile d’accueillir. L’accueil étant non seulement une obligation mais également une chance pour le pays d’accueil, comme cela est prouvée depuis longtemps ».
Pour aller plus loin :
Lire le rapport : Exil sans fin : chantage anti-migratoire le long de la route des Balkans -
Naufrage à Calais : des vies sacrifiées #JeudiPhoto
Chaque jeudi, nous vous proposons un arrêt sur image pour prendre conscience, autrement, d’une fracture de notre monde sur lequel, par l’action collective et le plaidoyer, nous agissons.
Cette semaine, notre regard se tourne sur le drame de Calais où 27 vies ont été emportées par les flots.
Sur les dunes de la Slack, une réfugié irakienne rejoint le bord de mer, épuisée. Les autres passagers tentent de redémarrer le bateau, pressés par la police qui est proche. © Jeremy Paoloni Aux alentours des dunes de la Slack, une migrante irakienne rejoint à pied, épuisée, le bord de mer. Pendant ce temps, les passeurs et les autres personnes migrantes tentent de faire démarrer, tant bien que mal, l’embarcation de fortune. On entend le bruit des drones dans le ciel : la police n’est pas loin.
Comme elle, ce sont des milliers de personnes qui tentent chaque jour de traverser la Manche au péril de leur vie.
Mercredi 24 novembre, 27 vies ont été emportés dans les mers suite au naufrage d’une embarcation de fortune. 27 vies qui auraient pu être épargnées sans l’indifférence coupable de l’Etat, trop préoccupé à protéger ses frontières plutôt que les droits humains.
Aujourd’hui est une journée de deuil et de colère. Le naufrage le plus meurtrier dans la Manche a eu lieu hier avec 27 morts, dont une femme enceinte. Malgré les alertes répétées des associations, l’Etat français n’a pas répondu à l’appel et se rend coupable
Sylvie Bukhari-de-Pontual, Présidente du CCFD-Terre Solidaire. -
Exil sans fin : le chantage anti-migratoire le long de la route des Balkans (Rapport)
Notre partenaire, Migeurop, publie un rapport qui dénonce et décrypte le chantage anti-migratoire et les violences à l’encontre des personnes exilées le long de la route des Balkans. En cause, la stratégie d’externalisation de ses frontières par l’Union Européenne qui fait peser sur d’autres sa responsabilité.
Sophie-Anne Bisiaux, chercheuse et juriste pour notre partenaire, le réseau Migreurop, a mené une enquête de terrain de janvier à avril 2021 pour produire le rapport : « Exil sans fin – Chantage anti-migratoire le long de la route des Balkans ».
Depuis plus de 20 ans, l’UE développe une coopération avec des pays non-membres (dits “tiers”) pour externaliser le contrôle de ses frontières. Identifiés comme des pays de départ, puis comme des pays de transit des migrations à destination de l’UE, les pays des Balkans ont été rapidement intégrés au cœur de cette stratégie d’externalisation.
Ce, particulièrement, depuis la malnommée “crise migratoire” de 2015 lors de laquelle près d’1 million de personnes, venues principalement du Moyen-Orient, ont été comptabilisées le long de la route des Balkans, itinéraire reliant la Grèce à des pays de l’UE situés plus à l’Ouest, et notamment l’Allemagne. Sommés de s’ériger en gardes-frontières et en véritables “hotspots” au service de l’UE, les pays des Balkans sont aujourd’hui le théâtre d’une multitudes de violations de droits et de violences exercées à l’encontre des personnes exilées.Ce présent rapport est le fruit d’une enquête terrain menée en Bosnie-Herzégovine, Serbie, Macédoine du Nord, Albanie. Et en distanciel pour le Kosovo et le Monténégro. Il comprend plus d’une centaine d’entretiens réalisés auprès de personnes migrantes, d’ONG locales, d’avocats, de journalistes, de chercheurs, de personnes militantes.
Le rapport se décompose en trois parties :
La première examine la manière dont les dirigeants et dirigeantes de l’UE instrumentalisent le processus d’adhésion des pays des Balkans à des fins de contrôle migratoire.
Le corridor « humanitaire ». Source Migreurop La deuxième s’intéresse à la transformation de ces pays en véritables “chiens de garde” des frontières de l’UE, en accordant une attention particulière aux pratiques de refoulements et aux violences comme outils normalisés de gestion des frontières.
Aux frontières européennes, les chiens de garde de l’espace Schengen. Source Migreurop La troisième partie documente la mise en place de “l’approche hotspot” dans la région.
Découvrir l’action d’un des partenaires que nous soutenons en Serbie
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Migrations : ces “villes accueillantes” qui font le choix de l’ouverture
Récemment, de nombreuses villes dites “accueillantes” se sont mobilisées en faveur de l’accueil des personnes réfugiées Afghanes. Justine Festjens, Responsable Migrations Internationales, nous éclaire sur ces villes de plus en plus nombreuses à faire le choix d’une politique d’accueil envers les personnes étrangères.
“Restons solidaires face aux frontières” happening artistique, Paris. © Jocelyn Rigault / CCFD-Terre Solidaire
Qu’est-ce qu’une “ville accueillante” ?
“Villes accueillantes” en France, “villes rebelles” en Italie ou encore “Communes hospitalières” en Belgique : de plus en plus de termes émergent pour décrire l’éclosion de villes qui dénoncent les politiques de fermeture des frontières et se positionnent en faveur de l’accueil des personnes exilées.
Lire aussi : Palerme, ville-frontière vers une citoyenneté solidaire
Mais qu’est-ce que signifie être une “ville accueillante” ? Tout d’abord, c’est une ville qui par définition ne s’oppose pas à l’installation et à l’accueil des personnes étrangères sur son sol.
Au contraire, elle fait le choix politique de lutter contre l’exclusion des personnes exilées en mettant en place plusieurs initiatives pour permettre leur hébergement et leur intégration.
En somme, c’est une ville qui s’ouvre à tous ses habitants, quel que soit leur nationalité ou leur papier.
Porter cette dynamique d’ouverture au niveau des Etats
Ces villes font face à la complexité de lutter contre le durcissement des politiques migratoires –qui se décident au niveau des états et dont elles sont tributaires.
C’est pourquoi le CCFD-Terre Solidaire a lancé une alliance qui fonctionne sur deux leviers principaux : les autorités locales et la société civile.
Les objectifs sont nombreux. Parmi eux, faire force commune pour répandre les bonnes pratiques afin d’encourager un changement de cap en matière de politiques migratoires.
Ces villes sont la preuve vivante que l’accueil des étrangers n’est pas seulement un devoir, mais surtout une chance et une richesse culturelle.
Lire aussi :
Accueil des migrants : quand les villes montrent la voie
Migrations : Le rôle des villes et des villages pour réinventer l’accueil
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A la frontière franco-italienne : la solidarité s’exprime
Direction les Hautes-Alpes pour le troisième épisode de notre série Migrations. Ce nouveau podcast nous embarque au cœur de la réalité migratoire, à la frontière franco-italienne. Dans un contexte de militarisation grandissante, nous découvrons le travail des organisations et des bénévoles qui tentent de venir en aide aux personnes migrantes.
Depuis 2015, les dispositifs de surveillance et les effectifs de police se renforcent à la frontière franco-italienne pour contrôler les passages de populations en migrations. Le territoire aux abords du Col de Montgenèvre, a été foulé par près de 14 000 personnes exilées ces cinq dernières années. Elles sont accueillies par de nombreux bénévoles, parfois venus des quatre coins de la France pour participer à l’élan de solidarité qui s’est organisé dans le briançonnais.
Tous Migrants
Depuis 2015, l’association citoyenne, [Tous Migrants->https://tousmigrants.weebly.com/], mène des actions de sensibilisation et de plaidoyer pour le respect des droits fondamentaux des personnes exilées dans la non-violence.
Elle coordonne également les maraudes organisées pour aller porter secours aux personnes migrantes en difficultés dans les montagnes.
L’Anafé
L’Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers (Anafé) effectue régulièrement des missions d’observation et recueille des témoignages des personnes migrantes pour documenter les pratiques illégales opérées sur les étrangers aux frontières.
Grâce à ces informations, et avec trente années d’expertise, l’association vient en aide aux personnes illégalement détenues ou refoulées, et renforce son plaidoyer pour réformer les législations et les pratiques abusives aux frontières.
Lire aussi : Aux frontières, l’Anafé lutte contre les violations de droits des personnes exilées
D’autres épisodes de Solidarité chronique sur les migrations
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Aux frontières, l’Anafé lutte contre les violations de droits des personnes exilées
Face au durcissement des politiques migratoires européennes et à la militarisation des frontières, notre partenaire, l’Anafé, milite contre les conditions, trop souvent indignes et illégales, d’enfermement aux frontières et contre les pratiques d refoulement expéditif des personnes exilées. Une équipe du CCFD-Terre Solidaire a participé à une mission d’observation à la frontière franco-italienne et a été témoin de ces abus. Récit.
Poste-frontalier de Montgenèvre. © Ophélie Chauvin Montgenèvre, 22 juin 2021.
Il est 21h30. Dans les Hautes-Alpes, la nuit tombe sur la ville de Montgenèvre, plongée sous un épais nuage de brouillard. L’attractivité touristique de la ville s’est endormie et le silence surplombe les rues désertes.
Cette ville frontalière est aujourd’hui un point de passage important, où chaque jour, des dizaines de personnes tentent de franchir la frontière par le Col de Montgenèvre pour rejoindre Briançon, situé à 12 kilomètres d’ici.
Cahiers et stylos en main, des salariés et des bénévoles du CCFD-Terre Solidaire assistent Emilie de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), pour réaliser une mission d’observation de nuit à la frontière.
Deux groupes –l’un posté devant le poste de la Police aux Frontières (PAF), et l’autre sur le parking en face de la gare routière– observent les mouvements des forces de l’ordre et les procédures de contrôles qu’elles effectuent.
Les dispositifs humains et matériels sont conséquents. Tout au long de la nuit, police aux frontières, police nationale, militaires et gendarmes patrouillent le long des sentiers de montagnes, et dans le centre-ville, à la recherche de personnes migrantes.
Les forces de l’ordre sont équipées d’une large panoplie de véhicules ; 4×4, quad, voitures banalisées, fourgonnettes … Et disposent de tout un dispositif de matériel de surveillance : peu avant minuit, deux gendarmes s’engagent à pied dans un sentier de randonnée, équipés de caméras thermiques.
Cette nuit-là, trois personnes seront refoulées vers l’Italie, mais le nombre est sans doute plus conséquent. Il est presque minuit, lorsque cinq policiers redescendent en fourgonnette vers la PAF et racontent à leur collègue : « on a traversé le Col et on les a choppé (…) ils étaient 15 », en déchargeant de leur coffre des sacs à dos et des tapis de sol.
Les observateurs ont réitéré une mission d’observation le lendemain matin, jusqu’à 15 h, au même endroit. Au cours de celle-ci, cinq personnes seront interpellées et conduites au poste de la PAF.
A écouter aussi : Podcast : immersion à la frontière franco-italienne avec les associations engagées pour le droit des personnes migrantes
Le constat d’une frontière militarisée
C’est cinq dernières, près de 14 000 personnes exilées ont foulé les sentiers transalpins à la frontière franco-italienne.
Déterminée, mais de manière non-avouée, à endiguer cette immigration, la police aux frontières a renforcé depuis 2015 sa surveillance et ses contrôles dans la zone.
Dans son rapport d’observation, Persona non grata, l’Anafé porte le constat d’une frontière « militarisée » où subviennent de multiples violations de droits. Ce rapport résulte de nombreuses missions d’observation et de recueil de témoignages de personnes migrantes, menés entre 2017 et 2018 à la frontière franco-italienne.
Lire le rapport : Persona non grata – Conséquences des politiques sécuritaires et migratoires à la frontière franco-italienne
Les personnes migrantes sont généralement refoulées de manière expéditive, après des interpellations liées à des pratiques de contrôles bien souvent discriminatoires, sans respect de leurs droits et sans avoir pu déposer une demande d’asile pour celles qui le souhaitent.
Certaines peuvent être enfermées pour des durées plus ou moins longues dans des locaux attenants au poste de la PAF de Montgenèvre. Ces locaux, dépourvus de cadre légal, sont présentés comme des zones dites de “mise à l’abri” par l’administration.
Elles y sont souvent détenues pendant plusieurs heures, sans eau ni nourriture, dans des locaux dégradés. Aucun mobilier ne leur permet de se reposer ou de dormir. Et la séparation entre hommes et femmes ou entre mineurs et majeurs n’est pas toujours respectée. A cela s’ajoute, des violences physiques et verbales, et des contrôles souvent discriminatoires.
Poste de la PAF de Montgenèvre. A gauche, la zone de “mise à l’abri” © Ophélie Chauvin /CCFD-Terre Solidaire En 2019, l’Anafé a saisi le Conseil d’Etat pour demander la fermeture définitive de ces zones de « mise à l’abri » que l’association caractérise comme des zones de « privation de liberté », et poursuit toujours ce combat.
Trente années de mobilisation, un combat qui se poursuit
Grâce aux informations recueillies, l’Anafé lutte contre les abus opérés aux frontières par une action multidimensionnelle.
L’association aide les personnes maintenues aux frontières à faire valoir leurs droits et effectue des suivis des personnes refoulées. Elle vise également à sensibiliser l’opinion publique sur ses pratiques abusives et illégales, et à renforcer son plaidoyer au niveau des instances nationales et internationales pour réformer les législations et les pratiques aux frontières.
De par ses trente années d’expertise aux frontières et son dévouement sur le terrain pour les personnes exilées, l’Anafé a reçu en 2019, la mention spéciale du Prix des Droits de l’Homme de la République Française.
Pour aller plus loin
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Jean-Marie : le sens du collectif
Jean-Marie Tessier a rejoint le CCFD-Terre solidaire il y a une dizaine d’années. Pleinement engagé dans l’accueil des familles migrantes et dans la campagne des territoires accueillants, à près de 75 ans, ses journées sont bien remplies. Car ce militant de Charente-Maritime, à la fibre sociale chevillée au corps, est aussi depuis 9 ans président d’une structure d’Insertion par l’activité économique.