Un label pour le tourisme équitable ?
Jean Luc Gantheil est président de l’association Croqu’nature, une des quatre associations de tourisme membre de la Plateforme du commerce équitable.
En dépit des nombreuses chartes apparues ces dernières années pour promouvoir un autre tourisme, les acteurs du tourisme équitable sont nombreux à souhaiter la création d’un label. Pourquoi ?
Un label permettrait de définir très précisément ce qu’est le tourisme équitable (ou solidaire ou responsable, selon le terme choisi) car les labels sont attribués sur la base du respect d’un cahier des charges sans équivoque. Exemple : à la place d’une condition floue du type » le tourisme équitable doit bénéficier au développement des populations locales » que l’on retrouve dans un certain nombre de chartes, on fera figurer le pourcentage des bénéfices qui devra être versé aux projets de développement. Attribué et contrôlé par un organisme habilité par l’état, un label est donc un indicateur fiable. En cas de litige, le touriste peut en référer à la justice. Ce n’est pas le cas avec une charte, lorsque celle ci en reste au stade des intentions, sans s’engager sur des points vérifiables. Un label éviterait que le terme touriste équitable soit galvaudé, récupéré dans une démarche purement marketing. L’éthique étant devenue un argument commercial comme un autre, il est urgent de clarifier le marché.
Qui devrait participer à la conception du cahier des charges ?
Là encore, on ne pourra se satisfaire d’un cahier des charges uniquement conçu par les voyagistes qu’il s’agisse des Tours Opérateurs ou des petites structures associatives. Un label ne saurait être le fruit d’une équipe de travail à la fois juge et partie. Au côté des voyagistes du Nord et du Sud, il faut donc inviter les ministères concernés, des associations de consommateurs, et bien sûr, des représentants des populations du Sud via des délégations nationales et régionales élues. Les populations du Sud sont de plus en plus actives dans leur demande de participation à la conception des offres touristiques.
Sur quel point le consensus devrait être le plus difficile à trouver ?
Sur tout ce qui touche la transparence financière à toutes les étapes du processus.
Or c’est un enjeu considérable pour améliorer les conditions de vie des personnes employées localement.
Les législations nationales ne font-elles pas également obstacle aux exigences d’un mieux être social ?
Non, même s’il n’y a pas toujours de salaire minimum fixé, il existe, dans tous les pays, des systèmes de sécurité sociale et des caisses de retraite auxquels l’employeur devrait cotiser. Mais la multiplication des intermédiaires dans les filières touristiques nuit beaucoup à la transparence financière.
Dans quel domaine, il sera aisé selon vous de trouver un terrain d’entente ?
Dans le domaine environnemental. Celui de l’utilisation des énergies renouvelables, du recyclage des déchets etc. Certes le tourisme de masse reste incompatible avec la fragilité de certains écosystèmes, mais les TO qui se dédient à la randonnée en petits groupes ont déjà bien avancé sur ce volet.
Comme le souligne Françoise El Alaoui dans son mémoire, le tourisme équitable n’est pas un produit comme un autre. Car « ce qu’il faudrait labelliser, c’est non seulement le produit touristique – défi déjà difficile à relever – mais aussi le touriste, pour son comportement vis à vis du produit (patrimoine, environnement, populations) « .
Il faudrait sans doute inclure une charte du voyageur. Mais que faire si un touriste se dédie ? S’il prend quelqu’un en photo sans lui en demander l’autorisation ? On ne peut l’exclure du groupe. Le problème est difficilement soluble. On ne peut que le prévenir
Avez-vous bon espoir que ce label voit prochainement le jour ?
Oui, parce que bon nombre des acteurs du tourisme équitable sont déterminés à ce que les choses avancent et parce les consommateurs sont de plus en plus nombreux à exiger la transparence.
En l’absence d’un label, quelles sont les précautions à prendre pour se garantir, avant de partir, d’une désillusion sur place ?
Vérifier que le voyagiste fait état d’engagement précis, aisément vérifiables. Généralement, c’est plus facile avec les structures associatives parce qu’elles ont un devoir de transparence vis-à-vis de leurs adhérents.
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