Une épargne au service du développement

Publié le 12.11.2013

Et si la finance devenait un instrument pour mettre l’épargne au service du bien commun au lieu de se focaliser sur la seule recherche du profit ? Tel est l’objectif de la finance solidaire, qui cherche à promouvoir un modèle alternatif. Une vision qui séduit de plus en plus d’épargnants.


Partie de l’intuition d’une poignée de francs-tireurs, la finance solidaire, sous ses différentes formes (voir ci-dessous), a aujourd’hui le vent en poupe dans une économie déboussolée où les institutions financières semblent plus enclines à entretenir la spéculation qu’à appuyer l’économie réelle.

« Dans ce monde virtuel où il n’y a plus de lien entre l’épargne collectée et son utilisation, du fait de la multiplication des intermédiaires et du manque de transparence, il s’agit de donner aux citoyens la capacité de choisir eux-mêmes la destination de leurs économies, observe Pascal Glemain, enseignant à l’université de Nantes et spécialiste de ce sujet. Nombre d’épargnants cherchent à recréer ce lien perdu pour faciliter le développement de projets porteurs de sens, de l’accès à l’emploi ou au logement à la lutte contre la pauvreté dans les pays du Sud en passant par la création d’activités liées à la protection de l’environnement. » En privilégiant ce type de démarches, les épargnants choisissent de fait le profil des destinataires : des personnes physiques ou des associations, qui, faute de fonds propres ou de garanties suffisantes, n’intéressent pas les banques classiques, d’autant que le retour sur investissement à court terme est faible.

Interrogeant la finance classique sur ses finalités, la finance solidaire pose par ailleurs la question de son fonctionnement : compte tenu de la nature des projets aidés, inutile en effet d’espérer une forte plus-value. Les épargnants l’ont d’ailleurs anticipé : « En acceptant des taux de rémunération inférieurs à ceux du marché, ils renoncent à une partie des fruits de leur épargne dans la seule volonté d’aider les autres dans la durée. Dans ces démarches exigeantes, plus proches de la finance informelle – le grand-père qui aide son petits-fils en lui donnant une partie de ses économies – que de la finance classique, le partenariat joue un rôle fondamental. Il ne peut d’ailleurs y avoir de finance solidaire sans cet accompagnement des porteurs de projet dans la durée, ajoute Pawel Dembiski, économiste, chercheur à l’université de Genève. La finance solidaire met notamment en évidence le fait qu’on ne peut pas revendre ses créances sur les marchés cinq minutes après avoir décidé d’investir, sans compromettre les projets soutenus. Elle pointe aussi l’obligation de séparer l’épargne nécessaire, celle qui finance l’économie réelle, de l’épargne d’excédent, que l’on peut chercher à mieux valoriser en recourant aux marchés financiers. »

Reste que cette finance solidaire, en dépit de l’intérêt croissant qu’elle suscite, a du mal à promouvoir un modèle alternatif. « Si elle permet d’améliorer les conditions de vie des plus démunis, la finance solidaire a rarement permis de les faire sortir durablement de la pauvreté », pointe Pawel Dembiski.

L’idée est pourtant séduisante : en remboursant les petites sommes empruntées sur une courte période pour l’achat de matériels ou pour se constituer un fonds de commerce afin de lancer ou de développer leurs activités, les bénéficiaires réintroduisent en effet des liquidités qui vont permettre de soutenir de nouveaux projets. Or, face à la multiplication des demandes, les institutions de microfinance sont devenues plus sélectives, préférant les projets les plus solides. « Les épargnants comme les institutions de microfinance sont pris entre deux logiques : sécuriser l’épargne ou faire de la finance solidaire un réel levier de lutte contre l’exclusion et la pauvreté. La question de la rémunération de cette épargne est aujourd’hui le point clé sur lequel il faut réfléchir », poursuit Pawel Dembiski, plaidant pour un retour aux fondamentaux.

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